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Cicéron au moyen de fragments épars çà et là. Ce travail reçut l'éloge de tous les savants, et depuis que l'ouvrage de l'auteur romain, découvert par M. Angelo Mai, a été traduit par M. Villemain, l'ouvrage de Bernardi se lit encore avec intérêt.

On doit encore à Bernardi un Traité de l'origine de la Législation française et un ouvrage sous ce titre: De l'influence de la philosophie sur les forfaits de la revolution, publié en 1800. Ce livre, hardi pour l'époque, est plein de détails et de rapprochements curieux.

HISTORIENS.

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bly. Velly. Villaret. Sainte-Palaye.

De la Grange.

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Anquetil.
Lobineau.

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- Lebœuf. Gaillard. Saint-Foix. Mer

cier. Dufresnoy Macquer. Lacombe. Richer. Folard.

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Caylus. Sainte-Croix.

Berruyer. Lafiteau,

Madame Roland.

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Godescard.

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Madame Necker.

Louis Legendre (1655-1733), né de parents pauvres, à Rouen, dut le bienfait de l'éducation à l'archevêque de cette ville, François de Harlay, qu'il suivit à Paris, et dont il reçut un canonicat à Notre-Dame. On a de lui divers ouvrages entre autres :

1° Nouvelle Histoire de France jusqu'à la mort de Louis XIII. 2o Mœurs et coutumes des Français,

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L'abbé Legendre écrivait d'un style élégant, correct; sa critique est judicieuse, impartiale, et les faits qu'il raconte sont toujours appuyés de preuves convaincantes; enfin l'abbé Legendre, sans être un historien du premier rang, offre toujours de l'intérêt et de l'instruction.

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Dom Martin Bouquet (1685-1754) fut un de ces savants bénédictins qui ont rendu d'immenses services à la science historique et littéraire de notre pays. Depuis longtemps on s'occupait du projet conçu par Colbert, en 1676, d'une nouvelle collection des historiens des Gaules et de la France. Le P. Lelong s'en occupa d'abord; mais la mort de cet oratorien (1721) en suspendit l'exécution, Elle fut reprise par Dom Bouquet, qui, l'an 1738, publia les deux premiers volumes de cette collection sous le titre de Rerum Gallicarum et Franciscarum Scriptores. Il donna successivement six autres volumes et mourut en 1754, au milieu de cet important travail. Il a été continué par divers bénédictins jusqu'au seizième volume, qui s'arrête au règne de Philippe Auguste.

Marguerite de Lusan débuta dans le monde littéraire par deux ouvrages dont le succès fut assez brillant : l'un est un roman intitulé: Histoire de la comtesse de Gondès (1730); l'autre a pour titre Anecdotes de la cour de Philippe Auguste (1733). Les Veillées de Thessalie sont un recueil de contes où l'auteur emploie tous les ressorts de la magie. Dans les Mémoires secrets et les Intrigues de la cour de France sous Charles VIII, Mlle de Lusan a su rattacher au récit des faits importants de ce règne quelques ca

ractères épisodiques assez bien tracés, et plusieurs situations intéressantes. On lui doit encore les Anecdotes de la cour de François Ier; l'Histoire de Marie d'Angleterre; l'Histoire de la Vie et du Règne de Charles VI et de Louis XI; l'Histoire de la dernière Révolution de Naples; la Vie du brave Crillon, etc. En général, le style de cette dame est naturel, doux et facile, mais prolixe. C'est plutôt la grâce et la délicatesse des couleurs qui distinguent ses ouvrages que la chaleur, la force et l'invention. Il n'en est aucun où l'on ne trouve des traits touchants de sensibilité, des pensées ingénieuses et quelquefois profondes. Enfin, quoiqu'on ait, de nos jours, beaucoup abusé d'un tel genre, les romans historiques de Mlle de Lusan offrent encore aujourd'hui une lecture agréable et mème instructive.

