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HARVARD COLLEGE LIBRARY

F. C. LOWELL FUND

Aug,14,1924

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DE LA

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE & HISTORIQUE DU LIMOUSIN

TOME XLIX

ANCIENS DESSINS

DES MONUMENTS DE LIMOGES

Louis Guibert

Effet de la simple curiosité ou attrait né d'un sentiment plus élevé et procédant d'un ordre d'idées à la fois plus noble et plus complexe, le goût de l'archéologie s'est manifesté dans tous les temps, sous tous les cieux. Le présent s'est toujours enquis du passé et a donné à celui-ci, dans ses sollicitudes passionnées, une part au moins égale à celle qu'obtenait l'avenir. Pas plus qu'aux autres régions de la France, les « antiquaires », comme on disait autrefois, n'ont manqué à notre province. Ici, comme partout autour de nous, l'étude des vestiges des âges anciens a séduit plus d'un esprit distingué, conquis plus d'un cœur patriote. Ils sont légion, ceux qui précédèrent les fondateurs de notre Société archéologique et historique du Limousin dans la voie où elle aura marqué sa trace avec l'abbé Texier, Achille Leymarie, les deux frères de Verneilh pour ne parler que des morts, et, sans sortir de notre ville, la liste serait déjà longue des hommes qui ont travaillé à rechercher, à décrire, à conserver les monuments et les restes de toute sorte de l'antiquité.

Avant François Alluaud et Maurice Ardant, avant l'ingénieur Allou et J. Duroux, de Grossereix, dont les ouvrages. inspirés par la même curiosité du passé, sont cependant d'une méthode et d'un mérite si différents; avant Juge de Saint-Martin et Guineau-Dupré,

T. XLIX

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avant l'abbé Legros et le subdélégué de Lépine; avant le laborieux curé de Teyjac, dont aucune de nos rues ne porte le nom, et le comédien Beaumesnil, qui, après avoir séjourné à plusieurs reprises à Limoges, au cours de ses tournées, y arrêta ses pas errants et y termina sa carrière; avant Gaignières et Dom Col; avant l'official Le Duc et le communaliste-architecte Jean Cluzeau; avant le chanoine Collin et le carme Bonaventure de Saint-Amable, avant Pierre Mesnagier et l'avocat Etienne Guibert, avant Razès et Bandel, avant Siméon Descoustures et Jean de Lavaud, bien d'autres, enfants de Limoges ou hôtes curieux de notre ville, avaient interrogé les débris de monuments qui gisaient sous l'herbe de nos faubourgs, noté les légendes et les récits des anciens, recueilli les pièces écrites de tout genre qui conservaient le dépôt de notre histoire et de nos traditions. Les noms de la plupart de ces précurseurs de notre œuvre ne nous sont pas connus, et c'est seulement par un hommage et un souvenir collectifs que peuvent se manifester à leur égard notre sympathie rétrospective et notre reconnais

sance.

Les découvertes archéologiques semblent avoir été fréquentes, sur le sol de l'ancien Limoges. Les chroniqueurs de nos monastères, qui nous ont conservé tant de renseignements précieux sur les édifices et les œuvres d'art de tout genre exécutés par leurs contemporains, mentionnent, en plusieurs passages de leurs écrits, la mise au jour de restes des siècles antérieurs, au cours de travaux de déblai, de construction ou de réparation. Ce n'est pas seulement dans la basilique de Saint-Martial et ses annexes que la pioche des ouvriers heurte d'anciennes substructions, des tombeaux, des vestiges divers du passé ; dans l'église de l'abbaye de Saint-Martin, on trouve, en 1240 ou 1243, des sépultures et des débris intéressants. On peut citer encore, parmi les découvertes faites à une époque plus rapprochée de nous, celles opérées en 1613 à l'abbaye de Saint-Augustin lès Limoges, en 1631 aux Feuillants (ancienne abbaye de Saint-Martin) en 1655 aux Récollets, en 1672 aux Ursulines; en 1749 au Séminaire, en 1757, 58, 59 à l'Evêché.

Mais nous ne pouvons douter que, pour beaucoup de raisons, les auteurs de la plupart des trouvailles de nature à exciter aujourd'hui notre curiosité, se soient abstenus de les faire connaître. Les moines chroniqueurs eux-mêmes ont dû ne s'attacher qu'à celles leur paraissant offrir de l'importance au point de vue des traditions. pieuses ou de l'intérêt de leurs propres maisons. Des autres, nul n'a conservé le souvenir.

Quelquefois un événement fortuit, un sinistre, un accident révé

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