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consul de France à Larnaca, s'est livré à des recherches archéologiques qui ont été couronnées de succès. Il a réuni une douzaine de curieuses statuettes, neuf têtes intactes provenant de sculptures mutilées et deux belles statues.

L'une de ces statues, magnifique spécimen de l'art grec des meilleures époques, est de grandeur naturelle et parfaitement conservée. Elle représente une femme vêtue d'une tunique qui descend jusqu'aux pieds et qu'une ceinture attache à la taille; sur la tunique est jeté un second vêtement qui sert à la fois de voile et de manteau. La tête est d'une beauté sévère et noble. La main gauche tient un oiseau; la partie supérieure de cette main et la tête de l'oiseau manquent; mais comme la section est nette, polie, perpendiculaire, on suppose qu'à cet endroit, qui fait saillie, la pierre ayant manqué au praticien, il a ajouté pour les doigts de la main et la tête de l'oiseau un morceau qui, simplement collé, s'est détaché lors du renversement de la statue. Des attributs qui semblent être un disque et un miroir pendent du côté gauche.

Parmi les statuettes, il y en a deux qui portent sur la tête et le visage les traces d'une coloration en rouge. La plus grande et la mieux conservée de toutes tient, de la main droite, sur sa poitrine une fleur, et de la main gauche une patère et une palme appuyée le long du bras. D'autres statuettes ont des fleurs que l'on reconnaît pour des lotus; la plus petite est une joueuse de cithare.

Dans les dessins qu'on nous communique, et qui sont dus au crayon fidèle et exercé de M. Oury, nous remarquons une tête de femme d'une expression et d'une beauté admirables.

Ces objets, en pierre calcaire, ont été trouvés à un mètre ou deux de profondeur, au village de Dali, qu'on suppose voisin de l'ancien Idalium, célèbre sanctuaire de Vénus dans l'île de Chypre. On les a découverts sur deux collines dénudées, situées à cinq ou six cents mètres du village. Des masses de cailloux roulés et de galets parsèment les champs au pied de ces élévations, et indiquent que le torrent qui coule aujourd'hui à un kilomètre devait passer jadis au bas des collines.

Miroir antique. Ce miroir, trouvé près de Palestrino (Préneste), vient d'être signalé à l'Institut par M. de Witte. Les anciens dépensaient des sommes fabuleuses pour orner ces objets de toilette, et tel miroir encadré d'or ciselé, rehaussé de perles et de pierres précieuses, représentait parfois la dot d'une fille de famille.

Le miroir trouvé à Préneste, dit la Patrie, a la forme circulaire; ce qui en fait une rareté précieuse, c'est qu'il a des inscriptions latines. Les miroirs avec inscriptions étrusques sont, paraît-il, assez nombreux, mais, à l'heure présente, on ne connaît que sept ou huit spécimens de ceux qui possédent des inscriptions latines remontant à deux siècles ou à deux siècles et demi avant notre ère. Celui dont il est question, est orné de trois figures, formant un sujet singulier dans lequel on reconnaîtrait l'histoire de Téléphe en Aulide, s'il n'y avait aucune inscription; mais tous les personnages portent des noms inconnus dans les récits mythologiques.

Dans une carrière de fut

Médaille en or du genre victoriati. stalagmite, formée à la source du ruisseau de Salsou, à Tournemire, près Roquefort (Saint-Affrique), un ouvrier carrier a trouvé ces jours derniers, à la profondeur de six mètres de la concrétion, une médaille en or, du genre victoriati, de 14 millimètres de diamètre.

L'avers porte une tête de guerrier, de profil, avec diadème, et l'inscription IN HASTA IVS PPAV (in hastâ jus præposuit (?) præparavit (?).....

Le revers porte une Victoire ailée, assise, avec l'inscription: VICTORIA AVGVSTORVM - COBONS

Cette découverte, précieuse au point de vue de la numismatique, l'est peut-être davantage au point de vue de la géologie, parce qu'elle peut donner une certaine mesure du temps que mettent à se former les grandes masses de concrétions produites par les eaux. Cette trouvaille a été confiée à un amateur de Saint-Affrique, qui espère en faire l'acquisition, pour la préserver du creuset destructeur. A. A. (Napoléonien de l'Aveyron).

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Autel gaulois. Découvert à Ebreuil (Puy-de-Dôme), ce monument paraît remonter aux temps primitifs de la Gaule. C'est une pierre de granit, d'un mètre cube environ, ayant la forme d'un prisme tronqué terminé par un plateau légèrement incliné. Sur l'arète qui occupe le sommet du plateau est sculptée une tête d'animal. Deux rigoles profondément creusées partent de ce point, suivent les bords de la pierre et aboutissent à un récipient creusé à la partie la plus basse..

