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2o Un volume du Bulletin monumental (1874).

3o Un volume, compte-rendu des séances générales du Congrès archéologique tenu à Châteauroux, en 1873.

De M. le chevalier J. da Silva :

Deux livraisons du Bulletin des architectes et des archéologues de l'association royale portugaise. Lisbonne, 1874 et 1875.

M. Lebeuf, ancien habitant du département, envoie d'Avranches une caisse d'objets antiques, recueillis dans la Marne une brique, trouvée au Mont-Aimé, portant l'inscription TAPRONIA, et divers autres objets gaulois avec des inscriptions en caractères inconnus, etc.

Enfin M. Morel offre le premier fascicule de l'album qui résume toutes ses recherches dans le département de la Marne.

La parole est ensuite donnée à M. Nicaise sur la première question du programme, ainsi conçue

Quels sont les principaux points du département de la Marne où il a été reconnu des stations ou des ateliers des différentes époques de la pierre ?

MESSIEURS,

Le département de la Marne, qui possède de nombreux gisements de silex pyromaque, devrait montrer à l'observateur beaucoup de stations ou ateliers des époques de la pierre.

Jusqu'aujourd'hui cependant, bien que les trouvailles isolées y soient très-nombreuses, on n'y a découvert que peu de stations ou d'ateliers, et ces gisements appar

E

tiennent tous à l'époque de la pierre polie. On a trouvé cependant aussi çà et là un certain nombre d'instruments datant d'une époque antérieure, tels que des haches du type de Saint-Acheul.

Nous mentionnerons, et par ordre d'importance, les nombreuses grottes de la vallée du Petit-Morin, taillées dans la craie; celles de Saran, découvertes déjà au nombre de trois, taillées également dans la craie, et situées à l'est, sur le coteau de ce nom, près d'Épernay.

M. Isidore Godart a déjà donné communication de cette dernière découverte au Congrès tenu à Châlons-surMarne en 1855.

La grotte de Mizy, située près du Port-à-Binson, et que nous appellerons grotte-dolmen, car elle forme une véritable cella construite avec des blocs de silex meulière.

Les mémoires de la Société d'agriculture de la Marne, année 1861, ont donné sur ce gisement, qui constituait un ossuaire, une étude dont M. le docteur Remy, de Mareuil-le-Port, est l'auteur.

Mentionnons aussi les puits-sépultures de Tours-surMarne, type inconnu pour l'époque de la pierre, et que nous allons étudier avec vous.

Un puits de cette nature a été découvert par les travaux exécutés pour l'établissement du chemin d'Orléans à Châlons, dans le flanc d'un coteau situé près du village de Coolus.

Un des ouvriers, témoins de cette découverte, m'a fait connaître qu'au fond de ce puits, dont il avait pu constater la forme, se trouvait une tête de sanglier munie de ses défenses, et des pierres polies de différentes formes et couleurs. Tous ces objets ont été jetés aux déblais. Comme ceux de Tours-sur-Marne, ce puits était en forme de silo.

Les ateliers de la pierre découverts jusqu'aujourd'hui dans le département sont :

1° L'atelier de la Vieille-Andecy, situé non loin des grottes de Coizard, près de l'emplacement occupé autrefois par l'abbaye de la Vieille-Andecy.

Cet atelier, découvert par M. Joseph de Baye, lui a fourni un nombre considérable d'instruments ébauchés et de rejets de fabrication. Il y a trouvé aussi, nous le croyons du moins, un certain nombre d'instruments terminés.

2o L'atelier découvert par M. le docteur Aubrion, à Villeneuve-lès-Charleville, à vingt kilomètres de Sézannes. Ce gisement, a donné à son inventeur de nombreux instruments à tout état de fabrication, et quelques vestiges d'une époque antérieure, notamment deux pointes du type de Moustiers.

