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Les deux clochetons octogones qui surmontent le portail datent, sauf quelques retouches postérieures, de la seconde moitié du XIIe siècle. La base est décorée, sur chacune de ses faces, d'arcatures trilobées. La pyramide est revêtue d'imbrications. Sur l'arête qui sépare les pans est appliqué

un tore.

La pyramide qui couronne le clocheton occidental offre des pans concaves, à angles rentrants. Nous ferons observer que ces deux clochetons, dont la partie supérieure a été reconstruite, ne sont pas placés dans le même axe. Les deux clochetons qui terminent le gable septentrional présentent la même forme. La base de ces clochetons, d'un aspect trèssévère, est décorée de longues arcatures dépourvues de colonnettes.

Deux larges éperons en pierre s'élèvent jusqu'à la hauteur de la galerie dont nous avons parlé. Ces énormes contreforts ont été construits pour consolider le portail qui menaçait ruine. Sur la face principale de l'un de ces contreforts se détache un cadran solaire de l'époque gothique.

Au point d'intersection des quatre bras du transept s'élève une large tour quadrangulaire, que surmonte un toit à quatre pans en charpente couverte en ardoise. Cette tour ou lanterne, qui date du XIIIe siècle, est percée sur chacune de ses faces de deux fenêtres avec double archivolte. De petites arcatures ogivales géminées, dont quelques-unes, percées de baies carrées trilobées, éclairent à l'intérieur une étroite galerie, décorent la partie inférieure de la lanterne. L'ancienne pyramide en charpente couverte en plomb, qui formait le couronnement de la tour, aura été détruite par un incendie (1).

(1) Des réparations ont été faites à l'extérieur de cette tour par Thomas Bazin, évêque de Lisieux, en 1452.

Nous ferons observer que cette disposition des tours centrales, dont la partie supérieure reçoit le jour par de nombreuses fenêtres, est propre à la Normandie. Les tours normandes ont servi de modèles à quelques églises d'Angleterre. La tour centrale de la cathédrale d'Ely nous en offre un exemple.

A l'extrémité du croisillon méridional du transept s'élevait une élégante tribune en chêne, dans le style Louis XIII. Le plafond, divisé en nombreux compartiments, reliés entre eux par des lignes habilement combinées, offrait un gracieux tracé géométrique. Ce plafond était décoré de caissons garnis de têtes d'anges, de cartels, de rosaces et de curieux pendentifs sculptés à jour et couverts de peintures en décor: le tout encadré par de légers rinceaux et par de capricieux enroulements dans le style du temps. L'un de ces panneaux représente sainte Cécile jouant de l'orgue. Un autre offre l'effigie du roi David qui pince de la harpe.

Deux belles colonnes corinthiennes cannelées, dont la partie supérieure est décorée de cartouches et le tiers inférieur de feuilles de lierre, supportaient ce magnifique plafond.

La frise de l'entablement était formée de panneaux entourés de rinceaux et d'arabesques, parmi lesquels on distinguait des Renommées. Des pilastres, ornés de têtes de fantaisie et de trophées de musique, séparaient ces panneaux.

La destruction de cette tribune, qui faisait l'admiration de tous les étrangers, est très-regrettable. M. Raymond Bordeaux, dans une réunion de savants à Paris, a sévèrement blâmé cet acte de vandalisme (1). Nous faisons des vœux ardents pour que cette tribune soit rétablie.

Dans l'angle sud-ouest du transept existe un escalier qui

(1) Voir le Bulletin monumental.

conduisait à la bibliothèque, placée sur la salle capitulaire.

Au-dessus du linteau de la porte, on lit l'inscription suivante en lettres d'or, gravée sur une plaque de marbre :

BIBLIOTHÈQUE

CURAVIMUS VOLENTIBUS LEGERE

2 MACH. 2.

Les six grands tableaux appliqués contre les murs latéraux du transept étaient autrefois placés dans le chœur. Ils avaient été commandés par un chanoine, pour orner le chœur de la cathédrale. Ces tableaux sont l'œuvre d'un artiste rouennais, qui jouissait à cette époque d'une grande réputation que le temps n'a fait que confirmer. Au bas de l'une de ces toiles, on lit LEMONNIER 1774.

:

Ces tableaux représentent, dans l'ordre suivant, les principales scènes de la vie de saint Pierre et de saint Paul. Croisillon méridional, à droite en entrant : 1° Prédication de saint Paul;

2o Saint Pierre guérissant les paralytiques.

En face:

3° Conversion de saint Paul.

Croisillon septentrional, à droite :

1o Saint Pierre ressuscitant Thabite ;

2o Saint Pierre ès-liens.

En face :

3o Saint Paul prêchant devant l'Aréopage.

Tous ces tableaux se recommandent par la grandeur de la composition, l'heureux agencement des groupes, l'expression des figures, une bonne entente de la couleur et de la perspective. Le dessin est pur et correct et tous les détails rendus avec une grande exactitude. L'architecture et les draperies sont parfaitement traitées et révèlent une touche large et vi

goureuse. Les deux toiles représentant, l'une saint Pierre guérissant les paralytiques, l'autre la résurrection de Thabite, attirent surtout les regards.

Chœur.

Quinze colonnes entourent le chœur et le séparent du déambulatoire (V. la page suivante).

Le chœur proprement dit, composé de quatre travées, se termine à l'orient par une abside circulaire qui décrit une courbe très-gracieuse. Ce magnifique rond-point offre, du bas de la nef, une perspective charmante que l'œil ne se lasse pas de contempler.

Les deux premières travées, semblables à celles de la nef, appartiennent à la construction primitive et datent, comme cette dernière, de la seconde moitié du XII° siècle.

Des faisceaux de colonnettes divisées par plusieurs anneaux supportent la voûte en arête des deux premières travées dont les compartiments sont formés d'un grossier blocage recouvert d'un crépi.

La fenêtre percée dans le mur septentrional, correspondant à la deuxième travée du chœur, est garnie de deux archivoltes reposant sur des colonnettes annelées (1).

Une fenêtre semblable, aujourd'hui bouchée, s'ouvrait dans le mur opposé. La porte ogivale à moulures prismatiques placée au-dessous de cette fenêtre donnait accès dans une sacristie gothique, qui a été démolie au commencement de ce siècle.

Le chœur, dans l'origine, était composé seulement de deux travées. La courbe de l'abside commençait à la deuxième colonne, ainsi que semble l'attester l'inclinaison d'un des

(1) Une petite porte, aujourd'hui bouchée, s'ouvrait dans ce mur et donnait accès dans le cimetière des officiers douze livres, ainsi nommés parce qu'ils recevaient une gratification annuelle de 12 livres.

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