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route de Caussade à Montpezat, passant par la Barraque. Deux projets sont présentés un d'eux aurait pour résultat de dégager la belle église de Montpezat, l'autre passerait à peu de distance. de ce monument; l'honorable membre demande à la Société d'émettre un avis favorable au premier projet.

La Société, consultée, déclare ne pouvoir intervenir dans cette question, qui, tout en l'intéressant, n'est pas de sa compétence.

Avant de remettre les pouvoirs qui lui ont été confiés, le Bureau, par l'organe de son Président, remercie la Société de son bienveillant et utile concours.

L'année 1869, dit M. l'abbé Pottier, a été féconde pour nous. Le Bulletin archéologique, organe de notre compagnie, dont il affirme au dehors le but et les travaux, a été accueilli avec sympathie par les diverses Sociétés savantes des départements voisins; il compte de nombreux abonnés ; déjà des savants étrangers en ont demandé la communication. A l'occasion du concours régional, alors que chacun tenait à faire de son mieux les honneurs de notre belle ville aux étrangers attirés par la fête agricole, la Société archéologique a offert aux amateurs, dans un local intéressant au plus haut degré, une exposition rétrospective.

Cette exposition embrassait diverses branches de l'archéologie, sans faire cependant double emploi avec celle de 1862.

Il suffira de rappeler les collections de faïences, de meubles et d'émaux installés dans la salle Berthier; les armes de tous les âges, depuis le silex éclaté jusqu'au moderne chassepot, représentées par des spécimens remarquables; enfin, la belle salle d'armes dite du Prince-Noir, où nous pouvons aujourd'hui faire une étude à peu près complète de l'art au moyen-âge dans notre département par les magnifiques chapitaux de Montauriol, les Carmes, les Augustins, les Cordeliers, Moissac, Grandselve, etc., au milieu desquels s'étale, comme un joyau, la cheminée du XVe siècle donnée par M. Émile Vaïsse, et dont vous avez tous admiré les belles sculptures.

Plusieurs dons vont bientôt compléter notre collection lapidaire. La Société procède à l'élection du nouveau Bureau pour l'exercice 1870.

Voici le résultat du scrutin :

Président, M. l'abbé Pottier :

Vice-Président, M. le docteur Rattier :

Secrétaire-général, M. Devals aîné, réélu pour trois ans ;
Secrétaire-adjoint, M. Edouard Forestié;

Trésorier, M. de Satur.

M. le Secrétaire général présente le rapport sur une excursion faite à Réalmont en compagnie de MM. l'abbé Pottier, Forestié et de Valada.

Au XIIIe siècle, Réalmont était le siége d'un bailliage très-considérable situé à quelques kilomètres de Caussade. Philippe-leBel l'échangea, en 1311, contre la seigneurie de Blagnac. C'est à cette époque qu'eut lieu la reconstruction de la ville que l'on établit dans la plaine, non loin de l'Aveyron. Réalmont s'élevait sur une sorte de mamelon; sous les anciens murs de la ville dont on aperçoit quelques restes, on trouve des fragments de poteries gauloises, caractérisées par des dessins tracés avec l'ongle.

Aujourd'hui Réalmont a disparu et fait place à quelques maisons qui forment un tout petit hameau. Les excursionnistes n'ont trouvé d'autres vestiges archéologiques qu'un modillon historié très-ancien, peut-être mérovingien, et qui, du reste, a été promis à la Société par son propriétaire, M. Capin; les restes d'une tour, de vieux murs et quelques silos; ils ont recueilli un peson fusaïole ou poids de tisserand, dont le type est très-répandu dans nos pays.

Dans une récente exploration à Léojac, dont le but était de reconnaître des substructions découvertes dans le cimetière gallo-romain qu'ils ont trouvées sans importance, sans caractère, le bureau et plusieurs membres de la Société ont visité les habitations troglodytiques du Cros pour s'assurer de leur état de conservation; ils ont

rapporté et présenté une clé en fer assez curieuse et un fragment assez considérable de mosaïque, trouvé près du presbytère.

M. le Président informe la Société qu'il a reçu de M. Henri Vergnes, de Montech, l'avis de découvertes faites dans un champ près de Lagrange; il s'y est rendu en compagnie du Vice-Président et du Secrétaire général.

