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colombe. Plus loin, des aigles se détachent sur trois corbeilles, dont l'une est flanquée de deux fruits d'arum.

Les bas-côtés sont recouverts d'une série de berceaux transversaux en plein cintre très surhaussés, qui retombent sur des doubleaux de la même forme, soutenus par des pilastres. Ce système de voûtes mérite d'attirer l'attention, car si les Cisterciens ont beaucoup contribué à le répandre, comme on peut le constater à Fontenay, à Bonneval (Aveyron), au prieuré de Saint-Pathus et à Fountains-Abbey, c'est dans les églises bénédictines qu'il fit son apparition pour contrebuter le vaisseau central, comme au Ronceray. En effet, on en voit le premier exemple dans la salle basse du narthex de Saint-Philibert de Tournus, et le second dans les ruines de l'église bénédictine de Maillezais, en Vendée, où les amorces des berceaux transversaux qui recouvraient les tribunes sont faciles à distinguer. Viollet-le-Duc a eu tort de prétendre que les bas-côtés de la nef de Saint-Remi de Reims, jadis recouverts d'un plafond de bois, étaient voûtés de la sorte au XIe siècle (1). Les collatéraux des croisillons de la même église sont seuls surmontés de petits berceaux transversaux qui n'étaient pas des organes de butée, car le vaisseau central du transept était lambrissé avant la construction des voûtes d'ogives actuelles. Dans l'église latine de Saint-Front de Périgueux, consacrée en 1047, les bas-côtés de la nef étaient recouverts de voûtes du même genre.

Au XVIIe siècle, on eut la fâcheuse idée de murer la partie basse des travées de la nef et de recouper les bas-côtés dans leur hauteur par des voûtes d'arêtes, afin d'établir des tribunes qui s'ouvraient sur la nef par les grandes arcades. Enfin, à l'époque moderne, ces baies, bordées par des balustres dans la seconde et la troisième travée, ont été aveuglées par une cloison. En montant dans les tribunes

(1) Dictionnaire raisonné de l'architecture française, t. IX, p. 240.

du bas-côté sud, on remarque la liaison des jambages des larges fenêtres ébrasées, dont l'archivolte est en plein cintre, avec les pilastres qui correspondent à la retombée des doubleaux. Les assises, séparées par de gros joints. portent des stries obliques formées par un large ciseau: cette taille est toute différente de celle des pierres du chevet. Le bas-côté nord est devenu la galerie méridionale du cloître qui est surmontée de tribunes murées, mais à l'origine ses berceaux transversaux étaient visibles du pied des piles. Le mur extérieur de ce collatéral fut donc démoli par l'architecte chargé de rebâtir le cloître et les autres bâtiments de l'abbaye.

Au centre du transept, il faut signaler, à l'ouest, des ressauts en forme d'angle aigu amortis par un tailloir et relancés sous les pendentifs non distincts d'une coupole en blocage qui devait ressembler à celles qui se trouvent sur la croisée des églises de Saint-Martin d'Angers et de Fontevrault. Elle s'élevait beaucoup plus haut que les voûtes en berceau des croisillons, qui se trouvent à un niveau inférieur à la voûte de la nef. Il en résulte que l'architecte de cette coupole fut obligé de monter un mur de refend au-dessus du premier doubleau des croisillons afin de masquer l'étage du comble on en voit encore la trace du côté sud. Les quatre arcs en plein cintre à deux rouleaux qui limitent la croisée retombaient sur deux colonnes engagées, mais le plan des piles occidentales n'est pas le même que celui des piles orientales.

Une hypothèse très séduisante peut se présenter à l'esprit en examinant les ruines de la croisée, mais il est toujours bon de ne pas se laisser influencer par une première impression. N'y avait-il pas au centre du transept, comme à Beaulieu-les-Loches, une lanterne rectangulaire qui s'étendait au-dessus de la première travée de chaque croisillon? Le grand are en plein cintre, dont l'amorce est encore visible à l'ouest au sommet du croisillon sud, n'aurait-il pas été

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