DE L'ARCHITECTURE EN BELGIQUE PAR A. G. B. SCHAYES. Tome deuxième. BRUXELLES. A. JAMAR, ÉDIteur de la biBLIOTHÈQUE NATIONALE, Publiée sous le patronage du Gouvernement. ÉPOQUE DE LA TRANSITION OU Dans le premier quart du XIIe siècle, le style roman ou romano-byzantin, qui avait fleuri à l'exclusion de tout autre dans la chrétienté entière, depuis plus de six siècles, commença à être altéré par une forme nouvelle, Parc brisé ou en ogive, diamétralement opposé au plein-cintre. Rangés côte à côte ou antés l'un sur l'autre, tantôt aux portes et aux fenêtres, et tantôt aux voûtes d'un édifice, le plein-cintre et l'ogive se prêtèrent un appui mutuel, soit pour la consolidation, soit dans l'ornementation des monuments. Cet accord entre deux éléments si hétérogènes, si contradictoires, dura plus d'un siècle; mais comme il arrive dans presque toutes les institutions humaines, le principe nouveau finit par triompher entièrement du mode ancien: ainsi vers le milieu du XIIIe siècle, le plein-cintre fléchit partout devant l'ogive, l'architecture romane disparut radicalement, et jusqu'au commencement du xvre siècle, l'architecture ogivale obtint sur sa rivale un triomphe complet et incontesté. Si pendant ce laps de temps, le pleincintre ose encore reparaître quelque part, ce n'est qu'accidentellement et par pure nécessité. Les archéologues modernes ont donné avec raison le nom de style de transition à cette architecture hybride, mi-partie romane et ogivale, qui prépara l'ère brillante de l'architecture, si ridiculement nommée gothique jusqu'à ces dernières années. Il est inutile d'observer qu'offrant dans une même construction et le style roman et les éléments plus ou moins complets du style ogival primaire, l'architecture de la transition. n'avait et ne pouvait avoir un caractère propre et original. Aussi pour en connaître les principes généraux, suffira-t-il de combiner ceux du plein-cintre, tels que nous les avons décrits, avec ceux du style ogival primitif, tels que nous les décrirons plus loin. En Belgique, les édifices religieux sont les seuls qui fournissent des exemples de l'emploi du style de transition; mais ces exemples sont aussi nombreux que remarquables sous tous les rapports. Devant donc exclure ici de notre description historique, les deux catégories qui concernent les constructions civiles et militaires, nous n'aurons à nous occuper que de l'architecture religieuse 1 : ce que nous dirons à ce sujet suffira pour donner au lecteur une idée précise 1 1 Bien que l'on trouve des arcs plein-cintre à l'intérieur de l'ancienne halle aux draps de Louvain, construite en 1317, et aux fenêtres de celle de Diest, bâtie en 1346, ces édifices appartiennent essentiellement au style ogival secondaire, et ne peuvent être rangés parmi ceux de la transition. Les profils et les moulures de leurs arcs plein-cintre même s'écartent totalement de ceux du style roman ou de la transition. |