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reliquaires de cette dernière époque, et ne saurions assez leur demander de les conserver avec un soin jaloux.

Le pied de la monstrance de N.D. du Moutet est d'une forme assez pure pour rappeler les traditions du XIVe siècle. La base, ornée de fines gravures, est polylobée et supporte une tige coupée par un noeud élégant. Au-dessus est placé un petit édicule, ayant aux quatre angles de légers contreforts, terminés en pinacles et sur lesquels prend naissance, sur chaque face, une ogive en accolade dont les rempants, garnis de crosses végétales, amènent à un fleuron; au centre, une croix surmonte la toiture dominant le tout (1).

Nous avons souvent retrouvé dans nos églises rurales des objets

de ce genre, et nous espérons, dans la suite, faire connaître les plus intéressants.

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L'abbé F. P.

(1) Le dessin que nous donnons a été fait d'après une photographie de M. Mignot. Le reliquaire est faussé, ainsi que l'indique la gravure.

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CHRONIQUE.

Monnaie inédite des archevêques d'Arles. Marseille la communication suivante :

Nous recevons de

Le cabinet des médailles de Marseille vient de s'enrichir d'une monnaie extrêmement précieuse pour la numismatique provençale : la série monétaire des archevêques d'Arles, qui comptait parmi les raretés de premier ordre un écu d'or de Jean Ferrier (1), dernier prélat qui ait usé du droit de monnayage dans cette ville, a vu combler une importante lacune par l'acquisition d'un écu d'or de Guillaume II de la Garde, qui a tenu le siége archiepiscopal d'Arles de 1359 à 1374.

« Jusqu'à présent on ne connaissait qu'un seul exemplaire de cette curieuse monnaie: M. Poey d'Avant, dans le IIme volume de son ouvrage sur les monnaies féodales de France, en donne le dessin et la description sous le n° 4114, et la désigne comme appartenant au cabinet de France.

Le nouvel exemplaire est exactement semblable comme type à celui qui est décrit par M. Poey d'Avant, c'est-à-dire qu'il est frappé à l'imitation des écus d'or de Charles V, dits francs à pied.

En voici la description : les I'gendes sont en lettres onciales GVILL'S DI GRA PRC ARELATEN. L'Archevêque debout, de face, sous un portique ou baldaquin gothique, en costume de guerrier, l'épée dans la main droite, et le sceptre dans la gauche; il

(1) Cet écu d'or est celui qui a appartenu à M. Voillemier; il est décrit par Poey d'Avant, tome XI, page 344, no 4128.

porte sur la tête trois fleurons en guise de couronne; le champ de la pièce est semé de trèfles, à l'imitation des fleurs de lis.

« R. ✈ XPIS* VINCIT * XPIS * REGNAT * XPIS * IMPERAT. Croix à nervures avec des feuillages à l'extrémité de chaque branche et une rosace au centre, cantonnée de deux fleurs de lis et de deux couronnes, enfermée dans quatre demi-cercles reliés entre eux par des parties droites formant des angles aigus, accompagnés de huit petits trèfles placés à l'extérieur des points d'intersection.

« Il est à remarquer que la légende de cette pièce diffère un peu, quant au titre du personnage, de l'exemplaire qui est au cabinet de France, lequel porte les lettres ARC (archiepiscopus, tandis que sur celui de Marseille on lit PRC (princeps); il est vrai que les archevêques d'Arles possédaient ces deux titres et même temps, mais il n'en est pas moins curieux de voir que les deux seuls exemplaires connus constituent deux variétés.

Comme cette différence n'est causée que par une lettre, on pourrait supposer qu'un défaut de lecture ou un caractère mal formé sur la pièce aurait pu donner lieu à une méprise; mais l'exemplaire de Marseille est d'une conservation tellement hors ligne, qu'il est impossible d'en donner une description défec

tueuse. D

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Restes antiques dans l'église de Lucé, près Chartres. On vient de découvrir dans cette église un massif de colonnes de style grec, dont la construction remonte évidemment au temps de la domination romaine dans les Gaules, c'est-à-dire aux premiers siècles du christianisme.