Joseph Vaissette, né à Gaillac en 1685, exerça pendant quelque temps la charge de procureur du roi du pays albigeois. Dégoûté du monde, il se fit bénédictin de la congrégátion de Saint-Maur, dans le prieuré de la Daurade, à Toulouse, en 1711. Son goût pour l'histoire le fit appeler à Paris, en 1713, par ses supérieurs, qui le chargèrent, avec dom Claude de Vic, de travailler à l'Histoire du Languedoc. Le premier volume de cet ouvrage parut en 1730, in-folio. « Peu d'histoires générales, a dit l'abbé des Fontaines, sont mieux écrites en notre langue : l'érudition y est profonde et agréable. » On a ajouté, à la fin, des notes très-savantes sur différents points de l'histoire du Languedoc; ces notes sont autant de dissertations sur des matières curieuses. Dom de Vic étant mort en 1734, dom Vaissette resta seul chargé de ce grand ouvrage, qu'il exécuta avec succès, et dont il publia les quatre autres volumes. Ce savant mourut à Saint-Germain des Prés en 1756, regretté de tout le monde. Ses autres ouvrages sont: Un Abrégé de son Histoire du Languedoc, en 6 vol. in-12, 1740. Il peut suffire à ceux qui ne sont pas de cette province; mais les Languedociens le trouvent trop sec et le regardent comme une table des matières. 2o Une Géographie universelle, en 4 vol. in-4o et en 12 vol. in-12. Quoiqu'il y ait bien des fautes, comme dans toutes les géographies, les hommes instruits ne laissent pas de la consulter. L'auteur a puisé, autant qu'il a pu, dans des sources pures. C'est ainsi que, pour parler pertinemment des célèbres missions du Paraguay, il a consulté dom Antonio-Ulton, ancien commandant du Pérou, d'après les rapports duquel il a tracé l'intéressant tableau que l'on voit de ces missions dans le dernier tome de sa Géographie; tableau qui, en fixant les regrets des gens de bien, des vrais philosophes, dévouera à l'exécration publique ceux qui ont coopéré à la destruction d'un tel établissement.

Jean Lebœuf, natif d'Auxerre (1687), fut l'un des hommes les plus savants dans les détails de notre histoire; presque tous ses travaux roulent sur ce sujet. On a compté jusqu'à cent soixante-treize pièces de ce genre; nous ne citerons que les principales :

1° Discours sur l'état des sciences dans l'étendue de la monarchie française sous Charlemagne; il fut couronné par l'Académie des inscriptions.

2o Recueil de divers écrits pour servir d'éclaircissements à l'Histoirede France et de supplément à la Notice des Gaules, 2 vol. in-12.

3o Dissertation dans laquelle on cherche depuis quel temps le nom de France a été en usage.

4o Dissertation sur l'histoire ecclésiastique et civile de Paris, suivie de plusieurs éclaircissements sur l'histoire de France, vol. in-12. Le 2e vol.

renferme une dissertation, couronnée comme la première, sur l'état des sciences depuis la mort de Robert jusqu'à celle de Philippe le Bel.

Gabriel Bonnot de Mably (1709–1785), frère de Condillac et abbé comme lui, débuta par le Parallèle des Romains et des Français, sous le rapport du gouvernement (1740), ouvrage qui décèle un partisan déclaré de la monarchie française et par conséquent un adversaire du philosophisme. Mais bientôt il changea d'opinion politique, sans toutefois sympathiser avec les philosophes. Il leur ressemblait pourtant plus qu'il ne pensait, et s'il prit ́ une autre voie, il concourut de toutes ses forces et sans le savoir au même résultat.

L'abbé Mably s'occupa, toute sa vie, avec plus de suite et de gravité que les autres écrivains, de la politique et de la morale dans les rapports qu'elles peuvent avoir avec l'ordre public, comme on le voit dans ses divers ouvrages: le Droit public de l'Europe fondé sur les traités, les Observations sur l'histoire de la Grèce, les Observations sur les Romains, les Principes des négociations, les Entretiens de Phocion, les Observations sur l'histoire de France, les Principes des lois, le Gouvernement et les lois de la Pologne, les Doutes proposés aux économistes sur l'ordre naturel et essentiel des sociétés, l'Etude de l'histoire, la Manière d'écrire l'histoire, les Principes de morale, les Observations sur le gouvernement et les lois des Etats-Unis d'Amérique.

Lein de s'applaudir, comme les autres écrivains, de ce qu'on appelait le progrès des idées, et de s'enorgueillir du temps présent, l'abbé Mably montra constamment du dédain pour les mœurs du siècle, pour le caractère des nations et des hommes. Indigné des désordres et de la frivolité qui régnaient autour de lui, son estime se porta sur les souvenirs de l'antiquité. Dans sa préoccupation misanthropique, il ne rendit justice à rien de ce qui appartenait aux temps modernes : ni la religion, ni le gouvernement, ni la gloire, ni les annales de la France et des nations européennes, ne lui parurent mériter un regard; il semble que sa haine pour l'ordre actuel ne pouvait pardonner même à la première origine d'où cet ordre était découlé. Ses livres étaient bien moins une louange de l'antiquité qu'une critique de son temps; ils inspiraient moins la vénération pour les institutions anciennes que le mépris pour les institutions modernes : un ton morose et hostile ne saurait faire naître l'admiration. D'ailleurs, ce qu'il vantait d'une manière exclusive, n'ayant aucun rapport, aucune parenté avec nous, n'aurait pu inspirer que des sentiments froids et pour ainsi dire abstraits. L'abbé de Mably suivait donc, ainsi que les autres écrivains, une marche destructive, et contribuait, sans le savoir, à affaiblir les liens déjà usés qui unissaient encore les membres d'une vieille société.

