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MENTIONS HONORABLES.

1° Mal vehinat, par Mme Josepha Massanès de Gonzalès, à Vallaura, près Barcelone;

2° Un Martir, par M. Francesch Coll y Gasull, de Barcelone;

3° Lo primer cas, par M. Joseph Verdú, de Bar

celone.

PAR M.

PERPIGNAN

ALBERT

SAISSET,

Pièce couronnée au Concours de 1884.

Sur les bords de la Tet, entouré de remparts,
S'élève Perpignan. Sa haute citadelle

Domine le pays, et, fièrement comme elle,
Se dressent les clochers de ses temples épars,
Entre lesquels Saint-Jean, l'antique cathédrale,
Fait admirer l'ampleur de sa nef ogivale,

Son orgue, et ses vitraux, purs chefs-d'œuvre des arts.
Non loin de cette église on voit, sur une place,
Un gothique édifice aux portails élégants:

C'est « la Loge; » le temps semble lui faire grâce,
Elle est belle toujours, et depuis cinq cents ans,
Le navire coquet dont se pare son faite

A sa mâture intacte et son même air de fête;
C'est là que se tenait le commerce autrefois,
Régi par des consuls qui lui dictaient des lois,
Envoyant, par Collioure, aux plages exotiques,
Les tissus et les draps sortis de ses fabriques.
Ouvrant sa double porte aux lourds barreaux d'airain,
On voit, tout à côté, le vieil « Hôtel-de-Ville »,
Puis

l'Ancien Tribunal; du Conseil souverain, Dans le siècle dernier, ses murs étaient l'asile,

Voici le « Castillet » au fronton crénelé,
- Forteresse jadis, aujourd'hui prison sombre
Superbe, quand, la nuit, il projette son ombre
Comme un spectre géant sur le ciel étoilé !

De ses murs il défend la « porte Notre-Dame » :
C'est là que fut construit par un bénédictin,
En l'honneur de la Vierge, au penchant d'un ravin,
Un cloître que, plus tard, anéantit la flamme,
Et qui de Perpignan, fut l'antique berceau :
A sa place aujourd'hui coule un petit ruisseau.

* *

Au pied des bastions s'étend la Pépinière »,
Oasis embaumée aux cyprès d'un beau vert,
Dont les épais rameaux, le long de la rivière,
Gardent le promeneur des brises de l'hiver.
Voisine de ces lieux, une autre promenade
Fait le charme et l'orgueil des heureux habitants;
Les Platanes, » touffus, et courbés en arcade,
Offrent, dans les jours chauds, la fraicheur du printemps:
Le dimanche, en été, quand la nuit est venue,
D'une belle musique on entend les accords,
La foule, à flots pressés, couvre chaque avenue:
Ce peuple, allant, venant, en de joyeux transports,
Ces sons harmonieux, ces voix de la nature,
Ces bosquets frissonnants, ce ruisseau qui murmure,
Ces parfums répandus par les jardins en fleurs,
Ces grands arbres formant un dôme de verdure,
Ont une poésie, un attrait enchanteurs !

Autour de Perpignan règne une vaste plaine
Qu'un généreux soleil inonde de ses feux :

La mer, qu'on aperçoit, dans la brume lointaine,
Avec l'azur du ciel confondant ses flots bleus,
Le pic du Canigou, les chainons des Corbières
Faisant face aux sommets escarpés des Albères
Font un cadre splendide au tableau merveilleux
Qu'offrent les eaux, les champs, les vignes, les prairies,
Et les vergers ployant sous leurs branches fleuries,
Que couvrira de fruits un été radieux !

Avec son doux climat, sa campagne fertile,
Ses produits abondants qu'on achète à prix d'or,
Perpignan deviendrait aisément grande ville,
Mais ses remparts, hélas ! arrêtent son essor.
Si, contre les engins inventés par la guerre
Une enceinte aujourd'hui n'est plus d'aucun secours,
Que l'on fasse tomber ces entraves de pierre,
Et que quatre ou cinq forts gardent les alentours.
Ainsi l'on donnera la liberté, l'espace,

A la vieille cité qui, pouvant s'agrandir,
Oubliant du passé la trop longue disgrâce,
Verra luire à son ciel un brillant avenir !

A ALFRED DE MUSSET

Par M. Jean FESQUET,

Pièce couronnée au Concours de 1884.

Voilà l'homme, souvent vaincu, toujours sublime.
D'un œil audacieux, il veut sonder l'abime
De l'idéal; soudain, mordu par la douleur,

Il jette un anathème à Dieu, mais dans son cœur
Il croit. S'il entre un soir dans l'église déserte,

Il n'incline jamais sa tête découverte,

Mais sa pensée ardente interroge les cieux

Où la nuit lentement fait scintiller ses feux.

- Combien est insensé celui qui désespère!

Dieu parle, et je m'incline. Ombre qui fus Voltaire,
Tu peux, s'il te convient poursuivre le néant :

Il me faut l'Eternel dans l'infini béant. »

Qu'il est beau, l'homme encore au printemps de la vie !
Son âme subjuguée, hésitante, éblouie,

Découvre pour ses vœux un horizon sans fin.
Gai comme l'alouette aux lueurs du matin,
Il rêve, avec l'amour, la richesse et la gloire;
Il vaincra le destin; le prix de sa victoire
Sera grand: une vierge aux longues tresses d'or,

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