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aujourd'hui l'admiration des artistes. L'une de ces verrières, celle de gauche, a figuré à l'Exposition universelle de 1855, Les sujets qu'elles représentent sont relatifs à la vie glorieuse et douloureuse de la mère du Sauveur.

Les faisceaux de colonnettes appliqués contre le trumeau des fenêtres reçoivent les arceaux d'une voûte d'arête, formée de fines moulures. La clef de voûte qui surmonte le sanctuaire offre l'écusson de Pierre Cauchon, fondateur de cette chapelle. L'écusson placé en deçà du sanctuaire représente les armoiries du Chapitre. L'un des faisceaux de colonnettes est interrompu par une niche qui abritait anciennement une statue de la Sainte-Vierge, à laquelle cette chapelle est dédiée.

L'autel en pierre qui décore le sanctuaire a été exécuté d'après les dessins de M. Bouet. C'est une des compositions les plus savantes et les plus gracieuses de cet artiste, aussi distingué que modeste, dont toutes les œuvres portent l'empreinte du talent et du bon goût.

Cet autel représente les mystères joyeux et douloureux de la Sainte-Vierge,

Les belles boiseries, dans le style Louis XV, qui sont appliquées contre les murs latéraux, fermaient autrefois les trois travées du chœur les plus rapprochées du transept. Elles servaient à la fois de haut-dossier aux stalles hautes, occupées par les chanoines, et de support aux grands tableaux dont nous avons parlé.

Ces boiseries masquent une série d'arcatures reposant sur des colonnettes à chapiteaux feuillagés, entre lesquelles sont placés des bas-reliefs. La plupart de ces bas-reliefs répon, dent aux pierres tombales qui recouvrent le sol de la chapelle.

Les deux groupes placés près du sanctuaire (côté de l'évangile) représentent le crucifiement et l'ensevelissement de

Notre-Seigneur. M. Billon pense, avec raison, que ces basreliefs, qui sont plus anciens que les autres et paraissent dater du XIVe siècle, faisaient partie de l'ancien jubé en pierre qui s'élevait à l'entrée du chœur et fut détruit, en 1689, par les ordres de Léonor II de Matignon. Ce magnifique jubé, qui était construit en pierre des Loges, avait coûté 6,000 livres, somme énorme pour l'époque. Les sujets variés qu'il offrait avaient trait à la vie de Notre-Seigneur (1). Il fut remplacé par un jubé en bois, dans le goût du temps, qui probablement était loin de le valoir. Ce jubé, exécuté à Caen par un sieur Bramu maître sculpteur », avait coûté 1,800 livres (2).

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La construction du nouveau jubé, qui s'avançait dans le chœur, entraîna la démolition de la magnifique chaire épiscopale, qui était en pierre de Vernon et d'un très-beau travail (3). » Cette chaire avait été donnée par M. le cardinal Leveneur, évêque de Lisieux. Elle avait coûté aussi 6,000 livres.

L'année 1689, comme les deux précédentes, fut véritablement désastreuse pour la cathédrale. Les changements imposés par la mode, sous le règne de Louis XIV, firent commettre de nombreux actes de vandalisme qu'on ne saurait trop déplorer; car ils nous ont privés de véritables chefsd'œuvre qui seraient aujourd'hui le plus bel ornement de cette église. Les tombeaux ne furent même pas épargnés.

Les trois tombeaux qui ont été détruits étaient placés près du maître-autel.

(1) Manuscrit rédigé entre les années 1676 et 1717. Ce manuscrit est attribué à un chanoine.

(2) Id.

(3) Id.

Palais épiscopal.

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En sortant de l'église St-Pierre, M. Bouet a fait examiner l'ancien palais épiscopal accolé à la cathédrale.

Au XIV siècle, le palais épiscopal formait une vaste enceinte. «Ses murs épais, ses tours garnies de machicoulis, << ses fossés profonds donnaient à cette demeure l'aspect d'un « château féodal. » Les habitants de Lisieux étant restés redevables d'une certaine somme pour la rançon du roi Jean, fait prisonnier par les Anglais après la bataille de Poitiers (18 septembre 1356), le Dauphin, qui devint roi sous le nom de Charles V, leur fit une remise annuelle de deux deniers sur douze. Cette remise avait pour but, dit M. Guilmeth, d'aider l'évêque et les habitants de Lisieux à réparer les fortifications du château féodal et d'accélérer la construction des murailles (1).

Au XVIIe siècle, le vieux palais fut démoli. Sur son emplacement s'éleva un nouveau palais, dont la façade principale, construite en brique et pierre, dans le style Louis XIII, fait l'ornement de la place.

