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Le dessin, que nous donnons ici, fait voir de chaque côté de la base des pilastres un petit caniveau en mortier parfaitement conservé, qui avait pour but de recueillir les eaux qui pouvaient suinter le long des murs, pour les conduire vers un canal souterrain qui les rejetait au dehors en passant sous un énorme bloc d'apparence romaine. Auparavant déjà, en déblayant la crypte, on avait rencontré sans y attacher d'importance une aire de ciment très-dur qui en recouvrait le sol et se reliait à ce système primitif d'assainissement; mais elle avait été malheureusement détruite, et lors de ma visite à Jouarre on la remplaçait par un dallage.

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M. de Caumont ajoute que M. Bouet, ayant été chargé par la Société française d'Archéologie de se rendre à Jouarre, pour étudier avec M. Thiercelin les faits produits par les fouilles, aura plus tard d'autres dessius à publier, quand M. Thiercelin aura rédigé ses notes; la communication qu'il vient de faire a pour but d'informer provisoirement la Compagnie du résultat des travaux faits en 1870.

M. de Caumont annonce que M. Boyer, de Jouarre, qui s'occupe d'archéologie et qui a suivi les fouilles, réside aujourd'hui à Caen pendant l'occupation de Jouarre par les Allemands, et qu'il porte un grand intérêt à ces ruines.

On passe à l'époque carlovingienne.

L'époque mérovingienne, ainsi que nous l'avons constaté, ne nous a laissé, dit M. Pannier, que de faibles vestiges. L'histoire locale est à peu près muette. Les seules monnaies de cette époque que nous puissions signaler sont deux pièces en or portant pour légende: LIXVVIOS, et au revers: DVTTA MONETA. L'une de ces monnaies, dont le profil est à demi-barbare, fait partie de la collection de M. le vicomte d'Amécourt. L'autre pièce, tout à fait semblable, figure

dans le catalogue des monnaies françaises de l'ancienne collection Rousseau, publié en 1861.

Sous le règne de Charles le Chauve (840-877), le nombre des ateliers monétaires s'élevait à 120 environ. Les deniers d'argent frappés à Lisieux portent : LIXOVIVS CIV.

La collection Rousseau offrait un très-beau denier d'argent, également au type de Charles le Chauve, avec la légende: LICSOVINI CIVIT. Nous ignorons entre quelles mains se trouve, aujourd'hui, cette pièce intéressante.

Jusqu'au temps des incursions des Normands (IXe siècle), les événements, qui se sont accomplis dans notre contrée, présentent un faible intérêt et les monuments qui sont encore debout sont peu nombreux. L'église de Vieux-Ponten-Auge et celle d'Ouillie-le-Vicomte pourraient appartenir à cette époque, encore cela est-il douteux. M. de Caumont les a décrites il y a longtemps dans sa Statistique monumentale et dans son Abécédaire d'archéologie.

NOTE DE M. DE CAUMONT.

Trois ou quatre églises des arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Évêque pourraient être antérieures à l'an 1000, aussi bien que quelques rares pans de murs noyés dans des constructions plus récentes. Ces églises sont celles de Vieux-Pont-en-Auge, de St-Martin-de-la-Lieue, d'Ouilliele-Vicomte, peut-être celle de Hottot-en-Auge.

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Vieux-Pont. L'église de Vieux-Pont-en-Auge présente un des exemples, si rares aujourd'hui, de cette maçonnerie en petit appareil avec chaînes de briques qui était partout en usage sous la domination romaine.

Les parties les plus remarquables sont le mur méridional de la nef et la façade; mais il faut distinguer dans celle-ci des reprises faites à plusieurs époques: la porte pourrait

avoir été reconstruite au XIe siècle; du côté gauche de cette porte, l'absence de cordons en briques dans la maçonnerie annonce peut-être une reprise; la niche pratiquée au-dessus de la porte doit être du XVIe siècle, et le gable a été exhaussé pour donner au toit plus d'inclinaison.

Dans le mur méridional, on voit encore les restes des fenêtres primitives; elles étaient étroites, cintrées, sans colonnes, et bordées d'un triple cordon de briques (1). Trois assises de briques forment les cordons horizontaux placés, de distance en distance, dans la maçonnerie de petit appareil; ces briques ont environ 15 pouces de longueur et sont séparées par une couche de mortier aussi épaisse que la brique elle-même.

La nef forme un parallelogramme d'environ 14 mètres sur 8 hors œuvre; le chœur, plus étroit, peut avoir 8 mètres de longueur sur 5 de largeur.

Une tour est accolée au chœur, du côté du sud; la partie basse paraît presque du même temps que le mur qui l'avoisine; mais les briques employées dans les deux cordons que l'on y voit sont un peu plus courtes que les autres; quelques-unes ne sont que des morceaux retaillés. Ce premier étage de la tour, qu'il soit postérieur ou con. temporain des murs du chœur, est remarquable par son appareil; les pièces qui garnissent les angles sont plus grandes que celles du milieu et à larges joints; elles encadrent ainsi le revêtement du centre, dont les pièces sont beaucoup plus petites; nous avons vu la même disposition dans l'appareil des églises les plus anciennes de l'Anjou. Les étages supérieurs sont moins anciens que la partie inférieure.

(1) Il est fâcheux que, pour se procurer plus de jour, on ait détruit presque toutes ces fenêtres pour leur substituer des ouvertures informes.

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C'est sur le côté de la partie basse de cette tour, exposé à l'est, que nous avons observé une inscription dont voici

VIIDFEUR OBIT
RANOLDVS.
ILLE FVITNATVS
DEGESTA FRAN
CORMORANT

MA EIVS REVI
ESCAT IN PACE.

AMILLE FEGISTAN
ECCLESIA

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le fac-simile et qui indique un certain Renaud comme auteur de l'édifice; elle est ainsi conçue :

VII. ID. FEBR. OBIIT

RANOLDVS.

ILLE FVIT NATVS

DE GESTA FRAN

CORVM. ANI

MA EIVS REQVI

ESCAT IN PACE.

AM. ILLE FEC. ISTAN

ECCLESIA.

Cette inscription, incrustée ainsi dans le revêtement, ne doit pas être à sa place primitive; mais on ne sait pas où elle pouvait se trouver d'abord,

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