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dans la partie supérieure. Ces baies, d'une forme peu gracieuse, offrent de jolies grisailles modernes qui tempèrent l'éclat trop vif de la lumière.

L'ancien pavage de la nef, qu'on a retrouvé en plaçant la chaire, était en terre cuite.

Transept. - Le transept, construit dans de vastes et gracieuses proportions, date, comme la nef, de la seconde moitié du XIIe siècle. Il est accompagné à l'orient, ainsi que nous l'avons dit, de bas-côtés, formant chapelles, disposition qui se rencontre dans quelques grandes églises de France et d'Angleterre (ancienne église abbatiale de Conques; église de Longues; cathédrale de Salisbury, etc., etc., etc.). Nous ferons observer que la construction de cette dernière église est postérieure à celle du transept de St-Pierre.

Dans la partie inférieure du mur septentrional du transept, dont la base, construite en blocage, paraît remonter au XIe siècle, s'ouvrent deux larges arcades à plein-cintre, du XIIe siècle, qui abritaient des tombeaux.

Le bas-relief qui décore le fond de l'arcade placée à gauche du spectateur offre deux statues mutilées. L'un des personnages, revêtu d'une tunique, tient de la main droite une palme (1). Le devant du tombeau est décoré de médaillons ornés de figures en haut-relief, affreusement mutilées. Ces médaillons, entourés d'une riche bordure, rappellent, à s'y méprendre, la statuaire antique. Le célèbre dessinateur et graveur anglais, Cotmann, les a reproduits avec exactitude.

Sur le tympan de l'autre arcade sont sculptés deux anges, humblement prosternés, tenant les extrémités d'un voile ou linceul sur lequel était posée l'âme du défunt, qu'on représentait ordinairement, au moyen-âge, sous l'image d'un petit

(1) Ces personnages ont été dessinés par Willemin.

enfant sans sexe. Les longues tuniques qui enveloppent les anges forment de nombreux plis. Dans la partie inférieure du tympan sont représentés assis six anges, placés en regard l'un de l'autre. Leur tête est ceinte d'une couronne. Les uns tiennent des palmes, les autres des phylactères.

La statue couchée, placée sous une de ces arcades, faisait partie d'un autre tombeau; cette statue a été découverte en 1847 dans la cour de la mairie et replacée dans la cathédrale par les soins de M. le docteur Billon, membre de l'Institut des provinces. Elle représente un évêque et paraît dater du XI ou XII° siècle. M. Billon en a donné une description dans le Bulletin monumental.

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Au-dessus de ces deux arcades s'ouvrent deux belles fenêtres accolées, dont les archivoltes, au nombre de trois reposent sur des colonnettes annelées de différentes grosseurs. Le cordon supérieur, décoré de violettes, se termine inférieurement par de petites têtes. Les chapiteaux garnis de feuillages sont très-soignés. A l'extérieur, ces fenêtres affectent une décoration plus sévère: elles offrent deux archivoltes au lieu de trois.

Entre ces ouvertures et l'étage supérieur existe une galerie étroite, éclairée par des arcatures percées, pour la plupart, de baies carrées. Les trois arcatures qui occupent la partie centrale de la galerie sont entourées d'un tore qui repose sur de grosses colonnettes, flanquées de colonnettes plus petites. La voûte en berceau qui surmonte cette galerie est formée d'un blocage très-ancien. Une galerie semblable, pratiquée dans le mur occidental et dans le mur méridional, met chacun des bras du transept en communication avec le triforium de la nef. Le tailloir qui termine les chapiteaux, formé de fines moulures, se profile avec grâce sur le mur et relie entre elles toutes ces arcatures.

L'étage supérieur offre trois fenêtres très-élancées (celle du milieu plus haute que les deux autres). Les archivoltes, au nombre de trois, qui les encadrent reposent sur des colonnettes annelées. La décoration de ces fenêtres est la même que celle de l'étage inférieur. A l'extérieur, elles affectent une grande simplicité. Le bord de chaque baie est taillé en chanfrein.

Le mur occidental du même croisillon est composé également de deux étages de fenêtres. Ces cinq fenêtres, remarquables par leurs gracieuses proportions, affectent entre elles la même forme. Elles sont garnies, à l'intérieur comme à l'extérieur du monument, de deux archivoltes qui reposent sur des colonnettes annelées.

Des fenêtres semblables sont percées dans le mur occidental du croisillon sud, dans la partie supérieure seulement. Les bas-côtés, qui accompagnent à l'orient le transept, forment chacun deux travées, semblables à celles de la nef. Les colonnes monocylindriques qui séparent ces travées offrent de vigoureux chapiteaux, décorés de larges feuilles recourbées.