Après avoir passé quelque temps à Bourret et admiré sa position topographique, les délégués ont visité une ancienne grange abbatiale dépendant de l'abbaye de Grandselve et appelée La Grange-la-Sale.

M. l'abbé Pottier fait la description de ces grandes salles, de leurs dispositions architecturales, dignes d'être étudiées et d'une remarquable conservation.

Arrivés sur les lieux de la fouille, ils ont pu reconnaître les restes d'une villa gallo-romaine, dont on a mis à nu des murs. sur une longueur d'environ 16 mètres; une des salles était pavée en opus signinum, dont un spécimen est présenté à la Société, ainsi que des lambris de marbre et des tuyaux en brique de même provenance.

M. le docteur Rattier a trouvé sur le sol plusieurs haches de pierre éclatées.

M. Devals signale au-dessus de Bourret un oppidum considérable. M. Gustave Garrisson fait observer qu'il y a dans le département plusieurs maisons rurales très-intéressantes. Ces bâtiments étaient de véritables châteaux, et il serait bon de les faire connaître.

La séance se termine à 10 heures par la lecture d'un travail de M. l'abbé Calhiat sur la légende de Durand de Bredon.

Le secrétaire,

Ed. FORESTIÉ.

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ACHANT, par un réglement municipal de 1489, que, dans la seconde moitié du XVe siècle, la taille était égale, à Moissac, au dixième du revenu imposable, je pris la résolution, il y a deux ans environ, de déterminer le chiffre de

ce revenu, et, à cet effet, j'entrepris le dépouillement du cadastre de 1480 (1). Trois mois furent consacrés à ce travail. J'atteignis le but que je poursuivais, mais, comme c'est arrivé à beaucoup d'autres avant moi, je trouvai beaucoup plus que je ne cherchais. A part le chiffre que j'avais tant désiré, je

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(1) Ce document est classé sous le n° 1, dans la série des cadastres de l'hôtel-de-ville de Moissac. Il forme un volume in-4o composé de 417 feuillets, et est écrit en patois.

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recueillis une foule de faits dont je ne soupçonnais pas l'existence, ce qui m'engagea à faire, sur le cadastre de 1480, un mémoire qui sera publié dans le second volume de mes études historiques sur Moissac.

Parmi ces faits, il en est plusieurs que j'ai mis en œuvre pour évaluer, aussi rigoureusement que possible, les mesures agraires, les mesures de capacité pour les grains et les monnaies.

Ma communication d'aujourd'hui a les monnaies pour objet. J'ai évalué toutes les monnaies dont il est question dans le cadastre de 1480 en monnnaie tournois, par le motif que, dans ce cadastre, le revenu imposable de tous les articles est exprimé en livres, sous ou deniers tournois. Le procédé que j'ai suivi le plus souvent m'a été suggéré par celui qui servit de règle pour la détermination du revenu imposable parcellaire.

Les experts-allivrateurs, chargés de la rédaction du cadastre de 1480, avaient pour mandat de déduire du revenu imposable qui aurait dû être assigné à un article, s'il eût été libre de charges, le montant des charges qui le grevaient, que ces charges fussent des rentes en argent, des rentes en nature ou des parts de fruits à prélever (1): par conséquent deux articles ayant la même superficie, offrant la même culture et situés dans la même zone, figurent dans le cadastre pour le même revenu imposable, s'ils ne sont grevés d'aucune charge; leur revenu imposable est, au contraire différent, si sur l'un d'eux pèse une charge quelconque, et la différence est égale à la valeur de cette charge. Ainsi, en comparant le revenu imposable de deux vignes, d'une quarterée chacune et situées dans la même zone, à Fonréal, par exemple, l'une libre de charges et l'autre grevée d'une rente en argent de 4 sous 6 deniers tournois, on trouve que le revenu imposable de la pre

(1) Ces distractions n'étaient préjudiciables au fisc que lorsque les rentes ou les parts de fruits à prélever appartenaient à des privilégiés, à l'abbé, aux officiers claustraux, aux recteurs des églises, etc., etc. En effet, dans le cas contraire, les rentes et les parts de fruits figuraient pour toute leur valeur dans les états cadastraux des imposables auxquels elles appartenaient.

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