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M. Gaugain, trésorier-général de la Société française d'Archéologie, annonce que dans la séance qui va avoir lieu à 8 heures du soir, séance dans laquelle les récompenses accordées seront proclamées, il sera prêt à donner un aperçu de l'état de la caisse et du budget de 1871.

M. l'abbé Le Petit, secrétaire-général de la Société française d'Archéologie, n'ayant pu se rendre à Lisieux, M. de Caumont mentionne les excuses qui ont été présentées par les personnes qui auraient désiré se réunir à la Compagnie, mais qui n'ont pu, vu les circonstances malheureuses, s'absenter de leur domicile: ce sont MM. le baron de Verneilh (Dordogne), le marquis de Castelnault et Trapaud de Colombe (Gironde), d'Espinay (Maine-et-Loire), le vicomte de Juillac (Haute-Garonne), de Cougny (Indre-et-Loire), Le Roy-Perquier (Seine-Inférieure), de Bonnefoy (Aude), R. Bordeaux (de l'Eure), G. Villers (de Bayeux), Le Blanc (de Caen), l'abbé Rainguet (Charente-Inférieure), Esmonnot, architecte de l'Allier.

M. de Verneilh annonce le prochain envoi de plusieurs mémoires dont les titres sont indiqués. M. l'abbé Lemesle offre ses remercîments à la Société qui lui a décerné une médaille à St-Hilaire (Manche).

M. l'abbé Lejumel demande le vote d'une allocation pour des fouilles qu'il se propose d'entreprendre dans la Somme. M. de Cougny annonce son intention d'entreprendre, en 1871, l'exploration archéologique de l'Anjou. M. le directeur du séminaire de Montlieu (Charente-Inférieure) offre un recueil de poésies latines composées dans cet établissement et publiées sous le titre d'Apis Romana.

M. le Président dépose ensuite sur le bureau plusieurs volumes et opuscules dont il est fait hommage à la réunion. Ce sont :

1° Abécédaire d'archéologie (ère gallo-romaine), par M. de Caumont; nouvelle édition.

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2o Règlement de la Société archéologique de la Charente. 3o Un mot sur trois ou quatre grandes erreurs d'archéologie topographiques.

4° Vercingétorix, poème par M. Delphis de La Cour.

5° Sur la restauration de l'église de Rots, par M. le docteur Liégard.

6° Nole sur le musée céramique d'Aoste en Dauphiné, par M. Paul Canat de Chizy.

7° Les Écorcheurs dans le Lyonnais, par le même.

8° Une visite à l'abbaye de la Trappe à Notre-Damedes-Dombes, par M. Charles Godard.

Le Congrès décide qu'il est fait don de ces ouvrages et de ceux qui seront offerts aux séances suivantes à la bibliothèque publique de la ville de Lisieux.

On passe à l'examen des questions du programme: 1re Question Existe-t-il des monuments mégalithiques dans les arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Évêque? M. A. Pannier prend la parole et s'exprime ainsi :

« Je ne puis signaler à la Société que le tumulus d'Ouilliele-Vicomte qui, par sa forme, paraît se rattacher à ce genre de monuments primitifs; mais je ne saurais indiquer d'une manière précise son origine et sa destination, cette éminence n'ayant jamais été fouillée; sa forme très-allongée et régulière affectant celle d'un dôme, l'espèce de caveau ou souterrain qui existe vers l'une de ses extrémités à l'orient, la tradition du pays, qui prétend que cette butte de terre créée par la main de l'homme, renferme un trésor, tout porte à croire que c'est un monument mégalithique (de deux mots grecs: mégas, grand, et lithos, pierre), et que ce vaste tombeau, ainsi que les dolmens bretons, récèle des ossements humains, des couteaux et des haches en silex, des colliers ou des anneaux, etc. Une tranchée longitudi

nale et plusieurs tranchées transversales, pratiquées avec précaution, pourraient dévoiler l'intérieur de ce tumulus. qui, peut-être cependant, n'est qu'un de ces nombreux postes ou vigies occupés par les Romains et qui dominaient le cours de la Touque.

« L'éminence que nous signalons à l'attention des savants s'élève à peu de distance de la nouvelle route de Lisieux à Pont-l'Évêque, sur la rive gauche de la Touque. Elle est placée à mi-côte et fait face au bois Levesque qui regarde le midi et domine une gorge ou vallon étroit.

