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mayson seroit bien utile et nécessaire à la communaulté de ladite. a ville de Montauban pour y faire la Mayson-Comune, y retirer et <mettre l'artillerie et harnoys, et aussi les documens et papiers « d'icelle ville, pour ce qu'estoit mayson séparée des autres et hors <de dangier de feu. »

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Le roi se rendit aux voeux de la population montalbanaise en en donnant, en 1528, à la ville « la mayson et commencement <de chasteau qu'on nomme le Chasteau-Neuf, du cousté et joignant « le pont scitué sur la rivière du Tarn, et qui contient grand partie « de la clousture de ladite ville, soubz l'albergue et rente annuelle « de cent souz tournois. »

Les modiques revenus de la ville qui, à cette époque, atteignaient tout au plus, d'après les comptes municipaux de 1518, le chiffre de 2,500 livres tournois, ne permirent pas à nos consuls de réaliser un projet beaucoup trop grandiose pour leur situation financière. Aussi nos édiles se contentèrent-ils de faire provisoirement placer une porte à la grande entrée du Château-Neuf, c'est-à-dire sur l'emplacement de l'entrée actuelle, afin que l'édifice ne pût être, comme autrefois, ouvert à tout venant (Archives de Montauban, série CC, Comptes municipaux de 1564-1565, f° 96), et de mettre, tous les trois ans, aux enchères la location des chambres voûtées que le temps avait respectées. Le budget municipal ne gagna pas beaucoup, dans les premières années, à cette création d'une nouvelle ressource, puisque, d'après les documents contemporains, le prix de la location s'élevait seulement à sept livres par an (Archives de Montauban, série BB, Registre des Conseils pour l'année 1559-1560, délibération du 7 février 1560). Mais, au commencement de 1567, certains habitants ayant offert aux con suls une somme assez considérable pour le temps, en retour de la concession, à titre emphythéotique, de la partie du Château-Neuf qui correspondait à l'aile droite de l'Hôtel-de-Ville actuel,« pour, << dans ladite plasse, fère trois ou quatre botiques et maisons ‹ dessus, » nos magistrats municipaux, autorisés par une délibération spéciale du conseil général, adjugèrent, le 22 mars 1567

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à sire Bertrand Lanyel, merchant de Montech, à titre de nouveau << phief et logaderie perpétuelle, et moyennant la somme de 370 livres pour le droict d'entrée, et 105 soulz de rente annuelle, « le devant du Chasteau-Neuf despuis le coing de ladicte mayson << tirant à la rue des Bans (Bains) jusques au près de la tour de « l'entrée du pont, sur quatre cannes (7 m. 36 c.) de profondeur, < pour y bastir trois ou quatre botiques et maisons dessus, avec le pacte que ledict Lanyel ne prendroit ni occuperoit le patu, sotoul et passaige pour aller aulx cabes et arboutz (voûtes) dudict << Chasteau-Neuf (Archives de Montauban, série DD, 1re section, « original en papier). » D'après un rapport d'experts, du 4 décembre 1609, il existait alors au-dessous du terrain inféodé à Bertrand Lanyel, une cave bastie de brique, ayant la voulte <croixeyre et estant des deppendances du Chasteau-Neuf, commu«< nément appelé Castel-Nio, assis au bout du pont de Tarn, tra< versant la rue publique par laquelle on va sur ledict pont, ayant <ladicte cave six cannes quatre palms (11 m. 96 c.) de longueur <et quatre cannes deulx palms (7 m. 82 c.) de largeur.» (Archives de Montauban, série DD, original en papier, n° 85).

On voit par l'acte du 22 mars 1567, que la rue des Bains (aujourd'hui de l'Hôtel-de-Ville) était alors en communication directe avec le pont, ce qui probablement doit être attribué à ce fait que, lors de la construction de ce monument (1305-1555), on avait mis à profit les terrains laissés libres par la destruction d'une partie du château comtal, en 1229, pour le prolongement de la rue, afin d'éviter l'encombrement qu'aurait occasionné l'existence d'une voie unique aboutissant au pont. C'est à l'angle du Château-Neuf, du côté du quai Montmurat, que d'après le « dénombrement des chaînes de la ville de Montauban, » fait le 26 mars 1565 (Archives de Montauban, série EE, original en papier), était scellée la chaîne de fer qui, en temps de guerre, servait à barrer le passage de la rue des Bains. (La fin au prochain numéro.)

MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

LE PALAIS DES PAPES A AVIGNON.