On est, ce semble, autorisé à voir dans ce monument un autel gaulois destiné aux sacrifices sanglants, et du genre de ceux que les Romains nommaient tauroboliques.

Murs romains de Dax. On connait l'importance archéologique des murs romains que la ville de Dax a pu conserver jusqu'à nos jours. On sait aussi combien ils ont été sérieusement menacés par l'édilité du lieu. Les hommes dévoués aux souvenirs du passé et à ses monuments avaient protesté, et souvent le Bulletin Monumental, qui sait si bien prendre la défense, dans le domaine de l'archéologie, des intérêts menacés, avait enregistré leurs réclamations motivées. Plus que tout autre, M. de Lobit de Monval s'élevait contre la destruction de ces vieux remparts. Au mois d'avril dernier, la Société française d'archéologie lui décernait une médaille à ce sujet. Il a aujourd'hui trouvé une plus entière satisfaction encore dans la décision ministérielle qui vient d'ordonner la conservation du monument. Le bon sens public s'est révolté à la pensée de le voir disparaître une enquête a été ouverte; elle a permis de constater combien le sentiment public était hostile au projet de destruction; une pétition, portant 713 signatures, est venue se joindre aux précédentes protestations. C'est alors que l'administration supérieure, après une étude approfondie, un examen des lieux, et conformément à l'avis de la direction générale des Beau-Arts, a pris la décision qui réjouira tous les amis de l'art, et méritera leur reconnaissance.

P.

Bibliothèque de la cathédrale d'Héreford.-Dans cette collection, les livres, selon la coutume adoptée par le Moyen-Age, sont encore attachés avec des chaînes. Chacune de ces chaînes est terminée par un anneau enfilé dans une barre de fer horizontale, au bout de laquelle se trouve fixé un cadenas. C'était jadis une précaution nécessaire, à cette époque où la littérature était plus rare et le livre plus estimé qu'aujourd'hui, et où l'on avait tout lieu de craindre que la distinction entre mien et le tien ne fût pas bien nettement établie. Cette bibliothèque est entièrement conservée telle qu'elle était au Moyen-Age: boiseries, ferrures, livres, rien n'a subi la restauration nécessitée par la marche du temps et des lumières. Elle contient environ 2,000 volumes, la plupart en latin; 256 sont manuscrits et enchaînés comme je viens de le dire. Le plus ancien est une copie des quatre Évangiles, léguée à la cathédrale par Athelstan (1012-1056), son dernier évêque saxon. Le plus remarquable d'entre ces manuscrits est la liturgie de Hereford, qui fut écrite dans ce diocèse en 1265.

On y remarque encore un exemplaire admirablement relié de la Bible originale de Wickliffe; d'autres Bibles de 1480 à 1690; Hartmanni Chronicon (1493), Higden's Polychronicon avec additions par William Caxton en 1495; Legenda aurea, 1483, par Caxton; et, enfin, Ptolemæi geographia. La fameuse carte du monde, qui date de l'an de 1314, et que l'on croit avec celle de la cathédrale de Florence la plus ancienne existante, a été enlevée de cette bibliothèque et se trouve placée maintenant dans l'aile sud du chœur, pour la commodité des visiteurs. Il est fâcheux que les autorités diocésaines aient si peu de confiance dans l'intelligence de notre siècle, et qu'elles fassent de l'entrée de cette bibliothèque l'objet d'une faveur toute spéciale, car c'est à peine si un visiteur sur cent y est admis.

(Journal de la Librairie.)

Montauban, Imp. Forestié Neveu, rue du Vieux-Palais, 23.

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A ville de Montauban est, à juste titre, fière de son beau pont, le plus remarquable des monuments que lui ont laissé les ravages du temps et de la guerre. Depuis plus de cinq siècles il est encore,

ainsi que le disait Charles VI, une grant et notable chose (1), pouvant rivaliser avec nos ponts modernes par sa hardiesse et sa solidité. Nous l'avons souvent, vu admirer par les touristes, qui l'appréciaient comme ajoutant à la beauté du site, et par les hommes les plus compétents, qui étudiaient en lui un problème résolu d'élégance et de durée (2).

Tout le monde connaît l'histoire de ce pont; elle est intimement liée à celle de la ville. M. Devals, dans les Annales archéologiques de Didron, et dépuis au congrès tenu à Montauban en 1865, a donné une excellente notice à laquelle on doit recourir. Nous ne comptons pas aujourd'hui revenir sur ce travail, pas davantage étudier le pont au point de vue de sa construction. Un peu plus

(1) Lettres patentes du 8 mars 1405.

(2) MM. de Verneilh, de Caumont, Viollet-Leduc, ont décrit et souvent cité le pont de Montauban comme étant l'un des plus intéressants de France.

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