Page images
PDF
EPUB

Anciennement trois autres portes principales donnaient accès à la ville; elles étaient munies d'un appareil imposant de herses et de ponts-levis. D'épaisses murailles, dont il reste encore quelques vestiges, défendues aux angles par de grosses tours à machicoulis, formaient, derrière de larges et profonds fossés, une enceinte continue sur un développement de près de 700 mètres (1).

Des porches garnissaient encore plusieurs maisons il y a vingt ans ; il n'en reste plus aujourd'hui que deux ou trois.

L'église paroissiale de Notre-Dame fut d'abord une simple chapelle; bâtie au commencement du XIIe siècle, sous le règne de Henri Ier, elle ne devint paroissiale qu'au XIII. siècle (1272). Elle est assez vaste et de plusieurs époques.

Dans son ensemble, la nef présente tous les caractères du XIIIe siècle; on remarque seulement sous l'orgue des parties qui doivent dater du XII. Les bas-côtés de la nef paraissent aussi du XIII. Les chapelles attenantes sont du XV.

Il convient d'assigner la même date au chœur, à l'abside et à une partie des bas-côtés qui l'entourent. Le transept méridional, avec le portail qui en fait partie, doit être du XIVe siècle ou de la fin du XIII®.

(1) D'Isigny; Essai sur la ville et le château de Vire.

[graphic][ocr errors][subsumed][merged small]

La jolie place, située près de l'église, occupe l'étendue de l'ancien château.

Ce château, reconstruit au XIIe siècle par Henri Ier, et situé sur une presqu'île rocheuse comme ceux de Falaise et de Domfront, était inaccessible de tous côtés, excepté de celui qui regarde la ville et par où le cap s'at tache aux plateaux voisins. Mais un fossé profond et d'épaisses murailles, fortifiées par des tours, en défendaient l'approche. Deux de ces tours qui flanquaient la porte d'entrée avaient plus de 60 pieds de hauteur. On entrait d'abord dans une première enceinte, où se trouvaient des logements et des écuries; plus loin était un second fossé avec un pont-levis, pour entrer dans la seconde enceinte, qui était garnie de bons murs avec trois tours. Il y avait entre les deux autres tours une chapelle dédiée à saint Blaise. A l'extrémité opposée et sur la pointe du rocher se trouvait le donjon dans lequel on entrait par plusieurs degrés.

La plupart des fortifications ont été démolies en 1630, par les ordres de Richelieu,

Ce fut à la même époque que le donjon fut démantelé ; il était divisé en quatre étages. Au rez-de-chaussée se trouvait un escalier maintenant complètement détruit, qui accédait au premier étage et à une galerie pratiquée dans l'épaisseur du mur, d'où partaient sans doute des escaliers tournants, donnant accès aux deux étages supérieurs. On remarque dans la partie des murailles qui répond au premier étage une vaste cheminée, près de laquelle était une fenêtre, qui a été élargie long-temps après la fondation de la tour.

Au troisième étage sont deux fenêtres; le quatrième étage n'offre que des ouvertures étroites.

Les murs de ce dernier étage étaient beaucoup moins épais que les autres, de sorte qu'on avait pu ménager à l'extérieur de la tour et à un niveau correspondant au plancher, un trottoir. Ce trottoir est encore garni de consoles ou de longs modillons saillants, qui ont probablement supporté un mur en encorbellement, de manière qu'il restait entre chacun d'eux une ouverture pour laisser tomber des pierres ou autres corps pesants sur ceux qui auraient tenté d'assaillir la tour.

M. d'Isigny a, dans un mémoire remarquable sur le château de Vire, indiqué les principaux faits de l'histoire militaire de cette ville, depuis le XIIe siècle. Durant les guerres de religion, la ville fut exposée aux ravages des Calvinistes. Elle fut prise et reprise plusieurs fois. Montgommery s'en empara, dès le commencement des troubles, en 1562; il pilla et enleva le trésor de l'église. Le duc d'Estampes la reprit sur Montgommery, et Montgommery s'en empara une seconde fois, en 1563. La ville fut encore prise et pillée, pour la troisième fois, par Montgommery, en 1568.

Vire prit part aux troubles de 1639, qui agitèrent presque toutes les villes de Normandie, au sujet des va-nupieds.

Elle était menacée du pillage par l'armée du Roi, sous les ordres de Gassion, qui venait pour punir ses habitants; mais elle en fut préservée par la prudence et la sage conduite de Philibert-le-Hardi, avocat du Roi.

En 1759, un incendie réduisit en cendres une partie des faubourgs de Vire.

Il y avait autrefois, à Vire, trois couvents de femmes et

deux d'hommes; savoir: les Cordeliers, établis en 1481 (1); les Capucins, qui dataient de 1625; les Ursulines, de 1631; les Bénédictines, de 1646.

L'hôpital général, auquel on accède par la rue tendant à Vassy et à Condé-sur-Noireau, fut établi l'an 1683.

L'hôtel-Dieu, qui avait été fondé vers le milieu du XIIe siècle, fut occupé, en 1661, par des religieuses hospitalières.

Tout le monde sait que Vire est la patrie d'Olivier Basselin, dont les poésies ont été éditées d'abord par M. Asselin, puis par M. Travers, l'un et l'autre membres de l'Association normande. Le poète contemporain Chênedollé était aussi Virois, car son château n'est qu'à 2 lieues de la ville, où il passait, d'ailleurs, quelque temps chaque année. Vire a perdu récemment un homme d'un grand mérite, M. d'Isigny, et un savant botaniste, M. Delise; leurs notices biographiques ont été publiées. M. Le Normand, dont les magnifiques collections botaniques sont connues au loin, soutient, par ses travaux remarquables, la haute réputation dont jouit sa ville natale parmi les naturalistes.

[ocr errors]

(4) Les bâtiments du couvent furent achevés en 1494, et l'église fut consacrée, sous le titre de Saint-Michel, le 20 mai 1500, par Guillaume, évêque de Porphyre. Il est sorti de ce couvent plusieurs religieux distingués par leur érudition. En 1568, les Calvinistes firent mourir cinq religieux de cette maison et y firent de grands dommages. On lisait ce qui suit sur une poutre sculptée de l'église aujourd'hui démolie :

L'an mil cinq cent soixante-huit

Ce temple fut destruit;

L'an suivant, que l'on dit,

Langevin me restaurit.

« PreviousContinue »