Un des palais les plus beaux, et, malgré des incendies un long abandon et des outrages modernes, le plus complet que le MoyenAge ait légué à la France, est sans contredit celui que les papes élevèrent à Avignon. Construit dans le cours du XIV" siècle, alors que la papauté était toute française, et en grande partie sous un architecte nommé Pierre Obreri ou Obrier (1336) (1), qui appartenait selon toute apparence à notre pays, cet édifice offre les caractères de l'architecture nationale, se rattachant surtout au style ogival adopté dans le Midi. C'est, ainsi que le remarque M. Viollet-le-Duc (2), une œuvre bien supérieure comme conception d'ensemble, comme grandeur et comme goût, à ce qu'on élevait alors en Italie. Pendant soixante ans, six papes, nés et élevés dans une région riche en monuments, se sont appliqués à donner à leur demeure autant de force que de splendeur. Les bâtiments couvrent 6,400 mètres de surface; sept tours, dont plusieurs colossales, les surmontent. La chapelle, élevée par Innocent VI, et qui a renfermé des merveilles, conserve encore des fragments de riches peintures.

Mais si à l'extérieur on est saisi encore par le grandiose de l'édidifice, à l'intérieur des cloisons qui divisent les salles des étages et les coupent, empêchent d'apprécier ce monument à sa juste valeur. On ne peut sur ces marbres souillés, dans ces murs salis, aire revivre sans efforts les grands souvenirs du XIVe siècle; quand la pensée cherche les traces de la majesté pontificale, l'em

(1) Annales manuscrites d'Avignon, t. III. (2) Diction. d'architecture, t. VII, pag. 28.

preinte du long séjour des légats, les propos de soldats indifférents vous attristent, ou les exigences d'une garnison vous rappellent la réalité d'une caserne.

Lorsque l'Empereur a visité Avignon, en 1860, il a compris que cet état de choses ne pouvait durer. A la demande de l'archevêque Mgr Debelay, appuyée par le conseil général et le conseil municipal, l'ordre a été donné de construire une caserne pour débarrasser et restaurer cet admirable palais.

La caserne est aujourd'hui terminée, et l'on peut espérer que le château des papes sera bientôt vide. Il ne saurait avoir d'autre destination que celle de devenir la demeure des archevêques, ou d'abriter tout au moins une grande institution catholique. Dans ces conditions seulement, il peut revivre et recevoir une exacte et intelligente restauratiou. Et cependant nous ne lisons pas sans un vif étonnement, dans la Revue des Bibliothèques d'Avignon, que, malgré la volonté exprimée par l'Empereur, le bruit circule d'une misérable destination. Il ne serait question de rien moins que de transformer le plus majestueux monument de France en arsenal. S'il en était ainsi, ce palais, au lieu d'être sauvé, marcherait vers sa ruine, menacé de nouveau par les rigides exigences du génie militaire. Nous enregistrons ces craintes, sans pourtant les partager • entièrement on doit compter avec une volonté souveraine; les habitants d'Avignon, son administration, tous les amis de l'art réclameraient, au besoin, et l'habile et puissant architecte qui, par son crayon et son talent, a fait revivre dans ses œuvres le palais des papes, sera jaloux de le faire respecter.

Nous tiendrons les lecteurs du Bulletin archéologique au courant de cette question.

L'abbé F. POTTIER.

MONSTRANCE DE NOTRE-DAME DU MOUTET,

COMMUNE DE SAINT-NICOLAS-DE-LA-GRAVE.

Le reliquaire que nous faisons connaître est du genre de ceux que l'on désigne sous le nom de monstrance; toutefois, la forme circulaire du récipient fait également songer à un ostensoir, et nous ne serions point surpris qu'il ait pu en tenir lieu, et peut-être servir alternativement à ces deux usages (1). Quoi qu'il en soit, il appartient au XVe siècle, et le soin qui a présidé à son exécution indique bien l'importance que conservait encore à cette époque l'orfévrerie religieuse la matière n'est point précieuse, mais le cuivre a su acquérir du prix; grâce au travail de l'artiste. Il y a loin de cette monstrance, toute modeste qu'elle puisse paraître, à la plupart des objets du même genre qui sortent de nos jours des fabriques à bon marché, inondent les magasins et passent de là dans nos églises. Fondus sur des modèles identiques ou repoussés avec des formes prétentieuses, ces modernes reliquaires, couverts de verroteries aux couleurs criardes, ne sauraient en aucune façon remplacer pour nous ceux que le Moyen-Age nous a légués.

Jusqu'au XIIIe siècle, l'architecture avait entraîné avec elle tous les arts dans sa marche progressive. Plus qu'aucun autre peut-être, l'orfévrerie, s'inspirant d'elle, avait porté l'empreinte de son génie et reflété dans ses œuvres les caractères architectoniques; elle devait par suite entrer aussi dans une période de décroissance. Au XV et surtout au XVIe siècle, les lignes perdent leur fermeté, les formes s'amaigrissent, le caprice entre pour une plus large part dans la composition; la pensée est moins élevée; il y a, il est vrai, plus de fini dans l'exécution, plus de profusion et de recherche dansles ornements. Nous estimons très-heureuses les églises qui ont encore en leur possession des croix, des vases sacrés ou des

(1) L'inventaire du trésor de N.-D. de Laon désigne un reliquaire comme étant destiné à servir en même temps d'ostensoir. (Inventaire publié par Edouard Fleury, 1855.)

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