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offrent chacun un médaillon circulaire, exécuté en grisaille, lequel forme, avec les deux médaillons précédents, une série de petits tableaux représentant des sacrifices. Les personnages qui composent les groupes sont vêtus de longues robes ou tuniques, qui rappellent la peinture antique. De curieux mascarons, munis d'une large collerette, se relient à ces médaillons.

Les autres panneaux qui décorent le plafond sont couverts de rinceaux et de feuillages entrelacés, exécutés en camaïeu, les ups sur fond rouge, les autres sur fond d'azur,

Un tableau représentant, dit-on, la découverte du feu décore le manteau de la cheminée. Ce tableau remplace une toile plus ancienne sur laquelle était peint un obélisque. Sur les côtés de la cheminée sont représentés deux magnifiques vases à fleurs, d'une grande richesse de dessin et d'une forme très-gracieuse.

Un lit en damas vert galonné d'or, surmonté « d'une impériale » portée sur des colonnes tournées, était placé en face la cheminée. On voyait encore dernièrement dans la partie supérieure du mur contre lequel il était adossé, les anneaux qui servaient à retenir les pentes ou rideaux.

Les murs, revêtus d'un lambris peint et doré à hauteur d'appui, étaient couverts de belles tapisseries. L'une de ces tapisseries représentait la première partie de l'histoire de Troie ; l'autre, la suite des chasses de François Ier. Des têtes de lion en grisaille, se détachant sur un fond rouge, décorent la frise couverte de légers rinceaux. Deux petits anges, tenant les lettres entrelacées L M, ornent la partie de la frise qui surmontait le lit.

Les portes sont entourées d'une magnifique guirlande de feuilles de chêne. Les yantaux offrent des compartiments, à angles rentrants, couverts de peintures à fond d'or simulant des imbrications. Différents sujets empruntés à l'histoire de

l'Ancien-Testament (le fils de Tobie, conduit par l'archange Raphaël; le faux prophète Balaam; les Hébreux dans le désert recueillant la manne) décorent les dessus de porte.

Les deux fenêtres ou croisées qui éclairent cette salle sont revêtues de volets, dont les panneaux sont couverts de feuillages, largement exécutés, faits pour produire de l'effet au debors.

Cette magnifique salle, qui mesure 26 pieds 3 pouces de longueur sur 28 pieds 7 pouces de large, vient d'être restaurée aux frais du département. Des cuirs gaufrés et dorés remplacent les anciennes tapisseries de haute-lisse. Les caryatides qui supportent le manteau de la cheminée sont modernes. On aperçoit encore au fond de cette cheminée l'ancienne plaque armoriée.

La Société française d'Archéologie a tenu, il y a 20 ans, une séance dans la Salle dorée.

Renvoyant aux détails consignés dans la Statistique monumentale sur l'ancien évêché, nous allons poursuivre le compte-rendu de la visite faite aux monuments de Lisieux par le Congrès archéologique.

De la place St-Pierre, les membres se sont dirigés vers St-Jacques où ils ont été reçus par M. l'abbé Latrouette, curé de cette paroisse, assisté de M. Gaugain, trésorier de la Société française d'Archéologie.

Eglise St-Jacques.- Le plan de St-Jacques est simple et les proportions harmonieuses: c'est un parallelogramme, divisé en trois nefs accompagnées de chapelles. Un chevet à pans coupés, à deux étages de fenêtres, termine le chœur. Les bas-côtés sont fermés, au niveau du sanctuaire, par un mur droit. Toutes les fenêtres sont flamboyantes, à nombreux meneaux. Des arcs-boutants soutiennent la poussée des grandes voûtes et servent en même temps d'ornement

à l'extérieur. Une galerie de pierre à compartiments flamboyants évidés à jour règne entre les contreforts, au-dessus des bas-côtés et au chevet du choeur. Des gargouilles sculptées déversent l'eau des chéneaux loin du pied de l'édifice.

A l'intérieur, les piliers des arcades de communication sont cylindriques, avec bases octogones. Les ogives sont garnies de moulures en pénétration. Sous le clérestory existe une série d'arcatures trilobées, encadrées dans des moulures prismatiques qui forment le triforium. Une galerie règne au chevet; une balustrade flamboyante en pierre sert d'appui.

Les claveaux extérieurs des fenêtres du clérestory servent de formeret à la voûte; de sorte qu'il n'y a aucun plein dans les parties supérieures, si ce n'est les piles des arcs-doubleaux. Cette disposition donne une grande légèreté à l'ensemble. Les clefs de voûte sont, la plupart, chargées des blasons des notables bourgeois de Lisieux qui avaient contribué par leurs largesses à la construction de l'édifice. M. Raymond Bordeaux a signalé un de ces blasons dans ses Études héraldiques sur les monuments de Caen.

Cette église mériterait une monographie.

