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confluent de cette rivière et du petit ruisseau de l'Achéron. le lieu-dit porte le nom de Rouge-Ecu et dépend de la

ferme du même nom.

Le système de défense comprend une motte artificielle de 6 mètres de hauteur, entourée d'un fossé peu profond, 1 mètre environ, et large de 8 mètres. L'ensemble forme un cercle parfait de 20 mètres de diamètre, y compris la largeur du fossé. Actuellement, cette butte est recouverte d'un taillis très fourré: cette circonstance, jointe à l'état marécageux du fossé, rend l'exploration difficile. J'ai pu décider à grand' peine le paysan qui m'accompagnait à me suivre, il avait une crainte exagérée des vipères; nous n'avons cependant rencontré aucun spécimen de ce reptile.

L'inspection rapide de la motte m'a permis de constater qu'elle présentait au sommet une excavation circulaire assez profonde. Le monticule semble constitué uniquement de terres rapportées, provenant probablement du fossé et des prés voisins, cependant j'ai rencontré, au milieu des racines des arbres, une assez grande quantité de pierres d'ardoise plates et éparses qui laisseraient supposer une ancienne construction; le fermier en a soulevé un certain nombre, mais elles ne portent aucune trace de mortier. J'ai l'intention de faire bêcher le talus de la butte pour reconnaître si réellement une ancienne muraille existait autour de l'excavation. Un léger embranchement de l'Oudon me porte à croire qu'autrefois les fossés communiquaient avec cette rivière.

La motte est précédée, au sud. d'une enceinte de terre formant avant-cour, de forme rectangulaire. Cet enclos mesure environ 50 mètres de largeur du nord au sud et 80 mètres de longueur de l'est à l'ouest, distances comptées à l'intérieur. La plate-forme est au niveau des bords de l'Oudon, la défense est constituée par un fossé de 5TM 70 de largeur et 150 de profondeur; la terre a été rejetée à

l'intérieur et forme un épais rempart. A l'extérieur, le fossé n'est protégé par aucun bourrelet de terre. Ce fossé, aujourd'hui à sec, ne communique pas avec celui de la motte, dont il est séparé par un mince mur de terre; une différence de niveau assez sensible existe entre les deux fossés. Contournant l'enceinte dans la direction nord-sud et sud-est, le fossé atteint la rivière de l'Oudon : une étroite bande de terre empêche les eaux d'y pénétrer.

Le rempart de terre suit la direction du fossé que je viens d'indiquer au nord, entre le fossé de la motte et la rivière, un talus sans fossé complète l'enceinte; à l'est, le talus est interrompu, l'Oudon constituant une défense suffisante. Il existe deux ouvertures dans le rempart, l'une au nord, l'autre au sud, pratiquées sans doute pour l'exploitation des terres. Les angles du retranchement sont arrondis; du côté du fossé, la pente des terres est assez raide et la hauteur du talus atteint en certaines parties, particulièrement aux angles, 4TM 50, mais sa plate-forme ne dépasse pas 2 mètres; vers l'intérieur du camp, la pente est plus allongée, la hauteur ne dépasse pas 2 mètres.

Au plan cadastral, section B, la motte est figurée avec son fossé par un cercle très régulier entouré d'un liseré bleu; elle porte, à l'état de section, les indications suivantes : no 544, le Petit Cloteau, bois-taillis (la motte); no 545, le Mélard, douve (le fossé). La parcelle n° 545, dite la Cour, pré, représente la surface de l'enceinte rectangulaire; les fossés et les talus ne sont pas tracés.

Sur la carte d'État-Major, on remarque un petit cercle. placé à l'extrémité du nom de ferme : la Bethotière, ce signe représente l'emplacement exact de la Butte: la carte de Cassini ne fait aucune mention de notre enceinte, il en est de même de cartes plus anciennes consultées aux Archives de Maine-et-Loire. J'ai vainement cherché, dans les publications relatives à l'Anjou, quelques notes précises sur la Bethotière ou Rouge-Ecu. Cependant, le Dictionnaire

historique de M. Port, qui mentionne simplement le lieu-dit la Bethotière, indique à Rouge-Écu un ancien logis encore entouré de douves, que remplit souvent le ruisseau de Chalonge. En février 1796, le chef chouan Lecomte y aurait été arrêté; l'auteur fait-il allusion à un logis qui aurait existé à cette époque sur la motte de Rouge-Écu, ou bien ce logis était-il placé aux environs ? Quelques personnes très âgées ont entendu vaguement parler d'une construction qui aurait existé dans le bourg de Rouge-Ecu. Quoi qu'il en soit, en 1826, époque de la confection du cadastre de Châtelais, la butte était déjà couverte de taillis.

