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brique. M. Hubert a découvert les fondations d'un autre pilier, placé à 4 mètres du premier.

Le champ Fenèbre ou funèbre, que nous ne faisons que mentionner, a un nom très-significatif.

« En 1818, M. Louis Dubois a découvert, en-deçà des ruines mentionnées ci-dessus, un théâtre romain dont la forme est parfaitement accusée. On voit encore la place qu'occupaient les gradins, aujourd'hui couverts de gazon, l'emplacement de la scène et l'entrée principale, qui était située au nord-ouest. Il existe, au nord-est, au fond d'un ravin, plusieurs pans de murs construits en petit appareil régulier, avec chaînes horizontales de larges briques.

Une jolie petite main, en marbre blanc, tenant un fragment d'arc, a été trouvée, en 1822, dans le Champ-Loquet. Cette main faisait probablement partie d'une ancienne statue de Diane ou d'Apollon. M. Louis Dubois a recueilli, dans le même champ, un morceau de marbre blanc de Carrare trèsbien doré, détaché d'une draperie de statue. C'est, du reste, dans le Champ-Loquet que les découvertes les plus intéressantes ont été faites. Outre les médailles en or, en argent et en bronze, appartenant au Haut-Empire, que le sol recélait, on a trouvé un grand nombre de morceaux de marbres précieux, de porphyre, d'ophite, provenant de l'Égypte ou de la Grèce, des fragments de corniche en grès rose micacé, etc., etc.

La route du Prédauge traverse l'emplacement de l'ancienne cité des Lexovii, découvert par l'ingénieur Hubert. En ouvrant cette nouvelle voie de communication, on a mis à découvert plusieurs aires d'habitations en ciment et des fragments de colonnes qui ont été dessinés par M. Bouet membre de la Société française d'Archéologie (1); on a aussi

(1) Voir le Bulletin monumental.

trouvé plusieurs médailles romaines, entre autres un grand bronze de Posthume.

<< Parmi les découvertes les plus récentes, nous citerons une belle statuette en bronze, malheureusement mutilée, représentant Atlas portant le ciel sur ses épaules. Cette statuette, dont la tête, parfaitement conservée, rappelle le type des empereurs romains, mesure 16 centimètres de hauteur. Elle a été trouvée en crcusant un fossé destiné à amener les eaux d'un canal de décharge, qui joint les deux rivières d'Orbec et de Touque, dans un réservoir placé près de la pompe à feu d'un de ces nombreux établissements industriels qui s'élèvent au midi de la ville moderne.

« Les nombreux fragments de poterie rouge, couverts de dessins variés, que l'on a retirés de la rivière à l'ouest de la ville, attestent le degré de perfection qu'avait atteint l'art céramique chez les Gallo-Romains. Plusieurs fragments en terre samienne, qui composait la poterie de luxe d'alors, portent la marque de quelques potiers, entre autres celle de COSAXTIS, que nous ne trouvons sur aucune des listes publiées jusqu'à ce jour. Sur la panse d'un de ces vases, on lit le nom LISOVII (ENSIS), qui indique une industrie locale (1). Le potier qui a façonné ce vase, d'une grande richesse de dessin, était probablement natif de Noviomagus, ou bien il avait dans cette cité son principal établissement. »

M. de Caumont s'étonne qu'on n'ait fait aucunes recherches sérieuses aux Tourettes, au Champ-Loquet et aux ruines du théâtre, depuis que Mongez rédigeait le mémoire

(1) Il existe au Prédauge, près de Lisieux, depuis un temps immémorial, une fabrique de poterie, aujourd'hui bien dégénérée, dont les produits, très-recherchés aux XVIe et XVIIe siècles, rivalisaient, par l'éclat du coloris et la composition gracieuse, avec les magnifiques faïences de Bernard Palissy.

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Toutes les fois

que

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que l'on connaît et qui a été réimprimé par M. Louis Dubois dans le premier volume de ses Archives normandes, ce ne sont pourtant pas les invitations qui ont manqué. Dès l'année 1836, la Société française d'Archéologie mettait une somme de 200 fr. à la disposition de ceux qui auraient voulu les employer; précédemment M. de Formeville avait obtenu des promesses de secours de la part de la Société des Antiquaires de Normandie pour fouiller le théâtre dont il avait entretenu la Compagnie. casion s'en est présentée, j'ai recommandé moi-même l'exploration du Vieux-Lisieux, et 150 fr. avaient été mis à la disposition de M. Billon pour cet objet, quelques années avant sa mort. Cet honorable membre n'en a pas fait l'emploi; mais il suivit avec attention les terrassements qui eurent lieu par suite de l'établissement du nouveau chemin de Lisieux à Dives, et m'écrivit que des fragments de chapiteaux avaient été exhumés. J'eus le plaisir de visiter ces débris avec lui; c'étaient des chapiteaux tournés, semblables à ceux que j'ai figurés dans mon Abécédaire d'archéologie et qui paraissent ce rapprocher de l'ordre dorique. Ce chapiteau a été très-répandu partout; on l'a trouvé aussi en grand nombre parmi les débris observés à Bayeux Augustodurus. J'engageai M. Billon à recueillir quelques-uns de ces fragments pour en former le noyau d'un musée lapidaire qui tôt ou tard pourrait être formé à Lisieux près de la bibliothèque. J'étais d'autant mieux fondé à faire cette recommandation que lors de nos réunions à Lisieux, en 1836, M. Le Roy-Beaulieu, alors maire, nous avait promis de donner un local provisoire pour y déposer des colonnes et quelques débris gallo-romains découverts près de la cathédrale, en fondant la gendarmerie. Malheureusement la promesse de M. Le Roy-Beaulieu avait été vite oubliée et personne n'en avait réclamé l'exé

cution, de sorte que, je le crois, M. Billon n'avait pas de local désigné pour déposer ces objets. Ce que je me rappelle parfaitement, c'est qu'étant avec lui sur le terrain je mis à sa disposition un crédit indéterminé, mais suffisant pour faire transporter à Lisieux les fragments alors déposés sur l'accotement de la route.

Une dernière tentative fut faite par la Société française d'Archéologie pour provoquer des fouilles au Vieux-Lisieux, mais sans résultat. Je désirais, en effet, donner, s'il était possible, quelques détails nouveaux dans ma Statistique monumentale, et j'entretins de ces fouilles possibles les membres qui assistèrent à une séance qui eut lieu à l'occasion du passage à Lisieux de M. le marquis de Castelnault, de Bordeaux, un de nos plus savants inspecteurs de la Société française d'Archéologie. Je revins plusieurs fois dans la suite sur ces explorations, et une somme de 150 à 200 fr. fut toujours promise pour ces travaux. Quelques difficultés se présentèrent, je crois, mais elles n'étaient pas insurmontables. Toujours est-il que rien ne fut commencé. Quelques années après, M. Bouet dut se borner à dessiner pour ma Statistique monumentale le mur que voici, et qui doit supporter en partie les gradins du théâtre (V. la page suiv.).

J'avais surtout insisté, dans mes invitations d'explorer l'ancien Lisieux, sur l'utilité de lever un plan des parties qui seraient reconnues. La plupart de ceux qui fouillent sur les diverses parties de la France le font sans méthode, guidés surtout par l'espoir de trouver quelques médailles; ils détruisent les murs sans nécessité, et bientôt il devient impossible de rien conclure sur la distribution et par suite sur la destination probable de l'édifice. L'objet principal de celui qui fouille doit être de lever un plan exact des fondations gallo-romaines; les découvertes de médailles ou d'autres objets n'ont qu'un intérêt secondaire.

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