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colonnes à son pourtour, les deux dernières complétant l'ornementation du porche.

Nous savons que les premiers contreforts du roman sont remarquables par leur peu de saillie: ce sont des colonnes plus ou moins engagées ou des pilastres assez grêles. Ces colonnes ne pouvaient avoir d'autre but ici que de concourir à la décoration de l'ensemble.

Un bandeau sculpté en rinceaux entourait l'édifice à une hauteur de 2 m. 05 c. du seuil. Il formait et l'abaque et la plinthe à la fois des colonnes superposées qui s'élevaient jusqu'à la base du comble des bas-côtés de la rotonde. Les chapiteaux des colonnes les plus élevées devaient porter directement la corniche, fort problématique aujourd'hui. Cette disposition architecturale est fréquente au XIe siècle dans le centre et le midi de la France. Une foule d'édifices en Auvergne, sur les bords de la Garonne, et l'abside même de Saint-Papoul, dans l'Aude, nous en offrent des exemples. Nos hypothèses, toutefois, ne pourront devenir des certitudes que lorsqu'on aura dégagé le mur d'enveloppe des constructions parasites qui le font disparaître au dehors.

Au-dessus de la toiture des collatéraux on retrouve les traces d'un larmier roman, forte moulure inclinée. Des assises d'un petit appareil, supportées par les grands arcs de la coupole, servent de base au clocher actuel. A 1 m. 40 c. d'élévation, l'appareil est d'un tiers plus grand sur une hauteur de 2 m. 60 c., jusqu'au cordon de la retraite, sous les baies de la tour. A partir de ce larmier, et jusqu'audessus de l'extrados des fenêtres, c'est-à-dire sur une hauteur d'environ 3 m., l'appareil est probablement postérieur aux deux autres. La porte en ogive percée dans cette partie du clocher, deux fenêtres géminées à plein-cintre, sur doubles colonnettes, dont les chapiteaux accouplés sont taillés à facettes et trois autres baies ogivales, semblent indiquer

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cette date plus récente, quoique l'ogive apparaisse au porche de Saint-Marc, aux grands arcs de Saint-Front et dans la structure d'une foule d'édifices antérieurs à notre église (1). Mais les colonnettes, si frustes qu'elles soient, indiquent au moins le XIII° siècle.

Enfin, la partie supérieure du clocher, d'un style plus qu'équivoque, est en mauvaise maçonnerie. La simple tuile, tenant lieu de corniche, pourrait être une preuve de la surélévation toute moderne que présentent ces dernières assises si nous n'avions déjà remarqué un semblable couronnement à l'extérieur du collatéral annulaire.

Il ne reste aucune trace du système d'après lequel pouvait être revêtu l'extrados de la calotte sphérique, en supposant que la coupole fût apparente. Était-ce par des imbrications retournées comme à Saint-Front primitivement ? Était-ce par des dalles, des ardoises, des tuiles plates ou du plomb, comme à Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle? Rien ne nous l'indique absolument.

La chape de mortier a même disparu, à l'intérieur, sous une épaisse couche de terre, de plâtras et trois blocs de bâtisse qui supportent les cloches et les faîtes de la toiture, en tenant lieu de poinçon: le tout, d'un poids équivalent à celui de 25 mètres cubes de maçonnerie.

Les voûtes des bas-côtés sont actuellement couvertes par un mélange d'ardoises de la montagne Noire, de pierres plates et de lames brutes en marbre de Caunes, maçonnées sur massif. Si ce sont là les matériaux primitifs, ils nous ap

(1) M. Mérimée a dit dans son ouvrage, En Auvergne et en Limousin, p. 104: « Je ne recommencerai pas ici une discussion à laquelle je me suis livré plusieurs fois pour prouver combien peu d'importance on doit attacher à la forme des arcs, lorsqu'il s'agit de déterminer la date d'un monument. »

paraissent à l'état de débris. Un monument, dont les détails ne manquent pas de richesse, ne pouvait pas être sans corniche et couvert d'une manière aussi misérable. Il n'a pas été fini, si l'état actuel n'est point le résultat de transformations et de dégradations répétées. Donc, une tour heptagonale surmonte le dôme; elle ne s'élève pas très-haut et semble même n'avoir atteint at cette élévation qu'à l'aide d'exhaussements successifs. Elle ne se rattache qu'imparfaitement et grossièrement au plan général, quoique ses faces reproduisent les sept pans de la base de la coupole.

Un lanternon composé de colonnettes circulaires, supportant une petite coupole, et posé sur une plate-forme, sans ouverture au centre, comme à Saint-Étienne de Périgueux, par exemple (1), serait bien plus en harmonie avec le mo

nument.

