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L'intérieur de l'église est beaucoup moins intéressant que l'extérieur; pourtant il nous faut citer d'abord la porte qui communique du choeur au clocher, dont le cintre est formé de claveaux alternativement en pierre et en brique, comme dans les constructions romaines.

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Si la tour a été appliquée après coup contre le chœur, comme quelques observateurs l'ont pensé, cette porte devait servir d'abord d'entrée au chœur, et c'est la place qu'occupent un grand nombre de portes dans nos églises des XI, XII° et XIIIe siècles.

A l'extrémité de la nef, dans le mur du nord, par conséquent du côté de l'évangile, on remarque une arcade à plein-cintre et sans ornements qui recouvre une pierre tombale sans inscription, incrustée dans le mur. Ce tombeau arqué doit être très-ancien, et j'avais obtenu de feu Mgr Robin, évêque de Bayeux, la permission de le fouiller; mais j'ai craint de briser la pierre tumulaire, qui m'a paru

engagée dans la maçonnerie, et j'ai toujours remis cette opération, parce qu'elle demande certaines précautions et des ouvriers soigneux que je n'avais pas sous la main à Vieux-Pont quand j'y suis allé dans l'intention de faire la fouille.

Quillie-le-Vicomte. L'église d'Ouillie-le-Vicomte, dit M. Ch. Vasseur, est située dans la vallée, sur les bords d'un ruisseau, non loin de la rivière de Touques. Elle fut assise sur l'ancien chemin de Pont-l'Évêque, que l'on a quelques raisons de regarder comme étant d'origine romaine, et dont le chemin de fer a usurpé l'emplacement dans un grand nombre d'endroits.

Le plan, publié dans la Statistique monumentale du Calvados, t. V, p. 3, fait voir sa disposition et ses proportions : la nef mesure 51 pieds sur 28 dans œuvre; le chœur, y compris l'arc triomphal, 25 pieds sur 18. Cependant, si l'on distrait de ce dernier l'arc triomphal et le grand bandeau ou arc de décharge qui l'accompagne, on trouvera que la travée du chœur forme un carré presque parfait. Il est bon de faire cette remarque, car il en est ainsi dans toutes les églises romanes réputées les plus anciennes.

Le mur du nord de la nef est reconstruit à neuf. Il avait perdu son aplomb par suite de la destruction des poutres de la charpente apparente. C'est le résultat auquel il faut toujours s'attendre en pareil cas; nous en trouvons bien d'autres exemples. Le portail, le mur du midi et le chœur tout entier ont conservé leur appareil primitif: c'est un blocage irrégulier; cependant on retrouve, dans la disposition des moellons, des réminiscences du petit appareil cubique des Romains; quelques parties sont disposées en arêtes de poisson; mais ce qu'il y a de bien caractéristique, ce sont les nombreuses briques longues que l'on trouve

dans tout cet appareil. Au portail et au mur latéral de la nef, leur emploi n'est pas régulier; mais, au chœur, c'est par lignes horizontales qu'elles sont disposées, comme dans les monuments romains (Voir la page suivante). Si l'on veut supposer, contre l'antiquité de l'église, que ce sont des briques arrachées à quelque ruine du voisinage, il faut convenir néanmoins qu'à cette époque les ouvriers n'avaient point encore perdu les notions de construction introduites par les conquérants de la Gaule et que l'on voit continuées dans les grands monuments carlovingiens. Toutes les ouvertures sont modernes, excepté une petite fenêtre. pratiquée dans le contrefort central du chevet, qui date de la construction primitive. La démolition de la sacristie, qui obstruait cette partie, a permis à M. Bouet d'en faire un dessin qui montre le système bien caractérisé de la construction (Voir la page suivante).

Comme indice de haute antiquité, on peut faire remarquer aussi le peu d'inclinaison des toits. On suit encore sur les pignons les tracés de leurs triangles obtus. C'est une disposition évidemment originaire du Midi, qui était une cause de destruction dans nos pays dont les pluies et les neiges abondantes requièrent des toitures plus rapides. Aussi ontelles été exhaussées dans beaucoup d'églises vers le XVI® siècle peut-être.

Un porche considérable, de forme irrégulière, protége la porte d'entrée, pratiquée dans le pignon occidental au XVIe siècle seulement. Auparavant elle s'ouvrait à l'extrémité du mur du sud on distingue encore dans la maçonnerie une partie des claveaux.

Une arcade romane à plein-cintre fait communiquer le chœur avec la nef. Il serait intéressant de constater si ses claveaux sont formés de briques comme celles qui entrent dans la construction à l'extérieur; mais l'enduit empêche

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de faire cette constatation. Derrière se trouve un second arc, plus large et plus élevé, dont on ne s'explique pas tout d'abord la raison d'être : il est probable qu'il servait d'appui au porte-cloche qui a dû surmonter le gable. Le clocher, en charpente, se trouve encore présentement posé sur ce point, sans doute en souvenir de cette disposition primitive; le chœur est couvert par une voûte d'arête en maçonnerie. Cette voûte fait partie de la construction originaire. C'est le seul exemple que l'on puisse citer dans le diocèse.

St-Martin-de-la-Lieue.-L'église de St-Martin-de-la-Lieuc est sur le bord de la route de Fervaques; le chœur, assez

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PLAN DE L'ÉGLISE DE SAINT-MARTIN-DE-LA-LIEUE.

court, est en retrait sur la nef. Cette église a conservé son

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