Non moins apprécié est, pour nous, l'honneur de recevoir, grâce au Congrès, la visite d'éminents représentants de nations étrangères, unies à notre chère France par une cordiale amitié.

Je vous citerai les premiers, mes chers confrères de Belgique, car, en me décernant, ainsi qu'à mon excellent ami le marquis de Beauchesne, le titre de correspondant de l'Académie royale d'Archéologie de Belgique, et en m'admettant dans la Société archéologique de Bruxelles, vous n'avez pas acquis seulement à ma gratitude des droits imprescriptibles: vous m'avez fait un peu Belge! De tout cœur, je vous salue fraternellement autour de M. le vicomte de Ghellinck, qui représente si brillamment parmi nous le gouvernement de votre nation, sœur très aimée de la nôtre; autour de M. le colonel Lambert, de l'armée belge, et de M. Louis de Buggenoms, qui me permettra de le qualifier de «vieux manceau », puisqu'il est déjà venu nous voir, en 1899. avec la Ghilde de Saint-Thomas et de Saint-Luc, et qu'il connaît déjà... la maison de la reine Bérengère !

Je vous salue bien amicalement aussi, mes chers confrères d'Angleterre, groupés autour de M. John Bilson, l'un de vos plus savants architectes, membre de l'Institut royal archéologique de Londres; autour de M. Godfray, de Jersey, dont l'inoubliable réception, lors de mon premier Congrès, en 1883, demeure l'un des meilleurs souvenirs de mes campagnes archéologiques.

A l'instant enfin, je viens d'apprendre l'arrivée de M. Puig y Cadafalch, architecte à Barcelone, représentant de l'Espagne, et de M. Labande, délégué de S. A. S. le prince de Monaco. Je ne suis pas moins heureux de leur adresser tous nos souhaits de bienvenue dans notre ville du Mans.

Au milieu de la joie que vous nous apportez tous, mes chers confrères du Congrès, nous avons un regret, celui de ne pouvoir vous garder plus longtemps. Vous allez traverser notre ville avec une rapidité que pourraient vous envier bien des automobilistes en panne. Je souhaite que vous en emportiez cependant un agréa ble souvenir, et je tiens, en terminant, à remercier tous les amis qui ont bien voulu, en dehors du protocole officiel, inconnu dans nos déjeuners de Congrès, nous aider à vous donner bonne opinion de notre hospitalité provinciale:

M. Legué, maire du Mans, tout d'abord, dont le patriotisme éclairé est toujours prêt à seconder nos efforts en faveur de nos anciens monuments; M. Auburtin, président du Tribunal, qui veut bien juger les archéologues avec la même impartialité que les plaideurs; M. Morancé, conservateur du Musée archéologique, président de la Société d'Horticulture; M. Gentil, président de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, la doyenne de nos sociétés mancelles; M. le colonel Labiche, président de la Société des Anciens Officiers; M. Tournouër, président de la Société historique et archéologique de l'Orne; M. l'abbé Calendini, président de la Société d'Histoire, Lettres et Sciences de La Flèche; M. le comte de Beaumont, vice-président de la Société archéologique de Touraine; M. Laurain, secrétaire de la Commission historique de la Mayenne; M. G. Fleury, inspecteur départemental de la Société française d'Archéologie, et mes chers confrères de la Société historique et archéologique du Maine, accourus au nombre de plus de trente à l'appel de leur président et des membres de leur bureau, pour vous témoigner ici leur affectueuse sympathie."

A côté de ces distingués représentants des Sociétés savantes locales, qui écrivent l'histoire de nos monuments avec leurs plumes, je tiens enfin à remercier tout particulièrement M. le vicomte de Montesson, ancien chef de bataillon des mobiles de la Sarthe, un glorieux combattant de Coulmiers, d'être venu représenter parmi nous, Messieurs, le 33° régiment de mobiles. Les soldats de ce régiment, dont la Sarthe demeure toujours fière, n'ont écrit, sans doute, avec la plume, aucun chapitre d'archéologie, mais ils ont écrit avec leur sang l'une des plus belles pages de l'histoire militaire de notre département !

-

Je suis assuré, Messieurs, d'être l'interprète fidèle de tous, aussi bien que celui des amis, plus nombreux encore, qui ont dû s'excuser, en renouvelant à la Société française d'Archéologie l'assurance de notre inaltérable dévouement, en levant mon verre en son honneur et en votre honneur, Mesdames, qui évoquez si gracieusement dans ses rangs la séduisante figure de Bérengère de Navarre !