En 1680, Mgr Léonor de Matignon fit « démolir le vieil « bâtiment qui prenait directement au bout du grand qui << fait face sur la cour du palais et allait rendre sur la muraille.

Il ne consistait qu'en écuries, bûchers et greniers à foin, ❝ et c'est en ce lieu que mon dit seigneur a fait faire le beau a bâtiment que l'on voit à présent, et qui fait face sur la « prairie; le côté devers la chapelle était bâti à l'antique, << mais il l'a fait mettre à la mode comme on le voit aujour« d'hui (2). »

Le bâtiment qui s'élevait sur la terrasse et faisait face au jardin a été démoli au commencement de ce siècle, vers 1808.

(4) Histoire de Lisieux, p. 131, en note.

(2) Manuscrit déjà cité.

L'autre partie, qui subsiste encore, a été mise à la mode, ainsi que nous l'apprend le manuscrit ci-dessus. La façade actuelle semble, en effet, greffée sur l'ancien édifice. Le mur oriental qui fait face à la cour, sur l'un des côtés de laquelle s'élevait l'antique chapelle St-Paul, démolie en 1835, offre les vestiges de deux fenêtres ogivales dont la forme accuse la fin du XII® siècle.

En 1681, Mgr l'évêque de Lisieux « a fait acquest de tous les jardins appartenant à divers particuliers et à M. le « doyen, pour augmenter le jardin de son palais (1). »

Ce fut à cette époque que fut détruit le rempart, qui arrêtait les rayons du soleil et empêchait l'air de pénétrer dans les cours du vieux palais, qui était très-sombre. Le rempart fut transformé en une magnifique terrasse destinée à relier les nouvelles constructions avec les jardins dont le dessin fut, dit-on, confié au célèbre Le Nôtre.

L'édifice actuel, le plus ancien bâti sous le règne de Louis XIII, par les soins de Philippe Cospéan, ou Cospeau, évêque de Lisieux (2), offre tous les caractères architectoniques des constructions civiles élevées dans la première moitié du XVII siècle. Il est en briques et pierres formant bossages et couronné de belles lucarnes en pierre, les unes véritables, les autres simulées, terminées alternativement par un fronton circulaire et triangulaire se détachant sur le toit.

La façade principale, d'une architecture élégante et sévère, mesure 120 pieds de longueur; sa largeur est de 21 pieds 9

(1) Même manuscrit.

(2) Une notice biographique sur cet évêque, qui est né à Mons (Belgique), a été publiée, il y a quelques années, dans l'Iconographie montoise. Elle est accompagnée d'un portrait authentique de l'illustre prélat.

pouces. La hauteur, jusqu'à la corniche, est de 29 pieds. Elle est divisée en deux parties égales et symétriques par un pavillon élégant, percé au rez-de-chaussée d'une porte à deux vantaux qui donne accès dans la cour principale du palais. Cette porte, qui mesure 7 pieds et demi de haut sur 5 pieds de large, a conservé sa décoration primitive.

L'ancienne salle d'assemblée ou de synode sert aujourd'hui de salle d'audience au tribunal.

L'ancienne chambre dorée (aujourd'hui appelée salle dorée) rivalisait, par la richesse de sa décoration et le luxe de son ameublement, avec les appartements les plus somptueux des palais de nos rois. Elle était réservée aux princes et aux personnages de distinction qui descendaient à l'évêché (1).

Quatre grandes portes à deux vantaux, avec chambranle doré, donnaient accès dans cette pièce, éclairée par deux croisées. Deux de ces portes sont aujourd'hui condamnées.

Le plafond à caissons est couvert de peintures polychromes et en camaïeu, exécutées par les meilleurs artistes de l'époque. Au centre est un grand médaillon quadrilobé, entouré d'une guirlande de feuilles de chêne. Des anges, tenant dans leurs mains les divers attributs de l'épiscopat, occupent le fonds du tableau. L'un de ces anges supporte l'écusson de Léonor II de Matignon.

De chaque côté de ce tableau se développe un grand panneau qui renferme un médaillon en grisaille, de forme ovale, représentant un groupe de personnages de l'antiquité. Au bas de ces panneaux sont nonchalamment étendues deux espèces de sirènes, la poitrine entièrement découverte.

Deux grands panneaux carrés, à angles rentrants, décorent chacune des extrémités du plafond. Ces quatre panneaux

(1) Le 18 mai 1451, Henri II, roi d'Angleterre, épousa, à Lisieux, Éléonore de Guyenne, que Louis le Jeune avait répudiée.

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