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étape. Nous ne saurions évidemment, dit-il, modifiant le climat, faire qu'aux latitudes septentrionales le maïs trouve, dans un temps donné, une quantité moyenne de chaleur plus grande que par le passé; mais il dépend de nous, en choisissant, en créant peut-être des races plus rustiques, de faire que la période de végétation utile du maïs commence plus tôt et finisse plus tard, ce qui reviendra à accroître la somme de chaleur que pourra recevoir cette céréale. Il est clair en effet que, si l'on peut avancer les semailles de quinze jours et même plus, et retarder la récolte sans que la plante soit arrêtée dans son développement, on arrivera ainsi à lui donner la somme des degrés de chaleur qu'elle reçoit en un nombre de jours plus faible dans le midi. Il rappelle à ce sujet que le maïs quarantain mûrit après avoir reçu 3,300 degrés de chaleur, et le maïs d'été 3,350 degrés, tandis que les grandes variétés d'automne et de Pensylvanie exigent 3,800 et 4,400 degrés, le froment se contentant suivant M. Boussingault, d'environ 2,000 degrés de chaleur. Dans la conviction que le maïs, au sortir de terre, est beaucoup moins sensible aux gelées printanières qu'on ne le croit généralement, M. Fua propose d'en avancer les semailles dans le nord aux premiers jours de mai, ou même dans la première quinzaine d'avril. Il déclare du reste se livrer à des expériences suivies à ce sujet.

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Mais ce n'est pas seulement en mettant le maïs en situation, par un semis plus bâtif que celui admis dans la pratique actuelle, de recevoir un nombre plus grand de degrés de calorique par l'extension de sa période de végétation, que cet agriculteur compte pousser cette culture plus avant dans le nord; c'est aussi par le choix de races précoces ne demandant entre la semaille et la maturation qu'une somme

Partie agricole, etc.

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de chaleur moindre que celle exigée par la race commune. En place du maïs quarantain, le plus précoce de ceux connus jusqu'ici, mais dont le défaut est de ne donner qu'un faible rendement en grains, il propose, sous le nom de Maïs vulgaris æstiva, une forte race pouvant donner, suivant ses premiers essais, 50 hectol. à l'hectare, produit qu'on peut espérer voir s'élever encore, si l'on se reporte à la richesse productive du maïs d'été de Bonafous, dont procède celui en question.

Pour faire apprécier l'importance qu'aurait l'extension de la culture du maïs, l'auteur cite les paroles de l'illustre Gasparin: << Le maïs a pour les pays méridionaux la même << importance que les pommes de terre pour ceux du nord, << mais il a de plus l'avantage d'être par lui-même une << nourriture complète possédant à la fois tous les éléments < carbonés et azotés (matières albuminoïdes, corps gras, << sucre, fécule et phosphates) propres à la nutrition, tandis << que la pomme de terre, par elle-même insuffisante, doit < être associée à d'autres éléments possédant les principes << qui lui manquent. »

A l'occasion de cette communication, M. Bourgeois a fait observer que, dans les pays froids, on pourrait faire pour le maïs ce qu'on fait pour le colza, c'est-à-dire préparer le plant en le couvrant légérement avec de la paille pour ne le planter que lorsque la gelée n'est plus à craindre.

De son côté, M. de Béhague a déclaré avoir obtenu dans son domaine de Dampierre du maïs qui a bien levé et complétement mûri, ce qu'il attribue à ce qu'il a fait châtrer la tête au-dessus de l'épi et effeuiller chaque pied.

M. de Lentilhac a fait observer, d'autre part, qu'au Périgord, où la culture de cette plante occupe à peu près le tiers de surface cultivée, on confie le grain à la terre de la mi

avril à la mi-mai, et, bien que ce climat lui soit plus favorable que celui de Paris, il n'est pas rare, dans les années pluvieuses et froides, dans les sols dépourvus de calcaire surtout, que les gelées ne surprennent l'épi avant sa maturité. Pour lui la question importante n'est pas d'ensemenser de bonne heure, mais de mettre le grain dans une terre suffisamment réchauffée; sans cette condition, le grain se décompose rapidement ou ne fournit qu'une tige grêle, jaunâtre, sans avenir. Dans ce cas, on se hâte de ressemer, mais avec du grain chez lequel on a provoqué un commencement de germination en le laissant tremper dans de l'eau dégourdie. On en use de même pour les vallées froides qu'on peut ensemencer ainsi quinze jours plus tard, sans éprouver d'arrêt dans la végétation. Sous le climat de Paris, l'application de ce procédé serait, selon M. de Lentilhac, préférable à un ensemencement trop précoce, toujours incertain, moins à cause des gelées tardives que du manque de chaleur suffisante dans le sol.

