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chapiteaux. Une piscine placée à droite, entre la première et la seconde colonne, indique la position qu'occupait l'autel primitif. Cette piscine, masquée par un des bancs du bascôté méridional, recevait l'eau provenant des ablutions.

Les deux dernières travées du choeur, ainsi que l'abside, ont été élevées dans la première moitié du XIIIe siècle. Les colonnes qui supportent les deux arcades qui précèdent le sanctuaire offrent le même diamètre que les précédentes. L'un des chapiteaux présente une élégante corbeille composée de larges feuilles, profondément découpées, ressemblant aux feuilles de berce (Heracleum spondylium), si communes dans nos prairies. Les feuilles qui décorent un autre chapiteau, au lieu de se recourber en volute, se relèvent et retombent avec grâce sur le tailloir.

Le triforium est formé d'arcatures géminées, semblables à celles qui décorent les deux premières travées du chœur ; l'ogive seulement est plus accentuée. Le tympan est percé d'un trèfle.

La partie des collatéraux qui correspond aux deux dernières travées que, nous venons de décrire offre un double mur percé de fenêtres accolées, dont l'archivolte repose, de chaque côté, sur des colonnettes sans anneaux, détachées du mur. Un simple tore entoure la baie. L'une de ces ouvertures, placée au midi, offre de curieux fragments de vitraux, du XVI siècle, représentant des camées. La partie supérieure du mur est décorée d'une belle rosace polylobée, artistement fouillée. Le faisceau de colonnettes qui sépare les fenêtres reçoit l'arc formeret et les arceaux de la voûte d'arête des bas-côtés. Les chapiteaux, décorés de crossettes végétales, se terminent par un abaque circulaire.

Une série d'arcatures décore la partie inférieure des murs. L'archivolte, formée d'un tore, repose sur des colonnettes dont les chapiteaux, ornés de crossettes et de

feuillages variés, se terminent également par un abaque circulaire. Parmi ces feuillages on distingue le trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata), des feuilles d'arum, de nénuphar. Le fût des colonnettes a été maladroitement coupé lorsqu'on a appliqué les bancs contre les murs. La porte à cintre surbaissé, qui donne accès dans la sacristie, a été percée au XIVe siècle. Les colonnettes à chapiteaux feuillagés qui accompagnent cette porte sont moins anciennes que celles qui reçoivent les arcatures. Le cordon supérieur, décoré de grappes de raisin, est terminé à l'une de ses extrémités par un lion, et à l'autre par un animal chimérique. Dans l'un des angles du mur, on aperçoit une tête grotesque qui servait de support à l'une des archivoltes de cette porte, qui occupe la place d'une ancienne arcature.

Abside. Les sept arcades ogivales qui dessinent le rondpoint, l'un des plus remarquables du XIII siècle, reposent sur des colonnes accouplées dont les chapiteaux, décorés de Grossettes, se terminent par un tailloir à pans coupés. L'intrados est décoré de nombreux tores, séparés par une gorge étroite et profonde.

Des grilles en fer forgé, dont on voit encore les scellements dans les colonnes, fermaient autrefois le sanctuaire.

La galerie pratiquée dans le double mur qui surmonte les arcades captive les regards par sa légèreté. Les arcatures géminées qui forment cette galerie reposent sur des colonnettes, dont les chapiteaux sont garnis de deux rangs de crossettes végétales. Le tympan est percé d'un quatrefeuilles.

Les fenêtres du clérestory, d'une forme gracieuse, paraissent avoir été tracées au moyen de la cycloïde. Les trois principales fenêtres sont garnies, de vitraux modernes, exécutés à Paris dans les ateliers de M. Lusson. Ces ver

rières représentent le Sauveur du monde, saint Pierre et saint Paul.

Du tailloir qui termine les colonnes du rond-point s'élance une légère colonnette qui s'arrête à la naissance des fenêtres et va recevoir l'un des nombreux arceaux d'une jolie voûte d'arête construite en petit appareil taillé régulièrement. Tous ces arceaux convergent vers la clef d'un puissant arc-doubleau, qui paraît avoir été refaite au XVI° siècle. Sur cette clef se détachent en relief les armoiries du Chapitre

Les deux murs qui s'élèvent entre les chapelles absidales sont percés de fenêtres accolées, autrefois garnies de riches verrières, qui formaient autour du sanctuaire une brillante couronne, composée de rubis, de topazes et d'émeraudes représentant la Jérusalem céleste. L'une de ces fenêtres, placée à gauche de la chapelle de la Vierge, est décorée d'un beau médaillon du XIIIe siècle. Les grisailles que l'on aperçoit au-dessus dessinent de curieux rinceaux dans le style du XII siècle. C'est le plus ancien fragment de vitrail que possède la cathédrale. A ce seul titre, il mériterait d'être conservé avec soin.

