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de cette grande entreprise. Une partie des murailles, la plus riche en inscriptions et en bas-reliefs, a été conservée comme spécimen. Il en est de même de deux courtines et de deux tours cylindriques, avec appareil en bossage, du XIII° siècle, et qui reposent sur une base polygonale. Les deux portes historiques du XVIe siècle, désignées sous les noms de porte Rey ou de Béziers et porte du connétable ou de Perpignan, seront respectées et se trouveront au centre d'une vaste place. Il est bien constaté que, dans tout le bourg de la ville, les murailles élevées par François Ier, Henri IV et Louis XIII furent construites en avant et à quelques mètres seulement des remparts du moyen-âge.

Nous continuons à recueillir avec tout le soin possible, les inscriptions et les bas-reliefs romains provenant des démolitions. Les entrepreneurs employant la poudre afin de hâter la besogne, plusieurs pierres intéressantes sont malheureusement détruites chaque jour par suite de l'explosion des mines. Quelques inscriptions inédites ont encore été découvertes dans l'intérieur des constructions; voici les mieux conservées :

D. M

CAIDI

AE IVLIVS EVTY

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CONIVGI

KARISSIMAE

FECIT

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D. M

GEMINIA

CHRYSIDIA

. . XII. AN. XIII

CHRESTA

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Un fait digne de remarque, c'est que l'on n'observe jamais sur les monuments funèbres de Narbonne la formule sub ascia, tandis que tous présentent, dans la partie supérieure, une grande rosace de forme variée. Cet ornement ne saurait être considéré comme un simple motif de décoration; tout semble indiquer au contraire qu'il avait une valeur symbolique dont le sens mystique est encore inconnu.

Les fouilles exécutées pendant le mois de novembre n'ont donné que des résultats assez insignifiants, je me bornerai à citer un manche d'épée en os, probablement mérovingien ; un petit gnomon, de l'époque romaine, en marbre blanc, intact; des fragments de vases en terre cuite vernie avec ornements polychromes, ou bien à reflets rouges métalliques des anciennes fabriques de Narbonne antérieures au XVI siècle; quelques médailles frustes du Haut-Empire et une tête d'empereur en marbre blanc, mutilée, plus grande que

nature.

Il me paraît de plus en plus démontré que les inscriptions, les débris d'architecture et les bas-reliefs romains qui figuraient en si grande quantité dans la partie des remparts de Narbonne construite dans le XVI° siècle, ne provenaient en aucune manière d'édifices que l'on disait avoir été détruits à cette époque et détruits dans le but d'élever de nouvelles murailles. Ces débris avaient probablement figuré déjà dans

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les fortifications élevées pendant le IV ou le Ve siècle. C'est à cette époque que les monuments romains (bains, cirque, arènes, portes, arc-de-triomphe, temples, etc.) furent détruits. Les ruines des tours et des murailles qui entouraient le temple de l'ancien capitole étaient seules debout pendant le moyen-âge. Les archives de la ville et de l'archevêché n'en mentionnent pas d'autres. Il convient encore d'observer que toutes les inscriptions qui figuraient dans les remparts construits sous le règne de François Ier provenaient de monuments funèbres; or, il est impossible d'admettre que les tombeaux édifiés de chaque côté des voies romaines fussent encore debout pendant le XVIe siècle. Ces monuments avaient été détruits à une époque très-reculée, et les matériaux provenant de leur démolition durent être employés pour construire les murailles du Ve siècle.

M. Tournal adresse également une note sur le capitole de Narbonne.

Le capitole de Narbonne.

Ainsi que nous avons eu déjà occasion de le dire en parlant de la démolition des remparts de Narbonne, l'ancien capitole de cette ville, désigné pendant tout le moyen-âge sous le nom de cap dueil, était le seul monument de l'époque romaine qui fût encore debout à cette époque. Il était situé dans la partie nord de la cité, sur une petite éminence, occupée maintenant par la caserne St-Bernard (ancien couvent des Bernardines), par la butte des trois moulins et par plusieurs maisons particulières, non loin de la porte de Béziers, autrefois désignée sous le nom de Porte Royale. Les archives de la mairie et de l'hôtel-de-ville constatent que, dans le XIII et dans le XIV siècle, le temple qui devait

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occuper la partie centrale était détruit et qu'il n'existait à cette époque qu'une partie des tours et des murailles formant la citadelle, c'est-à-dire l'enceinte extérieure du temple. Ces tours étaient carrées et l'une d'elles avait été dédiée à saint Just et à saint Pasteur.

