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Deux ou trois de ces cercueils sont en pierre coquillière, tout effritée d'ailleurs; n'auraient-ils pas été fournis par des carrières de cette pierre qui existent à quatre lieues d'Aviré. à Noyant-la-Gravoyère?

Les autres sont en dalles d'ardoise, épaisses de 0TM 03 à 004, grossièrement taillées et assez mal juxtaposées. La terre les a envahis peu à peu par les fissures, souvent aussi par suite de l'effondrement du couvercle, que 0 20 à 0m 30 seulement séparent maintenant de la surface du sol. Ce schiste ardoisier se trouvait à une petite distance et devait coûter moins cher que la pierre coquillière.

Les tombes, plus larges à la tête qu'aux pieds, affectent la forme d'une bière; un certain nombre sont doubles, séparées dans toute leur longueur par une pierre d'ardoise; j'en ai même trouvé une triple. Leur longueur varie entre 1m 30 et 1 75; la tombe triple est la plus grande: elle mesure 188, 191 et 160, pour une largeur moyenne de 0m 40 à la tête et de 0m 80 aux pieds et une profondeur de 0m 45. Trois tombes d'enfant n'avaient environ que 1 mètre de long et 0m 30 de large.

Nous ne trouvions rien que quelques ossements, mais la dernière tombe, la plus méridionale, devait nous payer de nos peines en nous révélant l'époque exacte de ces inhumations. La pelle du terrassier fit entendre tout à coup un petit son métallique, et on vit apparaître une agrafe en bronze, une boucle avec son ardillon, une fibule également en bronze et un morceau de fer à peu près informe. Soigneusement nettoyés, les objets de bronze présentaient des dessins légèrement en relief et des tons rouges et verts comme s'ils avaient été émaillés.

Plus de doute, nous nous trouvions en présence des ornements de ceinture ayant appartenu à un Franc que l'on avait enterré tout habillé et qui, sans doute, se trouvait un peu plus haut placé dans l'échelle sociale que ses voisins de lit funèbre.

L'agrafe de l'Angleucherie est à bords découpés et plutôt triangulaire; elle mesure 0m 05 de long sur 0 028 dans sa partie la plus large; le dessin se divise en deux parties; dans les deux tiers de la partie supérieure, ce sont des torsades entrelacées, comme la forme même de la plaque; la partie inférieure, séparée par une double ligne droite, est plus usée on n'y voit guère que deux ou trois demi-lunes tournées vers l'extérieur. Au dos se trouvent les trois petits anneaux qui la fixaient au ceinturon.

La boucle est des plus simples; l'ardillon ressemble aux jeunes têtards de nos étangs; la largeur de la tête est de Om 017; on voit également quelques raies dirigées des bords

au centre.

La fibule, un rectangle allongé, est plus étroite à une extrémité qu'à l'autre; elle ne présente, comme l'ardillon, qu'un relief insignifiant, sur lequel on devine des hachures en forme de V, qui avaient peut-être été garnies de pâte colorée.

Qu'était enfin ce morceau de fer tout rouillé et ébréché? Peut-être un fragment de couteau...

Ayant eu recours à l'érudition de M. L. Maître, archiviste de la Loire-Inférieure, celui-ci attribua les sépultures et leur mobilier funéraire à la fin du Ve siècle ou au commencement du VI, c'est-à-dire au règne de Clovis; ce qui le confirmait dans son opinion, c'est le fait que la paroisse d'Aviré a pour patron saint Martin. Or, à cinquante ans de distance, saint Martin de Tours et saint Martin de Vertou ont évangélisé tous deux cette partie du Craonnais.

Aujourd'hui, le Musée Saint-Jean d'Angers possède le maigre, mais intéressant butin du vieux cimetière de l'Angleucherie.

Fouilles de La Planchette.

Près d'une ancienne gentilhommière nommée La Planchette, et peu distante de Saint-Aubin-du-Pavoil, passe le chemin vicinal de Segré à Saint-Aubin, qui fut jadis la route de Segré à Craon. Les terrassiers qui firent cette voie, en 1874, mirent au jour un certain nombre de tombes en ardoise et en pierre coquillière; les habitants prétendent que ces fosses renfermaient un petit pot rempli de cendres et des ossements.

Depuis, les paysans, soit en défrichant le petit bois voisin, soit en plantant des pommiers, ont levé plusieurs couvercles de cercueils analogues dans les champs voisins et recueilli une bonne quantité d'ossements.

dans la

Les douze tombes que nous avons déblayées Chainaie comme à l'Angleucherie présentent le même caractère que celles du cimetière d'Aviré un peu plus profondes en terre (les unes à 0m 40, d'autres à 0m 50 et même à 070), elles sont, bien entendu, orientées de l'ouest à l'est

:

quelques-unes regardant l'est-sud-est et formées de larges dalles d'ardoise, sauf deux en pierre de Doué; pas de tombes doubles, comme à Aviré; par contre, des tombes d'enfants plus simples encore.