On aperçoit surtout ce caractère dans les Observations sur l'histoire de France: l'abbé de Mably se refuse à entrer dans l'esprit de nos anciennes mœurs, et de nos formes gouvernementales; ce n'est pas assurément par défaut de savoir et de réflexion, ce serait plutôt par l'effet d'une prévention aveugle; mais enfin l'auteur ne semble pas comprendre l'histoire de sa patrie. Il triomphe à flétrir tous nos vieux souvenirs, à ne montrer que barbarie ou despotisme dans les institutions qui, pendant mille ans, ont fait souvent le bonheur et toujours la gloire de la France. C'est de lui surtout que datent les préventions, aujourd'hui dissipées, que, hors de la Grèce et de Rome, il n'y a pas eu de gouvernement, et que rien, dans nos annales, ne mérite nos sympathies et nos regrets.

Mais si l'abbé de Mably a exercé sur le vulgaire une fâcheuse influence,

c'est bien certainement contre son gré: jamais il n'a désiré que l'on modelât les constitutions européennes sur les anciennes républiques; car il répétait que ce changement n'était ni possible ni raisonnable. Nul écrivain n'eut plus que lui le don de prévoir ce qui pourrait résulter du mouvement des peuples; il ne partageait pas les espérances légères des philosophes, qui ne voyaient dans l'avenir prochain que liberté, bonheur, lumières et perfectionnement, et, éclairé par le mépris profond qu'il avait pour ses contemporains, il a su prédire une grande partie de nos malheurs.

Nous citerons deux morceaux de Mably.

1o Le parallèle des Grecs et des Romains.

<< Quoi qu'en dise un des plus judicieux écrivains de l'antiquité, qui cherche à diminuer la gloire des Grecs, leur histoire ne tire point son principal lustre du génie et de l'art des grands hommes qui l'ont écrite. Peut-on jeter les yeux sur tout le corps de la nation grecque, et ne pas avouer qu'elle s'èlève souvent au-dessus des forces de l'humanité ? On voit quelquefois tout un peuple être magnanime comme Thémistocle, et juste comme Aristide. Salluste nierait-il que Marathon, les Thermopyles, Salamine, Platée, Mycale, la retraite des Dix Mille et tant d'autres exploits exécutés dans le sein même de la Grèce pendant le cours des guerres domestiques, ne soient audessus des louanges que leur ont données les historjens? Les Romains n'ont vaincu les Grecs que par les Grecs mêmes. Mais quelle aurait été la fortune de ces conquérants, si, au lieu de porter la guerre dans la Grèce corrompue par mille vices et affaiblie par ses haines et ses divisions intestines, ils y avaient trouvé ces capitaines, ces soldats, ces magistrats, ces citoyens qui avaient triomphe des armes de Xerxès? Le courage aurait été alors opposé au courage, la discipline à la discipline, la tempérance à la tempérance, les lumières aux lumières, l'amour de la liberté, de la patrie et de la gloire à l'amour de la liberté, de la patrie et de la gloire.

« Un éloge particulier que mérite la Grèce, c'est d'avoir produit les plus grands hommes dont l'histoire doive conserver le souvenir. Je n'en excepte pas la république romaine, dont le gouvernement était toutefois si propre à échauffer les esprits, à exciter les talents et à les reproduire dans tout leur jour. Qu'opposera-t-elle à un Lycurgue, à un Themistocle, à un Cimon, à un Epaminondas, etc., etc.? On peut dire que la grandeur des Romains est l'ouvrage de toute la république. Aucun citoyen de Rome ne s'élève audessus de son siècle et de la sagesse de l'Etat, pour prendre un nouvel essor et lui donner une face nouvelle. Chaque Romain n'est sage, n'est grand que par la sagesse et le courage du gouvernement; il suit la route tracée, et le plus grand homme ne fait qu'y avancer de quelques pas plus que les autres. Dans la Grèce, au contraire, je vois souvent de ces génies vastes, puissants et créateurs, qui résistent au torrent de l'habitude, qui se prêtent à tous les besoins différents de l'Etat, qui s'ouvrent un chemin nouveau, et qui, en se portant dans l'avenir, se rendent les maîtres des événements. La Grèce n'a éprouvé aucun malheur qui n'ait été prévu longtemps d'avance par quelqu'un de ses magistrats; et plusieurs citoyens ont retiré leur patrie du mêpris où elle était tombée, et l'ont fait paraître avec le plus grand éclat. Quel est, au contraire, le Romain qui ait dit à sa république que ses conquêtes devaient la mener à sa ruine? Quand le gouvernoment se déformait, quand on abandonnait aux proconsuls une autorité qui devait les affranchir du joug des lois, quel Romain a prédit que la République serait vaincue par ses propres armées? Quand Rome chancelait dans sa décadence, quel citoyen est venu à son secours et a oppose sa sagesse à la fatalité qui semblait l'entraîner? Dès que les Romains cessèrent d'être libres, ils de

