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du temps. Ces animaux n'ont rien qui ressemble aux monstres des bestiaires du moyen-âge. Ils sont, au contraire, d'un excellent style, bien proportionnés et d'une grande vérité d'expression.

<< Le travail des sujets qui occupent le centre des carrés ne ressemble pas à celui du reste du pavé. Les cubes, infiniment plus petits, ont offert à l'artiste des nuances assez multipliées pour qu'il ait pu arriver à une grande finesse de détails. »

Ceci nous montre, dit M. de Caumont, comment on traitait les pavés en mosaïques.

Il présente ensuite un certain nombre d'autres dessins de mosaïques trouvées sur différents points de la France.

Les habitants de Lisieux présents à la séance déclarent qu'on n'a pas recueilli de mosaïques remarquables, mais que très-probablement on en a trouvé qui ont été brisées et dispersées; il est impossible que Lisieux, dont les monuments ont été plaqués de marbre et de porphyre, n'ait pas eu de pavés en mosaïque.

M. d'Hacqueville donne des détails sur une découverte importante faite dans les fondations de l'ancienne gendarmerie, et sur un beau vase d'argent qui y fut trouvé.

M. de Caumont appelle l'attention des archéologues lcxoviens sur la rareté singulière des vestiges de ville romaines signalés dans leur contrée.

Tandis que les restes de ce genre se retrouvent souvent sur tous les points du sol français, les arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Évêque n'en fournissent qu'un trèspetit nombre, et généralement de minime importance. L'absence de bons matériaux n'explique pas un pareil fait.

M. d'Hacqueville signale la découverte de substructions romaines à Coartonne-la-Ville.

M. de Glanville indique plusieurs vestiges de ce genre reconnus dans l'arrondissement de Pont-l'Évêque.

M. le Président communique des notes envoyées au Congrès relatives à Narbonne.

Le Congrès archéologique de France s'est tenu à Narbonne en 1868; on se rappelle avec quel intérêt cette ville fut visitée et quelles recommandations furent faites par le Congrès (Voir le vol. du Compte-rendu) relativement à la conservation des précieux bas-reliefs gallo-romains et des nombreuses inscriptions placées dans les murs d'enceinte sur le point d'être démolis. M. Tournal, inspecteur de la Société et conservateur des musées, voulut bien, avec les membres de la Commission archéologique de la ville, prendre l'engagement de donner ses soins au sauvetage de ces débris précieux. Il a tenu parole, et voici une lettre qu'il écrit au Congrès à ce sujet.

NOTE DE M. TOURNAL.

L'Administration municipale et la Société archéologique de Narbonne se sont conformées aux vœux émis par le Congrès archéologique de France (session de 1868).

Une partie des anciennes murailles de Narbonne restera debout; on s'est borné à établir une communication facile entre l'intérieur et l'extérieur de la ville. Je crois vous avoir déjà annoncé que les curieuses portes du XVIe siècle, désignées sous les noms de porte de Béziers et porte de Perpignan, seraient conservées à titre de monuments histo

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riques. La courtine et le bastion Montmorency sont en voie de démolition. Il en est de même du bastion casematé et du bastion de la Porte Neuve, constructions relativement modernes et dépourvues d'intérêt.

Nous avons déjà réuni, dans l'ancienne église des Bénédictins, que l'administration de la guerre a bien voulu mettre à notre disposition, une centaine d'inscriptions et de bas-reliefs antiques, L'enlèvement, le transport et l'installation de ces lourdes pierres a nécessité de grandes dépenses.

La destruction de la partie sud des murailles de la ville a mis à jour une partie des fortifications du XIIIe siècle, qui étaient pour ainsi dire en contact avec les remparts du XVI. On a même découvert, près de l'église de Lamourguier et en arrière des fortifications du XIIIe siècle, les restes d'une muraille beaucoup plus ancienne, et qui remonte peut-être au Vo ou VIe siècle. Il existe donc sur ce point trois enceintes situées à quelques mètres seulement en arrière les unes des autres, et dont la construction successive doit avoir été motivée par l'invention des nouvelles armes et les progrès accomplis dans la stratégie.

