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d'après son état d'usure et le point où elle se serait manifestée, il eût été facile de constater de quelle manière on s'en était servi.

La hache que nous venons de vous présenter, donne, du moins pour celles de dimensions moyennes, des notions certaines sur l'usage de ces instruments.

Sur la onzième question:

Quelles sont les découvertes de monnaies, à quelque époque qu'elles appartiennent, faites dans le département de la Marne depuis 1861? - Signaler et décrire celles de ces monnaies qui sont remarquables, rares ou inédites, notamment celles qui se rattachent à la numismatique de l'ancienne province de Champagne.

La parole est à M. Buvignier, qui demande si on possède dans la Marne des documents sur le traité monétaire, qui a dû intervenir entre Albéron de Chicey, évêque de Verdun, et l'évêque de Châlons. L'évêché de Verdun et le Barois étaient encombrés de contrefaçons à très-bas titres des deniers d'Henry l'Oiseleur, deniers dont le type, prétend-on, s'était immobilisé à Verdun; mais qui plutôt y avait été perpétué pendant deux siècles par des faux-monnayeurs puissants; peut-être d'abord par les deux bénéficiaires eux-mêmes, qui, jaloux de la puissance impériale, cherchaient à la faire oublier en écartant du pays les monnaies des empereurs régnants et profitaient du bénéfice illégal qu'ils faisaient sur des monnaies, en apparence, antérieures à leur gouvernement, et plus tard par les

comtes de Bar. Ces monnaies, en effet, étaient plus abondantes dans le Barrois que dans le Verdurois. En tous cas, il est inexact de dire que ces deniers s'étaient immobilisés à Verdun, puisque pendant les deux siècles où ils ont circulé, on a frappé à Verdun des monnaies de bon aloi, aux noms des Othon, des ducs Gozelon et Godefroi, des évêques Heimon, Rambert, Richard, Thiéry, Richer, Henry Ier et Adalberon de Chicey. Ces deux dernières et celles de leurs contemporains de Metz, et de Toul, ont été trouvées à Dieulouard et mélangées avec les faux deniers d'Henry l'Oiseleur.

Or, Albéron dans les premières années de son épiscopat, racheta de ses deniers ces fausses monnaies, Moneta depravata, dit Laurent de Liége, qui inondaient le pays, et, défendant de frapper monnaie à Verdun, décida qu'on y emploierait à l'avenir la monnaie de Châlons.

Il est probable, et on peut dire certain, que ce prélat ne renonça pas gratuitement, au profit de l'évêque de Châlons, au bénéfice que les seigneurs retiraient de la fabrication de la monnaie. Il a dû y avoir, à cette occasion, un traité entre les deux évêques. On ne connaît à Verdun que le fait cité brièvement par Laurent de Liége. M. Buvignier demande si on connaît dans la Marne quelque document relatif à l'arrangement qui a dû avoir lieu à ce sujet.

On a dit que le motif qui avait déterminé Albéron à choisir la monnaie de Châlons, pour remplacer celle qu'il supprimait, était la bonne renommée que les grandes foires de Champagne avaient donnée aux monnaies de Châlons. Il y a eu peut-être une autre considération qui a déterminé ce choix; j'en juge, dit M. Buvignier, par les figures des monnaies de Châlons données par M. Denis et par une pièce que j'ai vue dans la collection de l'hono

rable M. Garinet. Il y aurait une grande analogie de module et d'aspect entre les faux deniers d'Henry l'Oiseleur et les monnaies des évêques de Châlons. Le mot EPS et plus tard le mot PAX qui se trouve dans le champ de ces pièces, représentent assez bien la dégénérescence du mot REX inscrit dans le champ des premiers. On cite même quelques-uns de ceux-ci qui porteraient le mot PAX. Ils auraient été trouvés dans le Barrois; ce qui confirmerait l'hypothèse que ces pièces provenaient des comtes de Bar, qui, en dernier lieu, auraient adopté ce mot PAX pour les faire circuler plus facilement dans l'évêché de Châlons.