Nouvelles charrues anglaises à arrière-train et charrues bisocs (1).

M. de la Tréhonnais fait connaître, dans le Journal de l'agriculture, qu'au concours de Hull, en Angleterre, son attention s'est plus particulièrement portée sur les charrues destinées aux labours en terre légère. Il fait observer à ce sujet qu'un grand progrès a été constaté par lui dans les constructions des charrues au point de vue de la diminution du frottement et par conséquent du tirage.

Dans les charrues il y a deux causes de résistance à la

(1) Table décennale, p. 23 et 24.

le

traction, dont l'une est indispensable et ne peut être que mitigée, et l'autre inutile au travail et, par conséquent, pouvant être éliminée entièrement avec un avantage absolu. La première, c'est la section de la tranche par le coutre, soulèvement de la bande par le soc, puis son renversement et sa pulvérisation par le versoir : cette résistance peut être mitigée.

En effet le point d'attache de la traction, l'angle du coutre, la forme et la fabrication du soc et surtout la qualité de la fonte à double trempe employée dans sa construction, puis enfin la forme ellipsoïde du versoir, exercent une influence directe et puissante sur la marche de l'instrument et affectent, dans une proportion considérable, le degré de résistance opposée par le sol au passage de la charrue. La seconde cause réside dans le frottement des parties de la charrue qui glissent sur le sous-sol et contre la paroi de la tranche. Il est évident que si on peut construire la charrue de manière à éliminer complètement en deux parties, on arrive à éliminer en même temps la somme totale de résistance que le frottement de ces deux pièces oppose à la traction de l'instrument.

Le problème à résoudre consistait donc à remplacer ces deux pièces résistantes, mais dont l'action était nécessaire à la stabilité de l'instrument et à la rectitude de la direction, par un autre appareil non résistant, mais soutenant toutefois le corps de la charrue de manière à l'empêcher de reposer sur le sol et disposé de façon à maintenir la stabilité et l'équilibre nécessaires à une facile direction. Ce problème, dit M. de la Tréhonnais, a été résolu, d'après les expériences de Hull, de la façon la plus heureuse et la plus absolue,

Dans les charrues nouvelles il n'y a plus que l'age. A cet

age sont directement fixés le coutre et le versoir armé du soc. Il n'y a plus ni semelle frottant sur le sous-sol, ni épaule glissant contre la paroi de la tranche, le tout est remplacé par une simple roue fixée elle aussi à l'age et dont l'axe forme avec la verticale un angle de 35 degrés. Cette roue tourne en s'appuyant sur l'angle droit de la tranche et du sous-sol. Elle supporte tout le poids de l'instrument et, par sa position diagonale, s'appuie suffisamment pour assurer à la marche de l'instrument une direction stable et régulière. Avec cette modification, la charrue n'est plus cette masse trainée péniblement à travers le sol comme une masse adhérente à la surface par tous ses points de contact, mais elle éprouve la même facilité de traction que cette même masse lorsqu'elle est placée sur des roues au lieu d'être à plat sur le sol.

Le même principe a été sans doute appliqué depuis longtemps déjà à la partie antérieure de la charrue au moyen de l'avant-train qui, comme on le sait, diminue beaucoup le tirage des charrues. Seulement, dans nos charrues françaises, cet avant-train est généralement beaucoup trop lourd. A Hull se faisait remarquer une grande simplification de l'avant-train. Au lieu d'avoir deux roues d'inégal diamètre, il n'y en a plus qu'une placée à la droite, c'est-à-dire sur le guéret, de manière à faire contrepoids à la roue diagonale de l'arrière-train. Cette roue antérieure est fixée à l'extrémité d'un axe mobile dont on augmente ou diminue la longueur à volonté, de sorte qu'on peut assurer à l'instrument un parfait équilibre.

Aaec cette amélioration le principe vicieux des araires, dit M. de la Tréhonnais, devra entièrement disparaître. L'araire, d'après lui, est bien la forme la plus erronée au point de vue mécanique qu'on puisse donner à la charrue.

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