Un de nos collègues, M. Larraye, a soigneusement relevé le plan de ces divers travaux. Ces plans ont été déposés dans les archives de la Commission.

Nous n'avons trouvé nulle part des traces des murailles romaines; elles sont probablement situées à un niveau beaucoup plus bas.

Trois puits de construction romaine ont été fouillés jusqu'à la base. Ces fouilles n'ont donné que des résultats insignifiants.

Voici la liste des principaux objets découverts pendant les travaux de démolition des remparts de la ville. Il convient d'observer que ces travaux ont été exécutés dans un sol

plusieurs fois remanié et renfermant, sur plusieurs points, des objets de la fin du XVI° siècle.

Grands et beaux fragments de vases en terre cuite rouge, lustrée, dite de Samos, avec figures obscènes, athlètes, rinceaux, animaux de diverses espèces et marques de fabrique.

Vases en terre cuite du même genre, mais recouverts d'une engobe jaune jaspée de rouge.

Vases en terre rouge lustrée, de la décadence, avec figures et ornements de style très-barbare. Un de ces fragments qu'il serait, je crois, intéressant de reproduire, et dont vous trouverez ci-joint un estampage.

Lampes en terre cuite, à un et à deux becs. On observe sur une la marque suivante: CLo meli.

Fragments de vases en terre cuite grise, recouverts d'une espèce de vernis noir, brillant, obtenu probablement à l'aide de la plombagine. Les ornements, très-simples, me font supposer qu'ils sont de fabrique mérovingienne. On le trouve cependant associés à des objets de la plus belle époque.

Débris de vases en terre cuite grossière, des anciennes fabriques de Narbonne antérieures au XVI siècle. Ils sont recouverts d'un vernis plombifère et ornés de dessins bleus ou polychromes. Un de ces fragments offre une imitation grossière d'inscription arabe, exécutée probablement dans un simple but d'ornementation, par des ouvriers qui n'avaient pas la moindre connaissance de cette langue. Nous avons recueilli également plusieurs fragments de vases, exécutés incontestablement dans les ruines de Narbonne antérieures au XVIe siècle, et qui offrent des ornements rouges à reflets métalliques très-éclatants (obra dorada des Espagnols).

Amphores mutilées, renfermant des squelettes d'enfants.

Ces vases étaient couchés et recouverts à l'aide d'un fragment de brique à rebords.

Meules en lave du Vésuve bien caractérisée et en lave scorifiée des anciens volcans d'Agde.

Chapiteau en marbre blanc, de 1 mètre de large, ayant probablement fait partie du temple qui était renfermé dans les murailles du capitole.

Bifrons en marbre blanc (Bacchus et Bacchante).

Tête impériale en marbre grec, plus grande que nature, mutilée, indéterminable.

Trois inscriptions funèbres gallo-romaines inédites, mais dépourvues d'intérêt.

Plusieurs médailles du Haut-Empire, en général mal conservées.

Aiguilles, épingles, stylets, cure-oreilles, grains de collier, etc., en os et en ivoire, etc.

Un très-grand nombre de sifflets en os, à un et à deux trous. Est-ce bien des sifflets? On en a trouvé en si grande quantité qu'il est permis d'en douter.

Clous à tige carrée et clefs en bronze.

Console en marbre blanc, ayant probablement servi de support à une table à trois pieds (Delphica mensa).

Petit autel en pierre, anépigraphe (arula), avec large jaculus noirci par la fumée, pour les offrandes et les libations.

Cylindre cannelé, légèrement conique, en pierre, ayant probablement servi de roulette pour un potier.

Contrepoids en pierre calcaire de forme sphérique. Plaques de carrelage et de revêtement, en porphyre rouge, porphyre vert et marbres de diverses espèces.

La démolition de nos remparts s'exécute en ce moment sur un très-grand développement dans la partie nord et nordouest. Rien n'a été changé aux résolutions prises dès le début

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