Dans l'édifice primitif, qui semble d'un seul jet, on ne paraît pas d'ailleurs avoir prévu ce clocher; l'escalier de la tour n'est pas enchâssé dans le soubassement, et le bois, en très-grande partie, servit à le construire.

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Vu du dehors le monument est loin de présenter aujourd'hui un tout homogène. Il est presque masqué par le mélange des constructions informes qui l'étreignent.

Mais déjà l'harmonie de ces belles proportions n'existe plus à l'intérieur, où six des arcades bouchées ont ouvert leurs arceaux à de vulgaires chapelles, où une sorte de brèche faite dans un panneau sert de nouvelle entrée, précédée d'un appentis en manière de porche, et où l'ancien portail dénaturé donne accès de l'église dans une chapelle.

(1) Saint-Étienne de Périgueux, Saint-Jean de Colle, Saint-Avit, les églises abbatiales de Souillac, les cathédrales du Puy, de Cahors, etc., églises à coupoles, datent du XIe siècle.

Cette porte principale figurait autrefois un porche de décoration très-peu saillant; car, dans la période romane, où il n'y a plus de catéchumènes, on restreint le porche presque toujours à l'ébrasement de la porte d'entrée. Quatre colonnes et deux pieds-droits supportaient l'archivolte à pleincintre, décorée de moulures toriques unies et tordues, bordées de perles. Les montants du portail, richement sculptés en en entrelacs de feuilles d'acanthe, dans une pierre fine et compacte, sont actuellement placés au nouveau porche, dont on voit bien qu'ils ne devraient pas faire partie.

Ce portail roman, large de 2 m. 70 c. au diamètre du plus petit arc, était probablement à tympan sculpté avec trumeau ou pilier central et consoles moulurées dans le goût du XIe siècle (1) soutenant un linteau; car, à cette époque, le vantail en menuiserie n'avait pas encore pris de grandes proportions. Les parties visibles du cordon de pourtour, venant se raccorder à l'abaque des chapiteaux du porche, indiquent la saillie d'un corbeau destiné, sans doute, à supporter la charpente de quelque auvent. Si le portail avait été précédé d'un porche couvert, la pierre serait moins rongée par le mauvais temps, les chapiteaux seraient moins frustes et les diverses ornementations, surtout du parement de face, ne se seraient pas décomposées sous l'action de l'atmosphère.

Mais puisque nous en sommes aux suppositions, ne serait-il pas plus probable, dans le même ordre d'idées, que le corbeau, dont nous avons remarqué l'amorce, supportait une des colonnes décoratives du porche, avec entablement ou couronnement au sommet?

(1) Les corbeaux de Notre-Dame-du-Port, à Clermont, présentent des moulures semblables.

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Dans cette dernière hypothèse, la porte n'aurait pas même été abritée par un auvent.

Réfutons une objection en deux mots avant de passer outre. Quelques archéologues pensent que les portails du XIe siècle n'avaient que deux colonnes. Cette opinion est plus que contestable. Le portail de Saint-Étienne de Nevers, entre autres, remontant au XIe siècle, en a six; mais il nous reste peu d'édifices intacts de cette époque. La fin du XI et le commencement du XIIe siècle peuvent d'ailleurs se confondre.

L'autel, placé entre les deux piliers de la coupole les plus voisins de la niche absidale, n'offre rien de remarquable. Il est moderne et domine le petit sanctuaire formant le chœur actuel dans le tiers de l'espace compris sous la coupole. Une clôture reliait, il y a peu de temps encore, les sept bases des piles du dôme, et entourait ainsi un sanctuaire central au milieu duquel on ne dit pas cependant que l'autel s'élevât.

Un liturgiste ne manquerait pas de l'y placer aujourd'hui. Ce mur en maçonnerie nous paraît être, comme le clocher, de construction hybride.

Les chaires à prêcher n'ayant pris qu'au XIII ou au XIV. siècle l'importance et la place qu'elles ont aujourd'hui dans les églises, nous n'avons pas à nous occuper du fauteuil (faldisterium), ou de l'ambon, ou de l'estrade en bois qui formait, sans doute, la chaire primitive de Rieux. Ajoutons qu'une crypte, à moitié comblée, fut creusée sous les dalles du sanctuaire.

Et maintenant, quelques détails seulement sur les dimensions en plan et en élévation avant d'aborder la dernière partie de ce travail monographique.

Les murs d'enceinte ont 1 m. 40 c. d'épaisseur. Le diamètre de l'église dans œuvre est de 18 m.; la hauteur intérieure, prise sous la clef de la coupole, est de 13 mètres.

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