Passons-les brièvement en revue:

No 1. En descendant la côte, la première tombe à gauche de la route, encore visible, comme la suivante, fut coupée à la longueur d'un mètre; sa largeur est de 0m 20; nous trouvâmes, derrière l'emboîture de la tête, un morceau de fer très rouillé, long de 0m 07, sans forme bien précise. Le second cercueil avait dû contenir un homme de haute stature, car, malgré la coupure faite au pied par les terrassements, il mesure encore 2m 05 de long et uniformément 0 39 de large.

N° 2.

N 3. Très bien conservé, ce cercueil n'a que 1TM 65 de long et, comme largeur, 0m 46 à la tête, 0m 28 aux pieds. Ainsi que les autres, il était rempli de terre et nous ne pûmes y découvrir qu'un petit fragment de poterie.

N° 4. Il n'en fut pas de même du suivant, en pierre coquillière, que la barre de fer rencontra, presque à fleur de terre.

La pierre était bien conservée; la châsse, qui allait en se rétrécissant, mesurait 0TM 40 à la tête et 0m 30 à peine lorsque la route l'avait tranchée, c'est-à-dire à 1 mètre.

Présumant que là comme ailleurs ce genre de pierre avait dû conserver le corps, nous enlevâmes la terre avec grande précaution et nous découvrîmes ainsi très nettement le buste du squelette, de la tête aux reins. C'était une femme dans la force de l'âge, à en juger par le crâne et la dentition. La tête, posée sur le côté, s'appuyait sur une pierre qui la mettait de trois quarts. Les bras, allongés le long du corps, plaçaient les mains sur le ventre de la défunte: les os du radius mesuraient 0m 20. Chose curieuse, l'épine dorsale. longue de 0m 40, ne reposait pas au fond du cercueil : il semble que, dans cette auge, en somme fort étroite, on dut forcer les épaules à entrer les premières, ce qui fit bomber la poitrine.

Malheureusement, ni vase, ni arme, ni ornement n'apparurent autour de ce cadavre pour nous indiquer à quelle époque on pouvait le rattacher exactement.

Nos 5 et 6. Traversant la route, nous vidâmes deux tombes fortement endommagées par les terrassiers.

Plus bas se trouvait une tombe d'enfant qui me parut assez singulière.

No 7. Le couvercle et la paroi des pieds étaient des dalles d'ardoise ordinaire, mais les côtés et le bord de la tête avaient été formés de simples pierres de quartz juxtaposées. Longueur: 0m 80; largeur égale: 0m 25.

Les cinq dernières tombes de pierre renfermaient des

débris d'ossements. Les fosses avaient été creusées parallèlement à la route, à 150 de distance.

En résumé, si mes trouvailles étaient minimes, et peutêtre à cause de cela, il nous a paru que le cimetière de La Planchette devait remonter à la même époque que celui de l'Angleucherie, c'est-à-dire à la fin du Ve siècle. Dans les deux endroits, mêmes pierres employées, même forme de cercueils, même absence d'ornements.

Le morceau de fer trouvé à La Planchette était sans doute le reste d'une hachette ou d'un de ces couteaux que M. l'abbé Cochet signale dans la plupart de ses fouilles.

Quant aux clous, indiquent-ils que dans les cercueils en pierre coquillière le couvercle était cloué aux parois des extrémités ? C'est bien possible: la place où nous les avons rencontrés en terre semblerait le dire.

Convient-il de rapprocher ce cimetière si pauvre d'une léproserie qui aurait existé à quelques centaines de mètres plus loin, à la Maladrie? Nous ne pouvons faire que des suppositions.

Les tombes des Rocs.

A Saint-Martin-du-Bois, près de la route qui mène de ce bourg à Andigné, sur un petit mamelon granitique appelé les Rocs (Ro), des journaliers, défonçant le sol pour la plantation d'une vigne, soulevèrent une dalle d'ardoise. C'était en 1902.

En fouillant le tertre, on y trouva quatre tombes, d'ailleurs fort modestes: une simple dalle de schiste, appuyée sur des moellons formant les côtés du cercueil et posés sur champ; pas même de dalle au fond de la tombe : c'est assurément la sépulture de pauvres gens.

Les deux premières de ces tombes touchent presque la route on les trouve à deux pieds en terre. Placées côte à

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