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Missy est en face de Noyers, du côté opposé de la route. L'église n'offre de remarquable qu'une porte ogivale entre deux arcades obscures. Le travail des chapiteaux et des archivoltes se rapporte au XIIIe siècle.

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Tout près et à l'est de l'église, existe une maison de la

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première moitié du XVI siècle, dont les fenêtres sont

encore assez bien conservées. Elle appartient à M. le comte de Chazot, membre de l'Association normande.

La butte de Montbroc est un point culminant d'où la vue s'étend au loin, au sud et au nord. On découvre de là la cathédrale de Bayeux, et une assez grande quantité de points divers : ce terrain, autrefois couvert de bois et de bruyères, fut le sujet de longues contestations entre les moines d'Ardennes et les habitants de Monts. Les moines prétendaient que la montagne de Montbroc était une dépendance de la baronnie de Tesnière, qui leur avait été donnée, en 1190, par Richard Cœur-de-Lion, roi d'Angleterre. On trouve un grand nombre de pièces relatives aux contestations qui s'élevèrent, à différentes époques, relativement à ces bruyères, dans le cartulaire. de l'abbaye d'Ardennes (1).

Du point culminant de Montbroc, la route descend vers le bourg de Villers, laissant à droite le village de Villy, à gauche celui de Parfouru et d'Epinay-sur-Odon (2).

Géologie. Entre Caen et Verson, la route est établie sur le calcaire secondaire (grande oolite et oolite inférieure); à Verson, elle passe sur les phyllades dénudés sur ce point, le long de la vallée de l'Odon; à Mouen, une chaîne de grès quartzeux se montre à la surface du sol; puis, à partir de Tourville, la route court sur l'oolite inférieure et peut-être le lias, jusqu'à Epinay, à 1 kilo

(1) V. ma Statistique monumentale du Calvados, t. 1or, page 200; on y trouvera une longue note extraite du cartulaire.

(2) V., sur ces deux communes, ma Statistique monumentale du Calvados, t. 1er.

mètre 1/2 de Villers, qu'elle entre dans la région des phyllades (1).

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Agriculture. Suivant la nature géologique des terrains que je viens de citer, le sol arable offre des qualités très-diverses: la région la plus productive, celle où le colza et toutes les cultures épuisantes réussissent le mieux, est comprise entre Mouen et les buttes de Montbroc, au-dessus de l'oolite inférieure et du lias: ce sont des terres argileuses et profondes, dans lesquelles la végétation des arbres est aussi très-belle. Les terrains arables qui bordent la route dans le reste de son parcours (grès schistes grande oolite), sont généralement plus légers, quoique productifs, dans des proportions diversement graduées, suivant les circonstances faciles à apprécier sur place, mais qu'il suffit d'indiquer ici.

VILLERS-BOCAGE.

Villers, aujourd'hui chef-lieu de canton, était autrefois le chef-lieu d'un doyenné, comprenant 31 paroisses, et d'une sergenterie, qui en avait 26 dans son ressort.

Il y avait deux églises paroissiales à Villers: St-Germain et St-Martin. L'une d'elles (St-Germain) a été reconstruite tout entière, et n'est pas encore achevée ; c'est l'église paroissiale actuelle. Elle est d'un assez pauvre style; on vient d'y construire une tour, ornée de colonnes, et au haut de laquelle se trouve un édicule où l'on doit placer la statue de St-Martin, devenu premier patron de

(1) V. la preuve de ces assertions dans ma Topographie géognostique du Calvados. V. aussi la carte géologique de ce département.

Villers, depuis que l'église St-Martin a été supprimée et abattue.

Villers possédait un prieuré hospitalier, fondé en 1366' par Jeanne Bacon, châtelaine de Lisle, dame du Mollay et de Villers. Elle fonda cet hôpital dans un grand manoir qu'elle avait acquis de Perrin Castel, en sa bonne ville de Villers, paroisse de St-Germain, et le dota de 200 livres de rente. Un second acte, passé trois ans après, en 1369, explique les volontés de la fondatrice.

L'administration de l'établissement fut confiée à deux prêtres séculiers, dont l'un était prieur et administrateur en titre, et l'autre chapelain : le prieur devait rendre compte à l'évêque de son administration une fois chaque

année.

Cet établissement utile ne demeura pas long-temps dans un état florissant; il fut dans la suite réduit à l'état de prieuré simple.

M. d'Angennes, évêque de Bayeux, substitua au prieur, du consentement du seigneur de Villers, des religieuses bénédictines que l'on appela de l'abbaye des Vignats, près Falaise La démission du prieur en faveur de la dame de Belin, prieure, est du 26 juin 1643. Le décret de l'évêque, donné le 12 septembre suivant, porte union du prieuré de l'hôpital de Villers au monastère de religieuses nouvellement établi; il fut confirmé par lettrespatentes du mois d'avril 1647 et du 20 février 1650, enregistrées au parlement de Rouen, le 3 juin 1652.

En 1740, le mauvais état du temporel obligea le supérieur de faire défense à la communauté de recevoir des novices; M. de Luynes, évêque de Bayeux, se détermina à supprimer le couvent. Ce projet trouva une opposition

très-forte dans M. le marquis de Blangy, seigneur de Villers, et dans les religieuses elles-mêmes. Cependant, par un arrêt du 15 avril 1743, l'évêque fut autorisé à transférer ces religieuses ailleurs, et à faire administrer par un économe le revenu du prieuré, en attendant qu'il en fût ordonné autrement.

L'hôpital de Villers a conservé la plus grande partie de ses revenus, et est aujourd'hui administré par une dame

religieuse.

Le château de Villers, précédé de belles avenues, est situé au midi du bourg, sur la route allant à Aunay. Le côté gauche, avec sa tour carrée angulaire en encorbellement, ce qu'il reste de bossages et de hautes cheminées, peuvent dater du temps de Louis XIII ou de Louis XIV. Le pavillon formant la partie droite de l'édifice près des douves est moderne et d'une grande pesanteur. Il y avait une chapelle sous l'invocation de St-Jacques et de St-Romphaire. Robert de Roncherolles, seigneur du lieu, déclare en 1609, dans un acte de nomination pour cette chapelle, qu'elle était ruinée depuis environ 16 ans : elle fut rebâtie depuis, mais elle n'existe plus.

Ce château, qui appartient aujourd'hui à M. le baron de Grandclos, n'occupe pas l'emplacement du château primitif: celui-ci, que j'ai décrit dans le 5o volume de mon Cours d'antiquités monumentales, était à quelque distance à l'est; il se composait, d'après ce que j'ai pu conclure par ce qui reste, d'une motte ronde, entourée de fossés. Cette éminence, maintenant couverte de bois, se trouvait à l'un des angles d'une place à peu près carrée, dont le tracé du Vallum est encore indiqué par une dépression au milieu des terres labourées.

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