Le dais qui décore la partie supérieure de la fenêtre la plus rapprochée de la chapelle de la Vierge date seulement du XVe siècle, ainsi que l'atteste l'écusson de Pierre Cauchon, peint sur cette vitre, lequel porte d'azur à une fasce d'argent, accompagnée de 3 coquilles d'or.

Les chapelles latérales de l'abside, de forme circulaire, datent du XIIIe siècle.

Ces deux jolies chapelles, dont la construction est attribuée à Guillaume du Pont-de-l'Arche, évêque de Lisieux, sont éclairées par trois fenêtres ogivales pratiquées dans l'épaisseur du double mur. Les deux archivoltes qui les entourent s'appuient, de chaque côté, sur de légères colonnettes. Une simple moulure torique encadre la baie.

On remarque, à gauche de l'autel, une petite armoire ou sacrarium, à deux compartiments, laquelle était fermée par une porte en fer. Du côté opposé existe une piscine qui affecte la même forme.

Le rétable de la chapelle située à l'extrémité du collatéral sud est décoré d'un magnifique tableau, peint à l'huile, représentant le martyre de saint Sébastien. On admire la pose du corps et un effet de raccourci des plus heureux dans l'un des bras. La tête est fort belle. Ce tableau qui a, dit-t-on, une grande valeur, ornait, avant la Révolution, une des salles de l'ancien palais épiscopal (1).

La fenêtre du fond de cette chapelle, en grande partie masquée par le rétable, présente de beaux fragments de vitraux. Le médaillon supérieur représente la Sainte- Vierge ; celui du milieu offre l'effigie d'un évêque (probablement saint Ursin, auquel était anciennement dédiée cette chapelle). Les armatures des fenêtres datent du même temps que la chapelle. Il y avait dans cette chapelle, avant la Révolution, un ancien tableau représentant la translation des reliques de saint Ursin. Cette toile, dont M. Charles Vasseur donnera la description, est aujourd'hui placée dans une chapelle de l'église St-Jacques.

De chaque côté du chœur et près du sanctuaire s'élèvent, à l'extérieur, deux petites tours quadrangulaires, terminées par un toit en pierre couvert d'imbrications. Elles renferment un escalier qui conduit aux galeries supérieures dont nous avons parlé. Cette disposition de tours qui accompagnent l'abside est, selon M. Violet-Leduc, tout à fait propre aux cathédrales normandes.

(4) Dans un ancien inventaire, dressé en 1760 après la mort de M. Ignace de Brancas, ce tableau est estimé 5,000 livres, somme considérable pour l'époque.

Les arcs-boutants cintrés qui soutiennent le chevet ont été refaits au XVIe siècle.

Chapelle de la Vierge. La chapelle de la Vierge, placée derrière le chœur, a été élevée dans la première moitié du XVe siècle, par Pierre Cauchon, évêque de Lisieux et ancien évêque de Beauvais, en expiation de la sentence inique qu'il avait prononcée contre l'infortunée Jeanne d'Arc, la libératrice de la France.

Cette chapelle marque le passage du XIV au XV siècle. Les moulures qui entourent les fenêtres et dessinent le tympan, qui déjà affecte la forme flamboyante, sont composées de tores et garnies d'un listel. Les meneaux qui partagent les baies sont ornés de colonnettes. La forme prismatique apparaît seulement dans la seconde moitié du XVe siècle.

Le plan de la cathédrale, dressé avec soin par M. Charles Vasseur, membre de la Société française d'Archéologie, donne les dimensions de cette chapelle, qui mesure dans œuvre 17 mètres 20 cent. de longueur sur 6 mètres 88 cent. de largeur. Elle se termine, à l'orient, par trois pans coupés et est éclairée par neuf grandes fenêtres flamboyantes, partagées en quatre baies par un meneau central et quatre meneaux secondaires. Le tympan offre une élégante tracerie dont les compartiments variés sont décorés de nombreux fragments de vitraux qui paraissent dater seulement du XVI siècle. Les trois fenêtres du fond sont garnies de vitraux modernes, exécutés par M. Lusson. Ces tableaux transparents, remarquables par la netteté et la perfection du dessin, l'éclat du coloris et la délicatesse des nuances, ressemblent plus, selon nous, à des chromolithographies ou à ces brillantes. miniatures qui décorent les vieux manuscrits, qu'aux verrières que nous a léguées le moyen-âge, dont les tons chauds et vigoureux et les teintes harmonieuses excitent encore

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