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ramistes lexoviens aux XVIe et XVIIe siècles, étant obligé de nous renfermer dans le cadre tracé par le programme de la Société française d'Archéologie. Nous dirons seulement qu'à cette époque rapprochée de nous la fabrique lexovienne avait acquis tout son développement; que ses produits remarquables, recherchés dans toute la Normandie et dans les provinces limitrophes, étaient comparés par l'abbé Dumoulin, curé de Menneval, près de Bernay, et auteur d'une histoire estimée de la Normandie, aux produits similaires de l'industrieuse Venise au temps de sa plus grande splendeur; qu'ils furent longtemps confondus de nos jours, par les brocanteurs et les amateurs, avec les magnifiques faïences émaillées de Bernard Palissy, le célèbre potier saintongeais; que le Prédauge était le centre d'une fabrique importante de poterie, qui s'étendait jusqu'à la limite orientale de la commune de Manerbe où se fabriquaient ces brillants épis émaillés qui couronnaient le faîte de tous nos manoirs normands et dont l'exposition lexovienne nous a offert, au mois d'août dernier, quelques beaux spécimens; enfin que cette fabrique, aujourd'hui bien dégénérée, comptait encore au commencement de ce siècle un grand nombre de fours en pleine activité.

Mais pour en revenir à la céramique gallo-romaine, qui fait l'objet de la question posée, rappelons les différentes fouilles qui ont été pratiquées dans la vallée de Touques, aut nord et au nord-est de notre ville.

La découverte de nombreux vases cinéraires faite en 1846, dans le Grand-Jardin, ancienne propriété des évêques de Lisieux, révéla, ainsi que nous l'avons dit, l'emplacement d'un vaste cimetière gallo-romain qui, d'après les médailles les plus anciennes recueillies, remonterait au Ier siècle de l'ère chrétienne. Les vases, pour la plupart en terre grise, qui ont été exhumés et déposés au musée de la Société des

Antiquaires de Normandie présentent peu d'intérêt au point de vue de l'art céramique; ils ne diffèrent pas sous le rapport de la forme et la composition de la pâte des urnes que l'on rencontre dans des sépultures du même genre. Les fouilles, qui ont mis à découvert ces produits primitifs de l'industrie lexovienne, habilement dirigées par MM. Fauque et Jules Desnoyers, de l'Institut, ont été l'objet d'une notice intéressante publiée par M. de Formeville dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie. Cette notice est accompagnée de plusieurs planches ou dessins.

Les trois beaux vases, avec enduit métallique, découverts dans les Buissonnets à côté d'autres objets précieux (cippe, fibules, etc.), présentent un grand intérêt au point de vue de la céramique. Nous les avons décrits dans le Bulletin monumental et dans la Statistique monumentale du Calvados, par M. de Caumont, avec des dessins de grandeur naturelle par M. Bouet. Deux de ces vases présentent une forme trèscurieuse que nous n'avons rencontrée nulle part; leur hauteur est de 15 centimètres; la circonférence de la panse, dans la partie moyenne, est de 26 centimètres. Ils sont couverts, ainsi que nous l'avons dit, d'un enduit métallique, semblable à celui qu'on emploie de nos jours (V. la page suivante), et décorés de rinceaux composés de feuillages et d'arcatures de l'effet le plus gracieux. Le troisième vase, d'une forme élégante mais que l'on rencontre souvent, est orné de feuilles de vigne d'une exécution un peu molle, audessous desquelles règne un cordon de perles. Deux autres vases, également recouverts d'un vernis métallique ou oxyde de plomb, ont été découverts dans des fouilles postérieures opérées dans le Grand-Jardin. Enfin, une petite urne en terre vernissée, entourée d'un double rang de feuilles de fraisier et d'ornements en forme de cœurs, mérite d'être signalée.

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UN DES VASES A COUVERTE MÉTALLIQUE, TROUVÉ A LISIEUX,

La forme élégante et régulière des trois premiers, qui indique l'emploi du tour, atteste le degré de perfection auquel était parvenu l'art céramique chez les Gallo-Romains ; mais ce qui fait surtout leur rareté et leur donne une grande valeur, c'est la couverte métallique de leur pâte qui est un oxyde de plomb.

Cette précieuse découverte tranche une question qui a été longtemps débattue par les plus savants antiquaires, celle de savoir si la poterie gallo-romaine recevait quelquefois un vernis ou enduit métallique. Aujourd'hui le doute n'est plus permis et l'on peut affirmer, par l'examen des cinq vases ci-dessus, qu'un assez grand nombre de produits gallo-romains du même genre étaient autrefois vernis. Leur long séjour dans une terre très-humide et l'action de divers agents chimiques les auront, sans doute, parfois dépouillés de leur couverte.

Un beau vase non émaillé, de forme tout à fait identique à l'un de ceux qui ont été trouvés dans la cour des Buissonnets et qui faisait partie de la même découverte, a été acquis par M. Delaporte et dessiné par M. Bouet pour le Bulletin monumental. Ce vase, d'un dessin à la fois riche et élégant, offrait probablement, comme les précédents, un enduit métallique, mais il n'en reste plus aujourd'hui aucune trace.

Vostrus, fils d'Ausus, dont on a retrouvé le cippe ou tombeau dans la cour des Buissonnets, et que l'on peut voir au musée de la Société française d'Archéologie, pourrait bien être l'artiste qui a confectionné ces vases dont la découverte présente, nous le répétons, un véritable intérêt pour l'histoire de la céramique locale. Le cippe que nous avons décrit et dont M. Raymond Bordeaux a fait un dessin trèsexact pour le Bulletin monumental, était placé sur le bord d'une voie romaine.

Le nombre considérable d'urnes et de vases cinéraires en

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