St-Jacques a conservé de précieux restes de son riche mobilier. Plusieurs de ses fenêtres sont encore garnies de fragments de verrières dont beaucoup pourraient être complétées à coup sûr. Deux sont encore entières : celle de la chapelle de la Charité, au bas du collatéral méridional, et celle de la première fenêtre de la nef au nord. Cette dernière est une des pages les plus splendides qu'aient composées les artistes de la Renaissance: elle représente une scène de l'Apocalypse la grande prostituée de Babylone. L'autre a été remise en plomb avec beaucoup de soin, il y a peu de temps. Elle représente un miracle de saint Jacques d'après la Légende dorée. Les six fenêtres du chevet sont garnies de verrières modernes exécutées par MM. Marette et Du

hamel, d'Évreux, à l'exception du Crucifiement, qui est en grande partie ancien.

Les stalles sont au nombre de soixante-dix. Les stalles basses viennent de l'abbaye du Val-Richer; elles sont d'une trèsbonne exécution et datent du règne de Louis XIV. Les stalles hautes, au nombre de quarante, remontent à la Renaissance, et leurs miséricordes sont sculptées suivant le goût de l'époque avec l'imagination la plus capricieuse.

De beaux lambris, des règnes de François Ier ou de Henri II, les garnissent à l'extérieur.

On a trouvé sous le badigeon, à divers endroits, des peintures qui font supposer qu'une décoration polychrome avait été donnée à toute l'église. Le Bulletin monumental en a parlé en 1853.

Des inscriptions obituaires ont été également trouvées et reproduites dans la Statistique monumentale du Calvados. Une de ces inscriptions, rimée, mais fort incomplète, fait mention de la sépulture de maistre Loys Toustain, prêtre. Vis-à-vis de la chaire, on a découvert un sujet assez bien conservé et que l'on restaurerait facilement; il a 6 pieds de hauteur et représente une Trinité avec des personnages en prière. Il devait y avoir au-dessous une inscription tumulaire; mais on ne l'a point découverte.

On ne doit point passer sous silence un tableau fort curieux placé jadis dans la chapelle St-Ursin de la cathédrale. Maître Jean Le Prévost, chanoine du diocèse de Lisieux, dans son rare et curieux petit livre intitulé Les Vies des SS. Patrons du diocèse de Lisieux ( Lisieux, J.-A. Du Ronceray, 1750), en a donné la description suivante :

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On y voit un tableau en long divisé en quatre quarrés, au dessus des quels ont lit ces mots: Comment les Reliques de Monsieur S. Vrsin furent apportées par miracle en cette Eglise l'an 1055, par les soins de Hugo Evêque de Lisieux, et au dessous ceux-ci : Ce Tableau a été

refait sur l'Original vieil en l'année 1681 aux dépens de la Fabrique. Dans un de ces quarrés S. Ursin est représenté avec N. S. sous un Figuier, suivant l'opinion dans laquelle on était alors, à Bourges comme à Lisieux, que S. Ursin était véritablement Nathanaël à qui Jésus-Christ dit: Je vous ay vu avant que Philippe vous eut appelé, lorsque vous étiez sous le Figuier. Dans un autre de ces quarrés S. Ursin est représenté faisant la lecture à la Cène de N. S. avec ses Disciples, suivant qu'on le lisoit alors, à Bourges comme à Lisieux, dans les leçons de son Office en ces termes : B. Ursinus Dominicis plenissimè imbutus Sacramentis inter ipsa sacra Cana convivia legendi officio a Domino depu_ tatus est. Dans le troisième de ces quarrés on voit le clergé de la ville de Lisieux marchant processionnellement dans le chemin qui conduit de la Ville vers la Forest-Rathouin, et après le clergé la châsse de S. Ursin sur un chariot attelé de chevaux blancs, aux deux côtés duquel sont plusieurs personnes à cheval, qu'on suppose être d'un côté les habitants de Bourges, et de l'autre côté autant d'habitants de Lisieux destinés à reconduire la châsse de S. Ursin jusqu'à Bourges. Enfin dans le quatrième quarré on voit la châsse de S. Ursin sur un chariot attelé d'une génisse, qui seule, après le miracle dont on a parlé, ramène le chariot de la Forest-Rathouin à Lisieux, où le clergé et le peuple retournent processionnellement après la châsse........... » (P. 183 et 184).

M. Latrouette a montré au Congrès l'autel nouvellement placé dans le sanctuaire et qui a été fait à Munich, et les travaux de restauration nouvellement exécuté.

Anciennes maisons. Une pluie diluvienne a contrarié la visite des autres monuments de Lisieux on n'a pu que jeter un coup d'œil sur quelques-unes des maisons de bois, décrites dans la Statistique monumentale de M. de Caumont.

C'est d'abord la maison n° 50 de la Grand'Rue (Voir la

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