La tradition populaire désigne cette enceinte sous la dénomination de Camp romain de Rouge-Écu.

Le bourg de Châtelais, placé au sommet d'un escarpement assez élevé, est très ancien: on trouve aux alentours les traces et les caractères bien évidents d'occupations successives, cette région a dû être peuplée depuis les temps préhistoriques, elle l'était encore lors de l'occupation romaine. A la Faucille (commune de l'Hôtellerie), on a trouvé des médailles celtiques; aux environs du bourg de Châtelais, les vestiges romains ou gallo-romains sont nombreux, une voie romaine y a été constatée. Les anciennes fortifications, grossièrement construites et presque sans fondations, sont dépourvues de tours

A environ 1.200 mètres vers le nord-est, j'ai retrouvé les vestiges de l'enceinte de Saint-Julien décrits par M. Port et considérés par lui comme les restes d'un oppidum celtique. Il ne subsiste actuellement sur une longueur de 100 mètres qu'une portion du rempart et des fossés, le tout planté de superbes châtaigniers centenaires qui, jusqu'ici, ont protégé ce vallum de toute destruction. L'ensemble de la fortification, légèrement incliné vers l'intérieur de l'oppidum, s'étend sur une largeur de 23 mètres et se compose d'un talus de terre hauteur: 3 mètres;

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largeur de la plate-forme: 5 mètres élevé entre deux fossés le fossé extérieur mesure 4 mètres de largeur au fond sur 150 de profondeur; le fossé intérieur, 1m 50 de largeur au fond sur 3 mètres de profondeur. Les pentes du talus sur chacun des fossés sont très allongées par suite de l'affaissement des terres. L'enceinte se termine brusquement à la crête du coteau, à 80 mètres, presque à pic sur l'Oudon. Je n'ai pu retrouver les autres traces de l'enceinte signalées par M. Port, car de vieux habitants du pays m'ont affirmé qu'elles ont disparu.

L'enceinte de Rouge-Écu est bien différente comme dimensions, comme importance et comme situation de celle de Saint-Julien. Elle a dû être élevée comme but de défense ou d'observation à un passage de la rivière. S'il ne paraît pas impossible, mais peu probable, que la butte ait servi de motte féodale ou de base à un logis, cela n'empêcherait pas une origine plus ancienne et plus certaine qu'il me semble permis de lui attribuer. Sans pouvoir préciser, ne pourrait-on supposer que l'enceinte de Rouge-Écu était un poste avancé de celle de Saint-Julien, utilisé plus tard comme base d'habitations disparues?

II

LES TOMBES EN PIERRE

DU CANTON DE SEGRÉ

Par M. le baron de VILLEBOIS-MAREUIL.

Cimetière de l'Angleucherie.

En 1897, le père Lefrançois. propriétaire de la petite ferme l'Angleucherie, d'Aviré, mettait au jour, en labourant son champ de la Chainaie, des tombes en pierres d'ardoise. dont quelques-unes contenaient encore des ossements.

Autorisé à continuer les fouilles commencées par ce cultivateur, je découvris, sur un espace d'un demi-hectare, — tant dans la Chainaie que dans la pièce voisine, dite le Petit-Enclos, vingt-neuf tombes, toutes à peu près orientées vers l'est-sud-est.

La plupart de ces tombeaux étaient agglomérés sur le sommet du coteau, à 1 mètre, parfois même à 0m 50 les uns des autres; quelques-uns, isolés, se rapprochaient du petit ruisseau qui borde le champ à l'ouest. Mais il paraît que ledit champ a servi par endroits de carrière, comme l'indiquent les dépressions du sol: les fosses auront été détruites là où le carrier a passé.

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