vinrent les plus lâches des esclaves. Les Grecs, asservis par Philippe et Alexandre, ne désespérèrent pas de recouvrer leur liberté : ils surent, en effet, se rendre indépendants sous les successeurs de ces princes. S'il s'éleva mille tyrans dans la Grèce, il s'y éleva aussi mille Thrasybules.

<< Ecrasée enfin sous le poids de ses propres divisions et de la puissance romaine, la Grèce conserva une sorte d'empire, mais bien honorable, sur ses vainqueurs. Ses lumières et son goût pour les lettres, la philosophie et les arts, la vengèrent, pour ainsi dire, de sa défaite, et soumirent à leur tour l'orgueil des Romains. Les vainqueurs devinrent les disciples des vaincus, et apprirent une langue que les Homère, les Pindare, les Thucydide, les Xénophon, les Démosthène, les Platon, les Euripide, etc., avaient embellie de toutes les grâces de leur esprit. Des orateurs qui charmaient déjà Rome allèrent puiser chez les Grecs ce goût fin et délicat, peut-être le plus rare des talents, et ces secrets de l'art qui donnent au génie une nouvelle force; ils allèrent, en un mot, se former au talent enchanteur de tout embellir. Dans les écoles de philosophie, où les Romains les plus distingués se dépouillaient de leurs préjugés, ils apprenaient à respecter les Grecs; ils rapportaient dans leur patrie leur reconnaissance et leur admiration, et Rome rendait son joug plus léger: elle craignait d'abuser des droits de la victoire, et par ses bienfaits distinguait la Grèce des autres provinces qu'elle avait soumises. Quelle gloire pour les lettres d'avoir épargné au pays qui les a cultivées, des maux dont ses législateurs, ses magistrats et ses capitaines n'avaient pu la garantir. Elles sont vengées du mépris que leur té moigne l'ignorance, et sûres d'être respectées, quand il se trouvera d'aussi justes appréciateurs du mérite que les Romains. » (Observations sur l'histoire de France.)

2o Le Portrait de Phocion.

« Il serait téméraire à moi de vouloir écrire ici la vie de ce grand homme; en essayant d'égaler Plutarque, je sens combien mes efforts seraient inutiles. Je me contenterai de rapporter quelques traits de la vie de Phocion, propres à faire connaître ses mœurs et son caractère.

« Il passe des écoles que Socrate avaient formées à l'armée de Chabrias, - sous lequel il fit ses premières armes; et tandis que le jeune discilpe de Platon apprenait l'art de la guerre de ce général habile, mais quelquefois paresseux ou emporté, il lui enseignait à son tour commander avec la diligence, l'exactitude et la modération digne d'un grand capitaine. Chabrias démêla sans peine tous les talents de son élève et de son maître, et, à la bataille de Naxe, il lui confia le commandement de son aile gauche, qui décida de la victoire.

<< Athènes n'avait plus de ces citoyens à la fois hommes d'Etat dans la place publique ou dans le sénat et capitaines des armées. Les uns se destinaient aux emplois militaires, les autres aux fonctions civiles, et, depuis ce partage, les talents et la république étaient également dégradés. Phocion fit revivre l'ancien usage; réunir les talents, c'était en quelque sorte multiplier les citoyens, les ressources de l'Etat et les grands magistrats. Il croyait que toutes les connaissances se prêtent un secours mutuel. Il gagna des batailles, traita de la paix, et fut le rival de Démosthène, qui l'appelait la hache de ses discours, et ne craignit que lui de tous les orateurs dont Athènes était alors remplie. En se rendant digne de tous les emplois de la république, Phocion n'en brigua jamais aucun. Quoique sûr de commander les armées si on faisait la guerre, il conseilla toujours la paix; et le peuple, à qui il reprocha sans cesse ses vices, tantôt avec force, tantôt avec une plaisanterie fine et piquante, le proclama quarante-cinq fois son capitaine géné

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