M. Buvignier demande encore si l'on connaît dans la Champagne des traités d'association monétaire analogues à celui qui fut conclu à Verdun, entre Jean l'aveugle et Henry de Bar, qui s'engagèrent à frapper monnaie à frais communs pour leurs comtés de Luxembourg et de Bar, monnaie dont on connaît plusieurs variétés avec les noms et les armes des deux comtes, et la légende MONETA SOCIORUM. Il a dû exister un traité analogue entre l'archevêque Henry II de Reims et le comte Thibaud IV de Champagne. Une pièce de la collection de M. Buvignier porte d'un côté le mot HENRICVS dans le champ, avec la légende circulaire ARCHIEPISCOPVS, presque exactement comme sur la figure 11, planche V, de la numismatique rémoise de M. Maxe-Werly. L'autre côté TEBAV COMES, est identique à la face des deniers de ce prince, frappés à Provins, et qui portent au revers le nom de cette ville et le peigne de Champagne.

Le nom du comte qui se trouve ici nous ôte toute incertitude sur l'archevêque auquel appartient ce type; ce ne peut être que Henry II.

M. Denis parle de la difficulté de reconnaître les mon

naies des prélats portant le même nom, comme les deux Henry, archevêques de Reims, et les trois Guillaume, évêques de Châlons.

M. Nicaise place sous les yeux du Congrès sa carte archéologique de la Marne, et se livre à ce sujet aux considérations suivantes :

MESSIEURS,

Les statistiques et les cartes sont aujourd'hui au nombre des éléments les plus sérieux des études archéologiques, et des plus efficaces pour en hâter le développement. L'ethnographie et l'anthropologie leur doivent depuis quelque temps des sources sérieuses de critique et d'induction, et si chacun de nos départements avait été l'objet d'une cartographie archéologique, comme quelques-uns le sont déjà, quels éléments d'investigations et de comparaisons profitables ces travaux n'eussent-ils point apporté à tous ceux qui s'occupent de paléoethnologie.

Nous avons l'honneur de présenter au Congrès la carte archéologique du département de la Marne, dressée par nous pour les époques de la pierre, du bronze, et pour les époques gauloise, gallo-romaine et mérovingienne.

Cette carte devant être d'un format commode, et étant destinée à figurer un jour à la suite d'un travail d'ensemble, dont nous nous occupons, sur les fouilles et découvertes faites dans le département de la Marne, nous avons choisi pour en rédiger la minute, la carte allemande de dimensions plus restreintes que les cartes françaises du dépôt de la guerre, et pour son exécution définitive, après

de dimensions plus restreintes que les cartes françaises du dépôt de la guerre, et pour son exécution définitive, après entente avec notre habile cartographe, M. Erhard, nous avons arrêté une combinaison entre la carte allemande et celle du département de la Marne, dite carte routière.

Nous avons d'abord délimité en violet l'espace occupé par notre département, puis attribué des couleurs différentes aux époques ou divisions archéologiques qui suivent :

Nous avons marqué de jaune foncé les points où ont été rencontrés des vestiges ou des monuments de l'époque de la pierre, de rouge, l'époque gauloise, de bleu, l'époque gallo-romaine, de vert, l'époque mérovingienne, et de vert également, deux genres de monuments d'une époque encore peu déterminée dans notre département, nous voulons parler des tumuli et des nombreux souterrains de refuge reconnus dans la Marne.

Nous avons tracé en bleu les voies gallo-romaines, en rouge, l'unique voie gauloise reconnue jusqu'aujourd'hui. Elle se nomme la Barbarie, et va de Sézanne à Muizon, en suivant de près et en contournant tout le pâté montagneux que forment les coteaux champenois depuis son point de départ jusqu'à son lieu d'arrivée.

Nous avons tracé également en bleu, le parcours de l'aqueduc romain, qui amenait les eaux de la Suippes à Reims, en les prenant à Jonchery-sur-Suippes.

Cette carte note également sous les couleurs mentionnées plus haut:

1° Les sépultures, les ateliers, les stations, les trouvailles isolées de l'époque de la pierre.

2o Les sépultures et les découvertes des époques gauloise, gallo-romaine, mérovingienne.

Nous avons représenté les découvertes de l'époque du

XLII SESSION.

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