En 1275, le capitole avec ses patis, ses bastions et ses appartenances fut vendu pour dix mille sols melgoriens, et plus tard pour une somme moindre, à un archevêque de Narbonne. En 1277, Guillaume del Capitoul et le vicomte Aymeric se disputaient la propriété de ces ruines qui devaient être considérées comme une carrière de pierre, puisqu'un siècle après, le nommé Bistan, qui en était devenu propriétaire, fit construire une vaste maison à l'aide des matériaux provenant de la destruction des murailles.

Les monuments qui ornaient les grandes villes de la Gaule narbonnaise, ayant presque toujours été construits par des architectes romains, et n'étant pour ainsi dire qu'un reflet de ceux de la métropole, il est permis de supposer que le capitole de Narbonne et le capitole de Rome devaient présenter une grande analogie. La pensée qui avait présidé à l'érection de ce dernier était pour ainsi dire une manifestation de la fusion des trois races que Tarquin voulait mettre sur un pied d'égalité. C'est dans ce but qu'il avait été consacré au Jupiter Latin, à la Minerve Étrusque et à la Junon Sabine. Ce monument avait donc trois sanctuaires consacrés à ces trois principales divinités de la religion officielle. La nef centrale était consacrée à Jupiter, celle de droite à Minerve, celle de gauche à Junon. Plusieurs autres divinités d'un ordre inférieur y avaient été admises dans des sanctuaires particuliers, de même qu'il existe dans nos églises des chapelles consacrées à divers saints. Trois flamines étaient préposés à l'exercice de ce triple culte. Les parois du temple servaient à fixer les tables des lois et les étalons des mesures. Les bustes et

les statues des grands hommes étaient placés sous les portiques qui entouraient le monument. Ajoutons que c'est dans l'enceinte du capitole que se réunissait le sénat.

Il est probable que, à part quelques légères modifications, notre capitole devait présenter des dispositions analogues, qu'il dut servir de résidence aux préteurs de la colonie, et que c'est là également que devait se réunir la curie. Plus tard, les rois Visigoths et les chefs de l'armée des Maures habitèrent également le capitole. Tout fait présumer que l'ancien oppidum gaulois avait occupé la même position, et que cet oppidum était entouré, comme Taragonne et comme les anciennes villes de l'Étrurie, de murailles formées de grands blocs de pierre réunis sans ciment. Les nombreuses médailles ibériennes et phéniciennes que l'on découvre chaque jour à Narbonne ne laissent aucun doute sur les relations commerciales qui, longtemps avant la conquête romaine, devaient exister entre Narbonne, les îles Baléares et les colonies grecques de Roses, d'Emporium, etc.

En 1344, l'archevêque Gaubert de Valle eut la pensée de faire abattre les parties du capitole de Narbonne qui étaient encore debout pour réparer un couvent qui servait de refuge aux filles de mauvaise vie; les consuls s'opposèrent à cet acte de vandalisme et leur opposition fut secondée par le viguier de Béziers. L'archevêque en appela au sénéchal de Carcassonne et à Philippe de Valois qui autorisa la démolition. Gaubert de Valle étant mort en 1346, la destruction du capitole n'eut lieu qu'en 1451, sous l'épiscopat de Jean de Harcourt. Ce prélat employa les matériaux pour édifier l'église des Carmélites et une partie des remparts. Il convient d'ajouter que des fouilles exécutées à diverses époques, dans l'intérieur de la caserne St-Bernard et dans les environs, ont mis à jour de très-beaux débris d'architecture en marbre blanc, et que ces restes de l'ancien temple du capitole font partie des collections du musée.

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