« Les monuments mégalithiques, lisons-nous dans le • XXXIII® volume des Congrès archéologiques de France, << ne sont pas particuliers aux Celtes; ils se retrouvent dans <«<le monde entier. On a constaté l'existence d'un grand << nombre de monuments analogues en Asie, dans la Perse ❝ et dans l'Inde; en Afrique, dans la région barbaresque et « notamment dans la province de Constantine; en Europe, « dans les contrées habitées par les races slaves et germa« niques. On trouve des tumuli chez les Germains et chez «<les Scandinaves, comme chez les Gaulois. En un mot, a tous les membres de la grande famille arienne ont élevé << des monuments mégalithiques. Les Sémites aussi ont pra<< tiqué la même coutume, car la Bible y fait allusion: « Jacob et Laban élevèrent un amas de pierres au mo« ment où ils se quittèrent et en mémoire de leur al« liance. »

. Ces monuments primitifs, ainsi que l'indique leur nom, sont formés de pierres sans ciment et offrent une longue galerie couverte, divisée en plusieurs chambres ou travées. D

M. de Caumont, qui a visité, il y a longtemps, l'éminence d'Ouillie-le-Vicomte, ne saurait, dit-il, en rappelant ses sou

venirs, y voir un monument mégalithique. Selon lui, c'est un point retranché qui offre en petit l'image de plusieurs autres emplacements fortifiés de la même manière, c'est-àdire ayant d'un côté une sorte de rempart en terre plus ou moins élevé, et protégé des autres côtés par la pente naturelle des coteaux. M. de Caumont, sans chercher l'origine de cette fortification, fait remarquer que l'église d'Ouilliele-Vicomte est fort ancienne, puisqu'on y voit des chaînes de briques. Or, le retranchement en question se trouve sur le bord d'une route qui traverse la vallée, en passant près de l'église, et qui devait mettre en rapport les deux côtés de cette vallée; il paraît donc assez naturel de penser que ce petit fort avait eu pour but de défendre le passage.

On peut voir du reste, ajoute M. de Caumont, ce que j'en ai dit il y a 30 ans dans mon Cours d'antiquités, t. II, p. 323, et plus tard dans la Statistique monumentale, t. VI, p. 2 (art. camp du Mont-Hélery).

2 Question Trouve-t-on, dans les deux arrondissements, des silex taillés ou d'autres objets de l'âge préhistorique?

M. A. Pannier s'exprime ainsi :

« On ne rencontre pas, croyons-nous, dans l'arrondissement de Lisieux ni dans celui de Pont-l'Évêque, ces silex bruts et grossièrement taillés, si communs pendant la période préhistorique, et dont la commune de Pressigny (Indre-etLoire) offre de nombreux spécimens. Tous les savants connaissent l'importante découverte faite par le docteur Léveillé sur les hauteurs de Pressigny et d'Abilly, entre la Claise et la Creuse, d'un atelier immense de silex taillés.

« Les silex taillés, dont la découverte a été signalée dans notre contrée, ne sont pas nombreux; on peut citer une hachette parfaitement polie trouvée par M. Oudin, horti

culteur, dans un bois qu'il faisait défricher et qui domine, au couchant, la vallée de la Touque, non loin du tumulus que nous citions à Ouillie-le-Vicomte. M. Oudin m'a également signalé l'existence dans ce même bois d'un grand nombre de petites cavités circulaires, creusées par la main de l'homme, et dont la terre semblait avoir été rejetée avec soin du côté de la vallée de la Touque. C'est dans l'une de ces cavités qu'était placée la hachette en silex. Dans une autre cavité se trouvaient quelques fragments de poterie rouge galloromaine.

Une autre hachette, également en silex, a été découverte dans le bois qui domine, au couchant, le château de Bedville, près Pont-l'Évêque, appartenant à M. Flandin, membre de la Société française d'Archéologie.

<< Il est probable que beaucoup d'autres hachettes celtiques se trouvent dans les mêmes localités. On sait que les Gaulois affectionnaient particulièrement les coteaux boisés dominant le cours d'une rivière ou d'un ruisseau. »

M. l'abbé Loir signale une pareille trouvaille faite à Beauvoir, auprès d'Orbec.

M. de Caumont dit que les silex de l'arrondissement de Lisieux, très-nombreux à la surface du sol se clivent difficilement. On sait d'ailleurs que, dans beaucoup de contrées, les silex ne sont pas tous également propres à fabriquer des outils; il y en a qui se clivent beaucoup mieux que d'autres, tels sont ceux qui se trouvent dans la grande oolithe, où ils forment des lignes ou couches horizontales, quoique rarement continues. Les silex qu'on rencontre entassés sur les plateaux et dans certaines vallées des arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Évêque se présentent en rognons plus ou moins usés par le frottement, et que l'on emploie à réparer les routes; ils se brisent et s'écrasent sous la pression des roues de charrettes; leurs dimensions, d'ailleurs, ne se

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