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L'élévation du collatéral, prise à l'intrados vers les grands arcs, est de 9 m. 20 c. Cette galerie circulaire a près de 5 m. de large, et l'enceinte du milieu plus de 8 m. de diamètre, comme la coupole dont l'épaisseur de la voûte est de 0 m. 45 c. au sommet, percée grossièrement d'un petit œil central, pour le passage des cloches.

Après avoir esquissé le tableau architectonique de cet édifice, nous voudrions nous occuper des éléments qui furent appliqués à sa décoration. Ils sont pour ainsi dire hiératiques et traditionnels. Ici, l'art est encore établi sur les bases antérieures des styles roman et néo-grec que nous sommes habitués à voir se superposer et se confondre dans les monuments de l'école romano-byzantine.

Ce sont des chapiteaux pseudo-corinthiens, des perles, des rangées de feuilles d'eau imitées des monuments antiques.

La flore murale n'est pas encore réaliste. L'artiste semble craindre de s'inspirer de la nature qui l'entoure.

Il fait assez naïvement de la sculpture gréco-romaine, quand il n'est pas franchement barbare dans quelques chapiteaux. De vrais bas-reliefs n'animent pas l'architecture; mais, d'un côté, le style byzantin s'affirme par l'imitation plus ou moins pure des ordres composite et corinthien; de l'autre, le roman tend à déformer la corbeille, à la décorer d'éléments simples ou composés d'un goût douteux. Pour le tailloir, dont la forme est restée carrée, il emploie un travail d'ornementation qui ne respecte pas les traditions classiques.

Le masque antique, formant quelquefois le fleuron du chapiteau corinthien, envahit par le roman cette partie de la colonne, à moins que l'origine d'une pareille transformation ne doive remonter jusqu'au chapiteau composite où les Romains avaient introduit des figures, des aigles, des victoires ailées. Le roman n'aurait donc fait que précipiter

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dans le mauvais goût cette première décadence. Il invente, en effet, des types de laideur, où le gnosticisme n'a pas toujours paru étranger: ce sont des personnages monstrueux, des figures bizarres et fantastiques, des groupes d'animaux se substituant aux volutes des plantes.

Nous n'avons pas remarqué dans les sculptures de l'église. de Rieux des scènes historiques formant un des genres caractéristiques du roman, ni le chapiteau cubique, invention assez disgracieuse du style byzantin, introduite dans l'architecture romane.

Une ou deux compositions à personnages pourraient cependant nous faire distinguer le chapiteau historié : c'est la Vierge dans un nimbe, entourée de plusieurs anges, placés sur le retour de la corbeille; ils tendent, accroupis, emmanchés d'un long cou, leur figure grimaçante. Est-ce l'Assomption qu'on a voulu représenter ? La Vierge est revêtue d'une sorte de suaire, et les anges ont des ailes. Galbe et travail, tout est naïf dans cette composition. Les figures accusent une ignorance assez grande des lois du dessin. Les parties du corps manquent d'harmonie, les mains se terminent en griffes, mais le travail n'est pas expéditif: il est fait avec soin. Les draperies ont même un certain modelé, une certaine grâce rappelant l'école byzantine.

Nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer, à ce sujet, que la Sainte-Vierge, ainsi représentée, et occupant une place aussi secondaire, même dans une église qui lui est dédiée, ne manque pas de signification. Ceci caractérise les monuments sculptés avant la fin du XII⚫ siècle. A cette époque, en effet, dit M. Viollet-Leduc « la place de la mère de Dieu prit une importance toute nouvelle dans l'iconographie religieuse. »

Un autre petit chapiteau, représentant un prêtre en étole, dévoré par deux serpents, offre un des signes distinctifs de

la sculpture romane avant la fin du XIe siècle, c'est-à-dire une étrange disproportion de la tête et de la partie centrale du personnage avec le bas du corps à peine indiqué. C'est un débris des colonnettes, pourtournant autrefois l'extérieur de l'édifice.

Les chapiteaux à groupes de lions, se rapprochant da genre historié, indiquent aussi, par leur incorrection, un art des plus incomplets.

La partie simple d'ornementation est infiniment mieux traitée. Le fouillé en est délicat. Certaines parties, d'une finesse extrême, indiquent un ciseau exercé à cet ordre décoratif, plus ou moins semblable aux modèles galloromains qui, dans les monuments du midi, étaient encore sous les yeux des artistes. Des chapiteaux corinthiens dont les fleurons ou les roses occupent le centre de la corbeille, au lieu d'être placés à l'abaque; des volutes, des feuilles d'eau, des feuilles d'acanthe épannelées ou finies; des méandres, des torsades, des oves, des perles, des enroulements feuillus de cinq à neuf lobes, imitant la palmette antique, forment surtout la partie décorative du monument.

Le contraste entre les figures et l'ornementation est, nous l'avons dit, ordinaire dans les édifices du XIe siècle.

Les chapiteaux conservent des détails qui s'effacent plus tard la rose et les volutes, par exemple.

Si nous cherchons les analogues de cette sculpture, nous les trouvons dans les édifices des X, XI et le commencement du XII° siècle.

L'architecture s'était renouvelée en Orient dès le VI° siècle, mais l'ornementation sculptée avait gardé un certain caractère abâtardi.

Les monuments comme Ste-Sophie, St-Vital de Ravenne et St-Marc, reproduisent de préférence le type corinthien ; il est plus pur que dans notre église, sans doute, mais un

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