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voit à toutes les rencontres des murs sont en grès, provenant de blocs erratiques qui sont fréquents dans la contrée. Toutes les ouvertures extérieures sont en pierre de taille de Poitiers et les lucarnes en tuffeau de Saumur. A l'intérieur. tous les escaliers sont en pierre de taille des Rairies, en Anjou, les encadrements de portes et les embrasures des fenêtres en tuffeau de Saumur. Si l'on en juge par les difficultés de transport à cette époque, la dépense a dû être fort élevée, il fallait certainement une famille aussi riche que celle des Leclerc de Juigné pour mener les travaux à bonne fin.

L'architecte n'est malheureusement pas connu, quant aux ouvriers qui ont exécuté les travaux de pierre de taille, je suis porté à croire que ce sont les mêmes qui avaient construit auparavant le château de Bouër (Sarthe). On y voit la même coupe de pierre, certaines moulures d'encadrement de fenêtres absolument semblables, et la porte d'entrée, quoique moins belle que celle de Verdelles, présente une grande analogie.

Le château de Bouër a été bâti par les soins et pour le compte du cardinal de Luxembourg, évêque du Mans, également à la fin du XVe siècle. On sait que cet éminent personnage a, durant sa vie, fait édifier d'importants ouvrages, dont les principaux sont le jubé de la cathédrale du Mans, le château cité ci-dessus, et la chapelle de l'évêché du Mans. Avant de les mettre à exécution, il avait fait en Italie plusieurs voyages, qui l'avaient conquis à l'architecture de la Renaissance, et à son retour, il s'était entouré d'ouvriers habiles et d'artistes de la nouvelle école. Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que ces artistes et ouvriers aient contribué à la construction de Verdelles.

Ce n'est là, bien entendu, qu'une hypothèse. Espérons qu'un jour, une quittance ou un compte inédit nous révélera les noms des habiles constructeurs de Verdelles.

Sous-sol.

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On pénétrait dans le sous-sol par une porte que défendait un pont-levis et qui s'ouvrait dans la pièce B.

De cette salle, partent deux escaliersten pierre de taille,

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l'un donnant accès seulement au rez-de-chaussée et l'autre desservant tous les étages jusqu'au grenier.

Ce dernier, à noyau évidé en forme de spirale, est fort intéressant, il donne la sensation qu'il se déplace à mesure que l'on monte, pour laisser un plus large passage. Des moulures prises à même ce noyau sur la rive forment

main courante et s'arrêtent sur un socle mouluré à six pans, placé sur la deuxième marche.

Le génie de l'ouvrier qui l'a construit se révèle à la fois dans l'exécution parfaite et dans l'habileté avec laquelle il a su tirer parti d'un espace si restreint. Il a vaincu toutes les difficultés, et il a donné à cet escalier l'élégance et la commodité qui en font une œuvre vraiment remarquable.

Quatre meurtrières, de formes différentes suivant leur position, défendaient cette partie de l'édifice. Aux angles de la pièce centrale A, des portes très curieuses par leurs ébrasements en biais et complètement différents, livrent passage dans les quatre tours. Le plafond est formé de solives apparentes supportées par deux poutres moulurées sur les rives. Au fond de la pièce, près de ce plafond, on aperçoit un joli cul-de-lampe en pierre de taille, ravalé de moulures, qui sert à supporter la grande cheminée du rezde-chaussée.

La tour C n'a de particulier que le départ d'un souterrain dont l'entrée a été bouchée et qui prenait la direction des lignes pointillées du plan. Il semble même qu'il n'a jamais été terminé, il s'arrête sous la cour et paraît n'avoir pas eu d'issue.

La pièce D, elle, n'attire l'attention que par ses quatre meurtrières savamment disposées.

La pièce E possède un petit escalier en pierre, à noyau, construit entièrement dans l'épaisseur du mur. Il est probable qu'il était affecté spécialement à la défense du château. car il dessert toutes les galeries superposées entre les deux grosses tours rectangulaires et les chemins de ronde des mâchicoulis.

On entre ensuite dans la pièce F, qu'on appelle « la Prison ». Celle-ci est éclairée par une jolie petite baie, dont le tableau a la forme d'une niche. Sa voùte est en berceau

plein cintre: on voit à son sommet quatre ceps en fer forgé qui devaient servir à attacher les prisonniers par

le

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