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premiers soins; il faut former des chaussées assez étroites et bien bombées avec le sol même, en creusant des fossés d'égout pour recevoir les eaux qui sont amenées, au moyen de vannes établies sur la rivière, par un ruisseau ouvert exprès sur le milieu de la chaussée. De cette manière, et pour le peu d'inclinaison que l'on peut trouver pour vider les égouts, l'eau passe avec rapidité sur le terrain ainsi disposé en forme de dos d'àne, y dépose le limon qu'elle contient naturellement, et fait produire de l'herbe en abondance et en bonne qualité.

Il ne faut pas dissimuler que l'usage des irrigations donne lieu à quelques difficultés entre les propriétaires d'usines et les propriétaires de prairies; l'intérêt des uns se trouve souvent en contact avec celui des autres, à cause des prises d'eau qui se font irrégulièrement et à des époques différentes dans chaque vallée. Une ancienne coutume, consacrée par l'usage dans les vallées de la Bresle et de la Meline, établit l'époque des irrigations pendant la nuit, depuis le 15 du mois de mars jusqu'au 24 du mois de juin, pour la première coupe des herbes dans quelques localités, on fait encore arroser pour la seconde coupe, et dans d'autres cette faculté est interdite; de telle sorte que, lorsqu'il s'élève une contestation sur l'élévation des eaux ou sur l'utilité que les particuliers doivent en retirer,il faut se reporter à l'usage des lieux; l'affaire se juge par témoins, et l'on sait que ces sortes de procès conduisent souvent à un mauvais résultat. Il faut dire que le grand nombre d'usines construites sur les cours d'eau, et qui se multiplient chaque jour, fait obstacle aux bienfaits des irrigations, en ce que, pour obtenir une bonne chute, les industriels font élever les eaux en amont jusqu'au niveau du sol, de manière que les prairies ne peuvent plus s'égoutter.

M. le préfet de la Seine-Inférieure, par des arrêtés réglementaires en date des 28 mars 1821 et 7 octobre 1824, a prescrit les formalités à observer pour construire les usines, vannages ou barrages sur les cours d'eau. Dəs arrêtés du même magistrat, en date des 17 pluviôse an X et 6 juin 1820, ordonnent le curage des rivières. Mais, nous le disons à regret, soit que les autorités communales reculent devant l'embarras de mettre ces arrêtés à exécution, soit qu'elles aient des intérets à ménager, il en résulte que peu d'usines ont des déversoirs et des repères pour le nivellement des eaux, et que le curage ne se fait qu'imparfaitement.

Pour obvier à ces inconvénients, nous proposons d'inviter l'administration supérieure du département à nommer une Commission, composée: 1° de M. l'ingénieur de l'arrondissement; 2o de propriétaires d'usines; 3° de propriétaires de prairies; laquelle Commission parcourrait les vallées, assistée du maire de chacune des communes et de l'agentvoyer cantonal, à l'effet: 1o de constater si les usines sont légalement établies; 2° de déterminer la largeur de la rivière en proportion de son volume d'eau ; 3° de fixer l'époque et la durée des irrigations; 4o de fixer aussi l'heure de la prise d'eau de chaque jour. Puis, sur le rapport de la Commission, M. le préfet prendrait un arrêté pour servir de réglement dans les vallées de l'arrondissement, et obliger l'établissement d'un déversoir et d'un repère à toutes les usines. Par ce moyen, on pourrait facilement égoutter les prairies dans le moment qu'elles n'ont plus besoin d'eau, pour les rendre plus productives par l'effet des irrigations qui seraient mieux ordonnées et deviendraient plus profitables.

D'ailleurs, notre proposition n'a rien de contraire au vœu de la loi du 29 avril dernier, puisque, dans son article 5, il est dit qu'il n'est nullement dérogé par les présentes dispositions aux lois qui règlent la police des

eaux.

Ainsi, suivant le Code civil, les riverains ont le droit d'user des cours d'eau non navigables, ni flottables, qui bordent leurs propriétés, et c'est l'administration qui fait la dispensation des eaux, c'est-à-dire qui fait les réglements quand il lui convient; c'est elle qui fixe la manière dont on peut user des eaux, parce que la loi nouvelle lui a conservé ses droits.

