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terre cuite, provenant de fouilles plus récentes entreprises en février, avril et mai 1866, dans le Grand-Jardin, par MM. Cordier et Augustin Delaporte, sous l'habile direction de ce dernier, au mois de novembre de la même année, dans le jardin de M. Larsonnier, fabricant de fleurs artificielles, enfin, du 13 au 22 août 1868, dans le Grand-Jardin, attestent l'importance de la fabrique lexovienne à l'époque galloromaine. Parmi ces vases, offrant les formes les plus variées et les plus gracieuses, on distinguait un assez grand nombre de statuettes ou figurines en terre blanche très-fine, représentant la Vénus anadyomène et la déesse Lucine; divers jouets d'enfant, également en terre blanche, représentant des poules et le fameux coq gaulois, symbole de la vigilance, qui est devenu, de nos jours, un emblême politique. Il nous est impossible de décrire, dans cette notice, tous les vases ou objets antiques en terre cuite qui font partie de ces découvertes, tous semblables à ceux qui ont été trouvés dans diverses localités gallo-romaines plus ou moins éloignées, et que M. de Caumont a décrits et figurés dans son Abécédaire d'archéologie (ère gallo-romaine); ils ont été l'objet de plusieurs notices insérées dans le Bulletin monumental et que l'on pourra consulter. Nous signalerons seulement les suivants :

1° Un grand vase en terre samienne, à bords relevés et couvert d'ornements en relief représentant, dans des médaillons circulaires, des amours ou des génies ailés, etc.

2° Un autre vase, également de grande dimension et en terre rouge, décoré de dessins simulant des draperies, ornement que l'on rencontre souvent dans la poterie de luxe des Romains.

3o Deux vases fort curieux en terre rouge vernissée, avec ornements tracés à la pointe.

Sur le plus grand de ces deux vases, dont nous avons

donné les dimensions, sont gravées en creux des quintefeuilles. La surface du plus petit de ces vases est ornée de trèfles et autres feuillages de fantaisie.

4° Un fragment de poterie rouge ayant fait partie d'un vasc de grande dimension, couvert de personnages en relief, représentant des danseurs et rappelant le sicinnium, danse grecque ou mimique, propre aux satyres, introduite dans le drame satyrique (Aristoph., Nub., 540) ou bien encore la danse gymnastique.

5o Un autre beau fragment de vase en terre rouge vernissée couvert d'ornements en relief. Ce morceau offre un grand médaillon circulaire représentant une déesse qui tient dans ses mains une corne d'abondance, et est décoré de compartiments quadrangulaires au centre desquels est représenté un homme jouant avec un chien. Entre les médaillons sont figurées des caryatides dont la tête supporte un vase.

6o Une belle coupe en terre dite de Samos, portant l'estampille du potier Genitoris et dont le diamètre est de 10 centimètres.

7° Un magnifique vase, également en terre rouge vernissée et de grande dimension, découvert depuis la publication de la notice de M. Delaporte sur les dernières fouilles dont nous avons parlé. Sur la panse de ce vase, qui mesure 56 centimètres de circonférence et 20 centimètres de hauteur, est représentée la déesse Léda, qui fut aimée de Jupiter.

N'oublions pas de signaler, parmi les nombreux fragments en terre samienne retirés de la rivière, près du pont de la Barre, un précieux morceau, orné de dessins en relief avec le nom LISOVI attestant peut-être que le potier qui avait façonné ce beau vase était originaire de notre cité.

Un assez grand nombre de vases provenant de toutes ces découvertes portent les noms de potiers romains ou galloromains déjà connus, tels que Severus, Frontinus Asiaticus.

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(Frontin l'Asiatique), dont nous avons retrouvé le nom sur deux vases en verre en forme de baril, qui attestent sa supériorité dans ces deux genres de produits. D'autres noms de potiers, tels que Coxaxtis, indiquent une origine gauloise. Voici des noms de potiers, que nous avons relevés avec soin :

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Les vases en terre commune ou du pays sont très-nombreux; nous nous contenterons de signaler ceux qui nous paraissent les moins communs ou dont la forme curieuse attire particulièrement les regards. Nous ne citerons que pour mémoire deux vases trouvés dans la cour des Buissonnets, en creusant les fondations d'un bâtiment dépendant du beau château moderne appartenant à Me Duchesne ; l'exécution grossière de ces vases, qui n'ont rien d'artistique, ne saurait fixer le point de départ de la fabrique lexovienne, dont l'origine est toute romaine.

Environ 150 statuettes ou figurines en terre blanche trèsfine, représentant des Vénus anadyomènes et des nourrices ou Lucines, allaitant un ou deux enfants, ont été trouvées dans le Grand-Jardin. Ces statuettes, dont quelques-unes sont intactes et font partie de la collection de M. Delaporte, sont composées de deux pièces soudées entre elles et parfaitement juxtaposées, comme toutes celles que M. de Caumont a décrites dans son Abécédaire et dans son Cours. On les rencontre en très-grand nombre dans toutes les cités gallo-romaines où le culte de Vénus était généralement ré

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pandu. Nous signalerons particulièrement trois curieux moulages en terre blanche, dont le Bulletin monumental offre un dessin. Ces moulages, comme les statuettes dont nous avons parlé, sont composés, à l'exception de la tête de la déesse qui surmonte l'encadrement, de gracieux dessins représentant des rosaces, des étoiles et autres ornements du même genre. Deux de ces figurines dont l'exécution, du reste, est assez grossière sont complètes; l'une des mains, posée horizontalement sur la poitrine, tient un rouleau. Nous signalerons encore une autre statuette de Vénus placée dans une niche ornée de rosaces et formant encadrement.

Les médailles romaines, dont la plus ancienne remonte à l'empereur Néron et les plus récentes à Tétricus et à Posthume, assignent les dates de toutes ces poteries. Mais nous ferons observer que le plus grand nombre des monnaies qui ont été, découvertes remonte à l'époque la plus brillante de l'Empire romain, celle des Antonins, qui favorisèrent les arts et protégèrent les artistes; c'est aussi l'époque la plus brillante et la plus riche de la céramique gallo-romaine, à laquelle se rapporte la découverte des nombreux produits que récelait notre sol. De nouvelles fouilles, habilement pratiquées, mettront sans doute à découvert de précieux et rares spécimens de la céramique lexovienne dont l'origine remonte au Ier siècle de l'ère chrétienne.

M. le Président adresse les remerciments du Congrès à M. Pannier pour son intéressant résumé relatif à la céramique gallo-romaine à Lisieux; il remercie ensuite M. Delaporte, membre de la Société, pour le dévouement qu'il a mis à continuer des fouilles dans le Grand-Jardin ; il présente quelques-uns des dessins photographiés de vases de

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différentes formes qu'il a bien voulu adresser à la Société française d'Archéologie, et il l'engage à continuer ses intéressantes explorations.

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