Trois fenêtres, deux à l'orient et une seule au nord, éclairent le bas-côté parallèle au croisillon septentrional. L'une de ces ouvertures est masquée par le rétable de l'autel dédié à Notre-Dame-du-Rosaire. Ce rétable était autrefois décoré d'une ancienne statue en pierre, provenant de l'ancien couvent des Jacobins. Le mur oriental contre lequel s'appuie cet autel offre, à l'extérieur, une corniche très-ancienne et fort curieuse formée d'arcatures géminées, terminées par des têtes grotesques et des animaux, parmi lesquels on distingue un singe tenant sa tête entre ses deux pattes de devant.

Le bas-côté qui fait face au croisillon méridional était éclairé par trois fenêtres semblables aux précédentes. Deux de ces ouvertures ont été bouchées lorsqu'on a élevé la sacristie. La fenêtre du sud, percée au XIVe siècle, a été divisée, au XVIe, par un meneau qui se bifurque dans la partie supérieure. Au-dessous de cette fenêtre est placé un tombeau du XIIIe siècle, formé de deux arcatures ogivales dont les archivoltes reposent sur des colonnettes terminées par un abaque circulaire. Trois jolis médaillons, sculptés en haut-relief, décorent les angles supérieurs formés par la jonction des arcatures. Le médaillon du milieu représente le buste d'un moine. Les deux autres sont formés de rosaces artistement découpées. Ce tombeau offre une voûte en arête dont les arceaux retombent sur des colonnettes qui tapissent le mur.

Dans la première travée, transformée en chapelle, est placé un autel moderne en chêne, dans le style de l'église, qui a valu à M. Léonard, sculpteur à Lisieux, une médaille en argent, lors du concours régional qui a eu lieu dans cette ville en 1849.

Le transept est éclairé, au midi, par trois fenêtres moins élancées que celles du nord. Les archivoltes portent, de chaque côté, sur des colonnettes. Au-dessous de ces fenêtres existe une série d'arcatures géminées.

La voûte, en arête, du transept est construite en blocage et formée d'arceaux toriques. La charpente du toit est ancienne et parfaitement conservée; elle est composée de chevrons portant ferme et date du XIII° siècle.

Façade méridionale. Le portail méridional, qui fait face à la rue du Paradis, est un précieux spécimen de l'architecture de transition (seconde moitié du XIIe siècle).

Ce portail, d'une grande élévation, est percé au rez-dechaussée d'une belle porte entourée de trois archivoltes, formées de moulures toriques, qui reposent de chaque côté sur trois colonnes détachées du mur et sur trois colonnettes placées en retrait, dont les chapiteaux sont garnis de deux rangs de crossettes végétales. La base, composée de deux tores séparés par une gorge, est reliée au piédestal par une agrafe.

Au-dessus de la porte règne un double rang d'arcatures superposées.

Le rang inférieur est formé d'arcatures géminées, dont les archivoltes reposent sur de légères colonnettes. Le cordon qui entoure chaque archivolte est décoré de ces espèces de fleurs auxquelles les Anglais ont donné le nom de tooth ornament, et terminé à ses extrémités par de petites têtes.

Le rang supérieur est composé d'arcatures beaucoup plus petites, dont l'archivolte unique, décorée de rinceaux, porte sur un pilastre accompagné de deux colonnettes terminées par des chapiteaux feuillagés.

Le cordon décoré de palmettes qui sépare ces arcatures de l'étage éclairé est entièrement neuf.

Au-dessus s'ouvrent trois belles fenêtres à ogive obtuse; celle du milieu plus élancée que les deux autres. Les trois archivoltes qui entourent ces fenêtres s'appuient sur de légères colonnettes, dont l'intervalle est rempli par le tooth ornament que les architectes anglais, au XIIIe siècle, ont emprunté à l'architecture française. Le cordon extérieur décoré de rinceaux, se termine inférieurement par de petites têtes grimaçantes.

Le grand arc de décharge qui surmonte ces fenêtres et relie les contreforts date du XVIe siècle.

La galerie supérieure, placée à la base du gable, est formée de cinq arcatures dont les archivoltes reposent, de chaque côté, sur un faisceau de colonnettes terminé par des chapiteaux feuillagés, dans le style du XVe siècle. Une balustrade à jour, formée de quatre-feuilles, protége cette galerie qui a été reconstruite. On voit encore les amorces de la galerie primitive qui était placée en retrait.

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