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s'y ruina sous Louis XIV, enfin par ce groupe d'Hercule terrassant l'hydre, œuvre magnifique de Puget qui, miraculeusement retrouvée et sauvée. fait aujourd'hui l'orgueil du musée de Rouen, cette résidence si riche en souvenirs a été abandonnée au XVIIIe siècle pour une habitation bâtie sur un autre emplacement et mieux appropriée aux mœurs du temps. Toute cette histoire du Vaudreuil, si pleine de mouvement et de vie, a été écrite avec talent par un enfant du pays, M. Paul Goujon.

L'église Notre-Dame, la seule des deux anciennes paroisses qui mérite une visite, offre plus d'un point de ressemblance avec l'église de Léry. Comme à Léry, la nef et les bas-côtés sont séparés par de lourdes arcades sans ornements; appuyées sur de gros piliers monocylindriques, et comme à Léry, ces trois vaisseaux n'étaient pas destinés à recevoir des voûtes (le berceau qui surmonte aujourd'hui la nef est en plâtre et moderne, ainsi que la corniche intérieure et les colonnes en encorbellement). Les bras du transept sont voûtés dans l'une et l'autre église, mais au Vaudreuil il n'y a que des voûtes d'arête. La tour, qui s'élève aussi sur le carré, a beaucoup moins d'importance qu'à Léry - l'étage supérieur manque depuis longtemps et ne forme pas lanterne; la voûte inférieure, sur nervures, est moderne dans son état actuel. C'est dans les parties orientales que l'on remarque les différences les plus sensibles entre les deux édifices. D'abord, le plan n'est plus rectangulaire, mais comprend une étroite travée et un hémicycle, respectivement recouverts d'une croisée d'ogives et d'un quart de

sphère. En outre, deux absidioles s'ouvraient jadis sur les croisillons. Tous ces caractères annonceraient une période assez reculée du XIIe siècle, si l'abside n'était garnie intérieurement d'arcatures en tierspoint. Toutefois, la présence de l'arc brisé dans cette partie de l'église n'eut assurément pour cause que la fantaisie de l'architecte, et, sans ouvrir ici une discussion archéologique, nous sommes d'avis de ne pas considérer ce fait comme un argument décisif en faveur de ceux qui seraient tentés d'attribuer l'édifice à une date postérieure à 1150.

La charmante et délicate contretable en bois du maître-autel, du temps de Louis XIII, semble, au premier abord, une réduction de celle de Pont-del'Arche. Quelques jolis fragments de vitraux du XVIe siècle brillent encore aux fenêtres, et d'élégantes statues du XVIIIe siècle le disputent en intérêt à des sculptures plus anciennes dont l'attrait consiste surtout dans l'origine qu'à tort ou à raison on leur attribue (1).

Nous examinâmes tout cela aux dernières lueurs du jour. Bientôt, après un coup d'œil donné à l'abside, assez bien restaurée, mieux que la nef, et au portail, pastiche roman de 1858 surmonté d'une rose du XVIe siècle assez élégante (2), nous

(1) L'une d'elles, tout au moins, celle qui représente la Trinité, proviendrait, dit-on, de la chapelle du château du Vaudreuil et aurait été peinte en 1355 par Jean Coste, peintre du roi Jean. Par malheur, ni les documents invoqués, ni l'œuvre elle-même ne se prêtent sans réplique à une pareille identification.

(2) On lit dans la Normandie illustrée, t. I, 2o partie: Eure, p. 35: « Le portail de l'église de Notre-Dame-du-Vaudreuil

reprîmes le chemin de Louviers par la rive gauche de l'Eure, c'est-à-dire en traversant successivement les villages populeux de Saint-Cyr-du-Vaudreuil et d'Incarville, et enfin le long faubourg Saint-Germain, par lequel nous avions quitté la ville dix heures auparavant.

offre un beau modèle du style roman orné. » L'auteur de ces lignes, Raymond Bordeaux, a évidemment fait confusion avec le portail de Léry. En 1852, date de la publication de l'ouvrage, l'église de Notre-Dame-du-Vaudreuil avait pour entrée une large baie en plein cintre à moulures gothiques, datant seulement du XVIe siècle.

3. JOURNÉE, VENDREDI 25 SEPTEMBRE

ENQUÊTE AGRICOLE

La région de Louviers, par la nature de son sol, par les habitudes de sa population, est moins exclusivement agricole que celle de Neufchâtel où l'Association tenait l'an dernier la 70° session de ses Congrès provinciaux. L'enquête agricole a, pour cette raison, été moins suivie et moins complète; mais elle n'a pas été moins intéressante, car un certain nombre de mémoires ont été lus par leurs auteurs et ont donné lieu à des observations nombreuses dont tous pourront faire leur profit.

Nous ne nous attacherons pas dans le résumé de cette enquête à suivre l'ordre du questionnaire de l'Association, quelques-unes des questions qui y étaient inscrites étant restées sans réponse, mais nous ferons en sorte de grouper les différents mémoires de la façon la plus pratique, et de les relier entre eux pour la plus grande commodité des lecteurs.

A cinq heures, les congressistes étaient réunis à l'hôtel de ville. M. de Longuemare, sous-directeur de l'Association, après avoir offert la présidence

à M. le Sous-Préfet, donne aux nombreux assistants, avec clarté et précision, les explications qui peuvent leur être nécessaires pour suivre avec fruit les travaux du Congrès. Puis M. le SousPréfet donne la parole à M. Delaplace, instituteur à Giverny, qui, dans une conférence très intéressante, expose les résultats obtenus dans sa commune au sujet de l'emploi des engrais complémentaires, et indique comment on peut, par l'analyse des différents terrains, établir, par commune, des cartes indiquant d'une façon précise à chaque cultivateur quelle nature et quelle quantité d'engrais chimiques il doit donner aux différentes parcelles qu'il cultive, suivant la nature de la récolte que ces parcelles doivent produire.

Nous ne saurions mieux faire que de reproduire ici cette conférence.

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