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élégante, dont l'archivolte porte des tores conduits en

« Dans le mur latéral du nord qui fait face à l'ancien manoir et se trouve du côté du chemin, existe une porte très

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VUE DE L'ÉGLISE DE SAINTE-MARIE-AUX-ANGLAIS.

V. Petit del.

zigzag et dessinant des losanges. Sur les pierres qui forment le tympan de cette entrée on lit, en caractères majuscules gothiques, les mots suivants:+Pierres Revel; le. Le même prénom, écrit en lettres absolument de même forme, Pierres se trouve gravé sur le larmier qui surmonte le chapiteau d'une des colonnes de la porte occidentale; cette écriture paraît au moins du XIV siècle.

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<< Les modillons sont très-bien conservés et tout est intact du côté du nord; du côté du sud, on a refait deux fenêtres vers la fin du XVe siècle : l'une dans la nef, l'autre dans le chœur. Ce dernier offre, du même côté (sud), une porte cintrée sans moulures, sauf pourtant la pierre formant la clef de la voûte sur laquelle on voit une espèce de palmette perlée.

<< L'intérieur de l'église présente plusieurs genres d'intérêt. << D'abord, les chapiteaux des colonnes ont tous une forme élégante et une décoration végétale annonçant le XII° siècle; le tailloir qui les surmonte est, dans le chœur, orné d'une frette élégante en zigzag. L'arcade entre chœur et nef est en arc brisé et dénote, comme les chapiteaux, l'époque de transition.

« Les fresques qui décoraient les murs attirent à juste titre l'attention de l'observateur; elles ont été, comme partout, couvertes d'une épaisse couche de chaux étendue par un barbouilleur de village, dont le pinceau paraît avoir été un balai ; mais quelques parties de cet enduit sont détachées ; d'autres ont été enlevées par les curieux, et l'on a pu reconnaître que toute l'église était peinte à la détrempe et présentait une suite de sujets. Les couleurs dominantes de ces figures sont, d'abord le rouge d'ocre, puis le jaune ; le bleu se voit aussi dans quelques parties. Ce qui m'a paru remarquable, c'est la simplicité du travail qui ne consiste guère, pour quelques personnages, que dans une esquisse, et qui pourtant produit un certain effet.

« Nous sommes parvenus, M. Pelfresne, M. Victor Petit, M. Renault et moi, à faire tomber la plus grande partie de l'épais badigeon qui recouvrait les fresques que j'avais précédemment signalées dans le chœur. Nous avons pu reconnaître, sur le mur du côté de l'évangile, la représentation de la Cène, et sur le mur faisant face à l'autel, au-dessus de l'arc triomphal, le Christ et deux autres personnages. »

M. de Caumont, continue M. Pannier, ayant analysé plus ou moins brièvement dans sa Statistique toutes les églises de notre diocèse et ayant fixé approximativement leurs dates, nous ne pouvons que renvoyer à son livre très-répandu d'ailleurs et placé dans toutes nos bibliothèques.

M. Bouet cite, de son côté, un certain nombre d'églises qui lui ont paru plus remarquables que les autres dans les arrondissements de Pont-l'Évêque et de Lisieux, notamment celles de Putot-en-Auge, Ouville-la-bien-Tournée et StPierre-sur-Dive (Voir la page suivante), et montre quelques détails tirés de ses riches portefeuilles.

M. le prince Handjéri entretient l'assemblée de plusieurs édifices de son canton et de l'église de Manerbe.

M. de Caumont demande si l'on a quelques souvenirs de mosaïques employées à la décoration des églises?

C'est, dit-il, un sujet de recherches digne de la Société historique de Lisieux. Les mosaïques pour pavages étaient composées à peu près comme les mosaïques romaines; mais il y avait aussi des mosaïques décorant les murs et les voûtes. La matière dont ces dernières étaient composées consistait principalement en petits morceaux de verre ou d'une pâte vitrifiée, ce qui les distingue des mosaïques gallo-romaines, quoiqu'il soit certain que les Romains aient dû se servir aussi de verre.

C'était surtout, comme on peut le voir encore à Rome, à

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Trieste, à Ravenne, à St-Marc de Venise et même en France, à Germigny-les-Prés, à la partie supérieure et voûtée de l'abside, qu'on appliquait cette espèce de décoration d'un grand effet.

« Ces figures, comme on le dit avec raison, ces imageries < mystérieuses représentées en mosaïque, faiblement aperçues dans l'obscurité du sanctuaire, produisaient un effet dont les créations d'un art plus parfait sont privées. >> La figure principale représentait généralement le Sauveur jugeant le monde et des sujets bibliques, que j'ai indiqués dans mes cours d'archéologie.

La série des mosaïques chrétiennes commence au Ve siècle et finit au XIII. Pendant toute cette période, il existe une complète unité de sentiment, comme une seule et même exécution. Ce qu'on connaît des peintures des premiers siècles montre un seul et même faire avec celui des mosaïques.

Peut-être ne pourra-t-on jamais répondre à la question que je posais sur l'existence ancienne de mosaïques chrétiennes dans le diocèse de Lisieux; mais il est toujours bon de faire des recherches à ce sujet.

Est-il certain que notre pays n'ait pas connu les basiliques à double abside qui se voient sur les bords du Rhin et dans quelques localités de France ?-Je n'en sais rien, répond M. de Caumont; toujours est-il que l'ouest de la France pourrait aussi en avoir eu dans les siècles anciens, puisque le type de ces deux absides avait été fourni par la basilique Ulpia élevée les années de Rome 865-et 866.

Les ruines de cette basilique avaient été ensevelies sous le sol qui supporte la colonne Trajane; mais ces reliques du monument qui décorait le forum de Trajan ont été partiellement remises au jour, et la façade a été conservée sur les

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