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vous livrer à vos études de prédilection, à ces études charmantes que Cicéron semble indiquer lorsqu'il dit, comme s'il s'agissait de vous: Hæc studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant, secundas res ornant, adversis perfugium, ac solatium præbent, delectant domi, non impediunt foris, pernoctant nobiscum, peregrinantur, rusti

cantur.

Et de même que l'orateur latin, je puis bien ajouter, en terminant, que si ces connaissances sont trop élevées pour que tous nous puissions avoir le bonheur de les atteindre et d'en apprécier le charme, nous aurons au moins. aujourd'hui le plaisir de les pouvoir admirer dans ceux qui les possèdent (1).

Après M. le maire de Châlons, M. de Cougny s'exprime ainsi :

MONSEIGNEUR, MESSIEURS,

Il y a vingt ans, la Société française d'Archéologie a tenu, dans cette ville, une de ses sessions annuelles, et elle y revient de nouveau aujourd'hui, heureuse d'inaugurer ses travaux sous le bienveillant patronage de Votre Grandeur, et de se retrouver dans ce beau pays, si riche en monuments de tous les âges, depuis l'époque de la pierre jusqu'à la Renaissance.

Quelque féconde et bien remplie qu'ait été la session de 1855, de nombreuses et intéressantes questions restent encore à élucider, comme le prouve l'important programme soumis aux délibérations du Congrès.

(1) Quod si ipsi hæc neque attingere, neque sensu nostro gustare possemus, tamen ea mirari deberemus, etiam cum in aliis videremus. (CICERON, pro Archià poetà.)

Depuis vingt ans, des découvertes du plus haut intérêt, faites dans le département, ont agrandi le domaine de la science, lui ont ouvert de nouveaux champs d'études, et ont fourni des éléments nouveaux à la grande enquête historique et archéologique que notre Société poursuit chaque année dans ses assises nomades, avec l'aide des savants qui lui font l'honneur de répondre à son appel.

Pour ne parler que des découvertes les plus récentes, je citerai celles qu'ont amenées les fouilles si heureuses et si habilement dirigées de notre confrère, M. Morel, dans dix-huit cimetières gaulois, gallo-romains et mérovingiens, d'où sont sortis tant d'objets rares et curieux, notamment l'épée de la première époque du fer, dont la poignée représente, croit-on, le Teutatès celtique, et le char gaulois, accompagné d'une magnifique épée à fourreau de bronze, d'une œnochoë et d'une coupe étrusque, la première, si je ne me trompe, qui ait été rencontrée en France.

Notre savant collègue, M. Nicaise, président de la Société des sciences et arts, a exploré, en compagnie de M. Morel, le puits funéraire de Tours-sur-Marne, type unique jusqu'à ce jour de ce mode de sépulture dans ce département. Il a fouillé le tumulus de Hancourt et deux ateliers de la pierre polie, par lui découverts, et dont les produits sont venus enrichir sa curieuse collection, si gracieusement ouverte aux membres du Congrès archéologique.

Enfin, notre jeune et sympathique confrère, M. Joseph de Baye, a eu l'heureuse fortune de mettre au jour, et le talent d'explorer avec le plus brillant succès, cette nombreuse série d'hypogées de la vallée du Petit-Morin, dont la découverte a fait une si vive sensation dans le monde de

la science; ces grottes, si curieuses, où gisaient depuis trente siècles et plus les ossements des premiers habitants de ce noble pays des Catalauni, dont le nom, disent les linguistes, signifie joyeux au combat. Ils étaient là couchés dans le repos de la mort, ces guerriers des premiers âges, entourés de leurs armes de chasse et de guerre, et des divers instruments qui avaient été à leur usage, nous révélant ainsi leur croyance à une autre vie; tradition conservée vivace, bien qu'obscurcie, depuis le jour où une solennelle promesse suivit la chute et la condamnation du premier homme dans le jardin d'Eden. Sur le tuf qui forme les parois de ces chambres funéraires, M. de Baye a retrouvé les premières ébauches de cet art qui, grandissant et se développant à travers les siècles, s'épanouit plus tard sous l'inspiration du génie chrétien, dans ces magnifiques monuments qui font notre admiration, et dans le plus beau d'entre tous, le joyau de cette province, la royale basilique de Reims.