Cet exposé nous conduit à faire connaître à l'Association normande qu'il existe une étendue considérable de terrains en pâtures et marais communaux dans l'arrondissement de Neufchâtel, notamment dans la vallée de la Bresle; que ces pâtures sont dans un état d'abandon total; qu'elles servent à la dépaissance des troupeaux communs de vaches, génisses, mulets et poulains, dont on ne retire, pour ainsi dire, aucun profit.

Il serait plus avantageux pour les communes et pour les populations entières que ces marais et ces pâtures fussent mis à ferme par bail de longue durée, en obligeant les fermiers à les convertir en prairies, qui deviendraient fertiles par les effets des irrigations,

Nous prions donc Messieurs les membres de l'Associa tion d'user de leur influence près du Gouvernement pour arriver à cette fin désirée depuis long-temps, et ils auront mérité la reconnaissance des habitants de l'arrondissement,

TENUE, LE 6 OCTOBRE 1845,

A SAINT-PIERRE-SUR-DIVES,

SOUS LA PRÉSIDEence de M. le DOCTEUR LEGRAND,

Inspecteur de l'arrondissement de Lisieux.

Sont présents au bureau : MM. DE CAUMONT, directeur de l'Association; DE BEAUREPAIRE, inspecteur de l'arrondissement de Falaise; J. GIRARDIN, inspecteur divisionnaire de la Seine-Inférieure; A. DUBREUIL, de Rouen ; Ch. RICHELET, du Mans, membre de l'Institut des provinces.

Noms des principaux propriétaires et cultivateurs présents à la séance.

MM. LEMAITRE, vétérinaire à Viette; comte de VenDOEUVRE, de Vendœuvre; LE DESERT, de Percy; LE NEPVEU, d'Escajeul; LEROI, maire de St-Georges-enAuge; DE MONTBRUN, de Quethiéville; D'AGIER, de StLaurent-du-Mont; LEROI fils, de St-Georges-en-Auge; DE BOUQUEREL, de Plainville; LE SAULNIER, maître de poste à St-Pierre-sur-Dives; ROCHET, capitaine d'artillerie en retraite; BELCOUR-CHARLOT, de Viette; CARTEL, jardinier à St-Pierre-sur-Dives; LEROI, jardinier à St-Pierre-sur-Dives; FABIEN, jardinier à St-Pierre-sur-Dives; MALFILATRE, maire

d'Escol; GUESNON, de Mézidon; LE BRETHON, de VieuxFumé ; DE CHAUMONTEL, à Montpinçon; LAMORt-LapeRELLE, adjoint à St-Pierre-sur-Dives; DAVID, de Bossey; LECORDIER, de Bossey; BELLAIS, docteur-médecin à StPierre-sur-Dives; LE SAULNIER, maire de Lieurry; MEL LION, maire de St-Martin-de-Fresnay; DEBLED (Adrien), jardinier à St-Pierre-sur-Dives; COLONCE (Simon), jardinier à St-Pierre-sur-Dives; LEGRIS-DESFONTAINES, à StPierre-sur-Dives; DOUCET, propriétaire à St-Pierre-surDives; DUHAMEL, propriétaire à St-Pierre-sur-Dives; LANGLOIS, à Percy; AUBIN, à St-Pierre-sur-Dives; DE BEAUMONT (Ferdinand), à Percy; DE LIGNEROLES, à StPierre-sur-Dives; PICOT, à Ouville-la-Bien-Tournée; LAIR, à Mithois; LE BOUCHER-DUPARC, à Viette; DOUCET-DESLONDES, à Bossey; ETIENNE, à Notre-Dame-de-Livaye; TAILLIS, aux Authieux-Papion; JAMOT (Armand), à Querville; LE BOUCHER (Désiré), à Viette; LE BOUCHER, à StMartin-de-Fresnay, etc., etc.

M. Legrand, président, ouvre la séance par le discours suivant :

« MESSIEURS,

» Vous avez dignement répondu à l'appel que j'ai eu l'honneur de vous faire au nom de l'Association normande; je vois avec plaisir dans cette enceinte l'élite des propriétaires du pays. Votre empressement à vous rendre à cette séance témoigne de votre zèle éclairé et de votre patriotisme.

>>

L'engrais des bestiaux, la fabrication du beurre et des fromages, la fabrication du cidre et des eaux-de-vie,

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