M. E. Lefèvre-Pontalis prend ensuite la parole et remercie MM. Robert Triger et Gabriel Fleury du concours si actif qu'ils apportent à la Société française d'Archéologie. Il annonce qu'une médaille de vermeil a été décernée à M. le marquis de Beauchesne pour ses remarquables travaux historiques et la science archéologique dont il a fait preuve en dirigeant la restauration de son château de Lassay. Il termine en portant un toast à la ville du Mans.

M. Legué, maire du Mans, remercie la Société de son invitation et l'assure de toute la sollicitude du Conseil municipal pour la conservation des monuments de la

ville.

Dans l'après-midi, M. Gustave Singher a fait les honneurs de la maison de la reine Bérengère et a guidé les congressistes au milieu de toutes les curiosités que son père avait réunies avec tant de persévérance dans cet édifice si intéressant.

SÉANCE DU SAMEDI 18 JUIN

PRÉSIDENCE DE M. E. LEFEVRE-PONTALIS

Prennent place au bureau : MM. le comte Lair, de Farcy, John Bilson, L. Bégule.

M. Gabillaud entretient les membres présents de la découverte d'un balnéaire antique qu'il a faite, en 1909, à La Barbinière de Moulins (Deux-Sèvres).

M. O. Desmazières parle ensuite des restes de l'oppidum gaulois sis au lieu dit Rouge-Écu, dans la commune de Chatelais (Maine-et-Loire).

Enfin, M. le marquis de Beauchesne retrace l'histoire du château d'Angers sous le règne de Henri III. Les lettres échangées entre le roi, Henri de Joyeuse et le comte du

Bouchage jettent un nouveau jour sur les négociations qui précédèrent le démantèlement des tours.

M. le Président félicite notre confrère d'avoir si bien tiré parti des pièces originales.

BANQUET

DIMANCHE 19 JUIN

A 7 heures, au Grand-Hôtel. cent convives s'asseyaient autour de la table présidée par M. E. Lefèvre-Pontalis, qui avait à sa droite M. le docteur Labesse, adjoint au maire d'Angers, et à sa gauche M. le docteur Peton, maire de Saumur. A l'heure des toasts, M. E. Lefèvre-Pontalis, après avoir présenté les excuses de M. Tallon, préfet de Maine-etLoire, de Mgr Rumeau, évêque d'Angers, de M. Bodinier, sénateur, président de la Société d'agriculture, sciences et arts, du professeur Monprofit, maire d'Angers, lève son verre en l'honneur de la ville d'Angers, cette artère si vivante du cœur de la France.

M. le docteur Labesse boit à la santé du président du Congrès, de M. Magne et des dames. M. le vicomte de Ghellinck, représentant du Gouvernement belge, sir George Fordham, M. de Buggenoms, M. Puig y Cadafalch. M. Labande, délégué du prince de Monaco, prennent successivement la parole. M. le chanoine Urseau porte un toast aux architectes, M. le général Avon aux membres de notre Société et à notre directeur, M. Mayeux aux archéologues et M. Raymond Chevallier à la presse angevine.

SÉANCE DE CLOTURE DU LUNDI 20 JUIN

PRÉSIDENCE DE M. E. LEFEVRE-PONTALIS

La séance est ouverte à 9 heures.

Prennent place au bureau: MM. le docteur Labesse. adjoint au maire; le vicomte de Ghellinck, le marquis de Fayolle, Demaison, R. Triger, de Farcy, le comte Lair. L. Serbat, le chanoine Urseau.

M. E. Lefèvre-Pontalis fait une communication sur l'école gothique angevine, dont il précise les caractères distinctifs. en insistant sur le plan des églises, sur les différents types et sur la structure des voûtes d'ogives de la région au XII et au XIIIe siècle, sur la décoration des chapiteaux.

Dans une conférence accompagnée de projections. qui a obtenu le plus grand succès, M. Ch. Besnard décrit ensuite le château de Fougères.

Les vœux suivants sont proposés et émis par le Congrès: 1o Classement et restauration de l'église de Sallertaine (Vendée), proposé par M. l'abbé Grélier.

2o Enlèvement des moulages qui encombrent la grande salle du Musée Saint-Jean.

3o Entretien et conservation de la chapelle Saint-Jean de Saumur, par MM. A. Héron de Villefosse, de La Guillonnière, É. Travers et le comte Lair.

Un vœu de M. Fabrège, tendant à ce que tous les membres de la Société coopèrent à une plus large diffusion du Bulletin Monumental, est en outre adopté.

M. le Président remercie tous ceux qui ont pris part aux travaux du Congrès et qui ont assuré son succès par leur dévoué concours. Il donne ensuite lecture de la liste des lauréats.