Je viens de parler de monuments; n'oublions pas, Messieurs, que l'archéologie munumentale est, avant tout et par-dessus tout, le but offert par M. de Caumont, de vénérée mémoire, aux études des membres de la Société dont il fut le fondateur. Cette noble branche de l'art est ici représentée par des édifices de premier ordre. Pour être fidèles aux traditions que nous a laissées notre illustre maître, nous leur donnerons une place dans le programme de nos explorations. Toutes les églises de Châlons seront par nous successivement visitées et étudiées, et principalement votre belle cathédrale, Monseigneur, dont j'admirais hier le caractère à la fois gracieux et sévère, malgré les reprises et les restaurations qu'elle a eu à subir à diverses époques.

Je ne veux pas, en prolongeant cette allocution, user

XLII SESSION.

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d'un temps qui sera bien plus utilement employé à la discussion des questions de notre programme. Avant de terminer, toutefois, je tiens à acquitter une dette de reconnaissance, au nom de la Société française d'Archéologie, dont je suis heureux d'être ici l'interprète, en remerciant tous ceux qui, à un titre quelconque, ont bien voulu nous prêter leur concours, soit pour l'organisation, soit pour la tenue de ce Congrès.

A Votre Grandeur revient tout d'abord, Monseigneur, l'expression de notre respectueuse gratitude, pour l'honneur que vous nous avez fait en venant présider à l'inauguration de nos travaux et diriger la discussion qui va s'ouvrir sur des questions qui ont été, de la part de Votre Grandeur, l'objet des plus sérieuses et des plus savantes études.

L'administration municipale de cette ville a bien voulu offrir au Congrès une généreuse hospitalité, et mettre à notre disposition cette belle salle où nous sommes en ce moment réunis; qu'elle en reçoive nos plus sincères remercîments.

Merci encore à la Société des Sciences et Arts de la Marne, à son digne président, qui nous ont prêté un si cordial et si actif concours pour la rédaction de notre programme et pour la solution des questions qui y sont posées.

Merci enfin à vous, ines chers et dévoués collègues, qui, en votre qualité de secrétaires généraux et de trésorier du Congrès, avez préparé et organisé cette session, dont le succès, je le dis avec bonheur, est désormais. assuré. Six mois durant, vous fûtes à la peine, soyez aujourd'hui à l'honneur.

Ce discours terminé, M. Émile Perrier, secrétaire général, communique les excuses de M. le général Douay,

retenu au loin par les besoins du service, ainsi que celles de M. le comte de Mellet, que la maladie a empêché de se rendre au Congrès.

Puis la Société compte ses morts illustres, plus nombreux cette année que jamais: Mgr Losana, évêque de Biella, en Italie; M. Bovy, ancien maire de Marseille; M. Savy, père, président de la Société d'agriculture de la Marne; M. le docteur Cattois; M. de Blois; M. l'abbé Cochet, surtout, dont le nom reste attaché aux plus brillantes découvertes. M. le secrétaire général fait ensuite connaître, en quelques mots, les ouvrages offerts au Congrès. En voici la liste :

De M. Auguste Denis :

1° Recherches historiques sur la petite ville de Suippes. Notes et documents inédits.

2o Essai sur la numismatique de la Champagne, représentée aujourd'hui par le département de la Marne.

De M. John E. Price F. S. T., honorary secretary of the London, and Middlesex archeological Society:

Roman antiquities illustrated by remains recently discovered on the site of the national safe deposite company's. premiser, Mansion-House, London.

De M. C. Roach Smith:

The rural Life of the Shakespeare.

De M. Alfred John Dunkin, de Dartfort, Kent:

43 brochures, intitulées: Mines archéologiques, pour l'histoire de Kent.- Radulphi, abbatis de Coggeshal, opera quæ supersunt, curante Alfredo Johanne Dunkin. 1852.

De M. de Cougny :

1. Excursion en Poitou et en Touraine; Lettre à M. de Caumont.

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