M. le curé de Lucé, qui est archéologue, achevait une notice descriptive de son église, lorsque, voulant pénétrer le mystère qui enveloppait un débris de colonne faisant saillie, vrai hors-d'œuvre dans un édifice régulier, il fit dégager cette colonne et son imposte par un homme du pays, dont l'intelligence et les connaissances en architecture l'ont parfaitement servi dans ses recherches.

Les fouilles pratiquées avec prudence mirent bientôt à jour un magnifique chapiteau corinthien du style le plus pur et assez bien conservé. Après ce chapiteau, une partie du fût, puis la base furent dégagées. Alors toute espèce de doute disparut devant cette précieuse trouvaille.

Cette belle colonne, à part le cachet d'antiquité qui la caractérise, se trouvant noyée dans une muraille du XIe siècle, révèle certainement l'existence d'un ancien monument romain. Reste à savoir quel était ce monument. Voilà de quoi exercer encore une fois le zèle et la sagacité des archéologues.

Le Bulletin sera reconnaissant à M. le curé de Lucé s'il veut bien lui fournir de nouveaux renseignements sur cette découverte, qui est signalée par le Journal de Chartres.

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Croix en bois du XVe siècle. Une curieuse trouvaille a été faite à Évreux. M. Guinebert faisait descendre de vieilles pièces de bois du grenier, quand son attention fut attirée par l'une d'elles. L'ayant examinée, il reconnut que c'était le montant d'une croix du XVe siècle, revêtue de peintures fort bien exécutées et d'une conservation entière par places.

Au pied, l'inscription funéraire suivante, en lettres gothiques, avec signes abréviatifs, dont nous rétablissons le texte en son entier :

« Cy deuant gist mestre Pierres Mansel, prebstre, lequel trẻ< passa l'an mil cccc iiijxx et v, le XXIX jour d'auril. Priés Dieu « pour luy et pour les trépassés. »

Sur l'autre face, c'est-à-dire derrière, au pied également, est inscrite cette autre épitaphe, sans doute celle de la mère du prêtre Pierre Mansel :

Cy deuant gist Jehanne jadis femme de Gillot Mansel et (fust) depuis femme de Perrin Yve, laquelle trespassa l'an mil cccc lxxviij, le xxvIII jor de juing. P'ez Dieu por elle. »

Le Progrès de l'Eure, qui signale cette découverte, intéressante

comme échantillon de l'art funéraire à Évreux au XVe siècle, espère qu'il sera placé au musée de la ville.

Emporium antique de Rome.

Les découvertes continuent,

et le succès dépasse l'attente même de M. Visconti. L'illustre archéologue a trouvé 150 blocs de marbres d'une dimension colossale, près de 300 blocs de serpentin, 150 de jaune antique, plusieurs blocs de marbre murrha, 3 de rouge antique, d'autres blocs d'albâtre oriental. On a calculé que les papes auraient de quoi fournir au dallage des églises de Rome pendant cinq ou six siècles. Le serpentin était devenu très-rare, le jaune antique introuvable, le murrha vient de Perse: sa valeur est considérable.

Les fragments de ces marbres se trouvent en grand nombre. Pie IX n'a pas voulu qu'on les vendît; il les fait offrir aux visiteurs de diverses nations, qui ne doivent point en faire un objet de commerce. Ceux-ci les emportent comme un souvenir de la Rome antique qui, exhumée, s'embaume des parfums de la Rome des Papes.

Une très-belle colonne trouvée intacte doit être érigée en mémoire du futur Concile. Des marbres prennent le chemin de l'Allemagne et de la France, généreusement offerts par le Saint-Père: les uns au roi de Prusse pour la cathédrale de Cologne, les autres à l'église de Lyon pour l'autel majeur de la vieille métropole dédiée à Saint-Jean.

Fouilles à Ostie. M. Visconti a découvert, il y a quelques semaines, une statue de marbre du dieu Atys, d'une rare perfection et encore dorée. Il a trouvé au même lieu une statuette en bronze de Vénus, qui ne le cède pour la perfection du travail à aucun chef-d'œuvre antique. De fortes sommes ont été offertes par des particuliers pour l'acquisition de cette œuvre remarquable, mais le Pape ne veut point en priver la ville de Rome.

Statues découvertes dans l'ile de Chypre.-M. Colonna Ceccaldi,

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