Page images
PDF
EPUB

MEMOIRES

D'ETAT

E T

MILITAIRES

DU REGNE DE LOUIS XIV.

TOR LIBRA

NEW-YORK

1

SOMMAIRE.

1. EXPÉDITIONS militaires depuis 1692, jus qu'à 1697. II. Bataille de Nerwinde. III. Mar che du Maréchal de Lorges devant le prince de Baden. IV. Guerre en Espagne, ét bataille du Ter en Catalogne. V. Guerre en Flandre. VI. Mot du prince d'Orange après la prise de Namur. VII. Négociation armée avec la Savoie. VIII. Paix avec la Savoie, et mariage d'une

princesse de Piémont avec M. le duc de Bour

gogne. IX. Siége et prise de Barceloné.

1.

Expéditions militaires depuis 1692, jusqu'à 1697.

Le Roi essuya pendant le cours du siége de

E

Namur, le plus cruel revers. Il avoit en mer une armée navale commandée par le célebre Tourville, vice - amiral, et les Anglois une autre jointe aux Hollandois, presque du double supérieure: elles étoient dans la Manche, et le Roi d'Angleterre sur les côtes de Normandie prêt à passer en Angleterre suivant le succès. Il compta si parfaitement sur ses intelligences avec la plupart des chefs anglois, qu'il persuada au Roi de faire donner bataille, qu'il ne crut pouvoir être douteuse par la défection certaine de plus de la moitié des vaisseaux anglois pendant le combat. Tourville si renommé pour sa valeur et sa capacité, représenta par deux courriers, au Roi, l'extrême danger de se fier aux intelligences du Roi d'Angleterre, si souvent trompeuses,

la prodigieuse supériorité des ennemis, et le défaut de port et de tout lieu de retraite, si la victoire demeuroit aux Anglois, qui brûleroient sa flotte, et perdroient le reste de la marine du Roi. Ses représentations furent inutiles, il eut ordre de combattre, soit qu'il fût fort, soit qu'il fût foible, et quelque part que ce fût.

Il obéit; il fit des prodiges que les seconds et les subalternes imiterent; mais pas un vaisseau ennemi ne mollit et ne tourna. Tourville fut accablé du nombre; et quoiqu'il sauvât plus de navires qu'on ne pouvoit espérer, presque tous furent perdus et brûlés après le combat de la Hogue. Le Roi d'Angleterre, de dessus le bord de la mer, voyoit ce combat; il fut accusé d'avoir laissé échapper de la partialité en faveur de sa nation, quoiqu'aucun d'elle ne lui eût tenu les paroles sur lesquelles il avoit emporté de faire donner le combat.

« PreviousContinue »