M. de Mellet a trouvé aussi aux environs de la Charmoye un atelier qui a fourni de nombreux objets à sa collection.

« J'ai trouvé ici à Chaltrait, m'écrivait M. le comte de Mellet, à la date du 5 octobre 1873, deux admirables types de haches de Saint-Acheul, et à deux kilomètres et demi d'ici, entre Chaltrait et la Charmoye, je suis tombé sur un champ de trois cents mètres en carré qui fut le lieu d'un atelier de l'âge de la pierre polie, et où j'ai recueilli plusieurs miliers de rebuts de racloirs, haches, flèches, en mauvais état. »

Nous avons nous-même découvert au pied du MontAimé, à la base du versant qui regarde le coteau de la Madeleine, les vestiges d'un atelier considérable. Mais, malgré de longues et minutieuses investigations, nous n'avons pu, dans un espace de cinq cents mètres carrés au moins, trouver autre chose que des rejets de fabrication. Tous ces débris sont en silex, d'un noir souvent

grisâtre, et que nous croyons avoir plus spécialement pour gisement la montagne de Vertus.

Nous avons été plus heureux sur le territoire de SommeVesle, village situé, comme son nom l'indique, a la source de la Vesle.

A deux kilomètres environ de ce point et vers le sud, s'élève, au milieu d'une plaine largement ondulée, un mamelon aux pentes assez rapides et qui n'est lui-même que l'extrémité d'un long coteau.

Ce lieu est appelé le Bois-Bréan; une partie de sa surface est inculte; l'autre partie est occupée par des terres en culture et par des plantations de sapins.

Sur le sommet de ce monticule, à son pied et sur ses versants, nous avons rencontré un grand nombre d'instruments, fraginentés pour la plupart, tels que haches, flèches, couteaux, grattoirs. Ils sont tous en silex noir et fortement recouverts d'une patine blanche. Il faut une certaine habitude pour les distinguer sur le terrain des fragments de craie auxquels ils se trouvent mêlés.

On rencontre fréquemment çà et là dans notre département et à fleur du sol d'assez nombreux gisements de silex taillé.

Ils doivent être abondants autour de ces coteaux qui portent le nom de « la Montagne de Reims » et qui recèlent de belles carrières de silex pyromaque exploitées aux époques les plus anciennes, puisque M. Édouard Dupont a trouvé en Belgique, dans des gisements de l'époque du renne, les grottes de la Lesse, des couteaux en silex champenois.

M. Joseph de Baye demande à faire quelques observations au mémoire de M. Nicaise.

La grotte de Saran, dit-il, est représentée comme

appartenant à l'âge de la pierre polie. Cependant il est difficile d'en donner une appréciation certaine, puisqu'elle a été non pas fouillée, mais saccagée. En outre, il y a, en l'absence d'observations sûres en faveur de l'âge de la pierre polie, une indication qui milite dans un sens contraire. Il a été trouvé un grain de collier en verre bleu. Ce fait indique incontestablement une époque postérieure.

A l'occasion des silex recueillis par M. Aubrion, il a été fait mention de l'âge du renne. Il est dangereux de rattacher certains types à l'âge du renne. Car ces formes particulières de silex recueillis à la surface du sol ne peuvent être datées. Ce qui est caractéristique de l'âge du renne, c'est la forme. Or les ossements du renne font complétement défaut.

Les flèches à tranchant transversal ont été signalées comme propres aux stations préhistoriques de la Champagne. Le fait trouve sa contradiction dans les observations qui ont été faites dans d'autres pays. On trouve des flèches de ce genre en Scanie, dans le Danemark, en Norwége, en Belgique et sur plusieurs points de la France. Les savants du Nord les avaient étudiées longtemps auparavant. C'est, il est vrai, à l'occasion de mes découvertes que les archéologues français s'en sont occupés; mais la priorité appartient aux savants du Nord. Quant à l'usage comme projectile, il n'y a pas lieu d'en douter. Sur une momie égyptienne, dont M. Chabas m'a entretenu, on voit cette flèche entre les mains d'un chasseur qui la brandit. La vertèbre humaine percée d'un de ces silex est une attestation qui témoigne de son emploi.

M. Buvigner de Verdun demande à son tour la parole. Il ne se serait pas, dit-il, permis de faire une observation sur le travail și intéressant de l'honorable M. Nicaise, s'il n'avait paru émettre un léger doute sur

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