Page images
PDF
EPUB

tions normandes qui, opérant sur des contrées étrangères, y ont laissé un autre retentissement que le bruit passager de leurs armes. La première en date est celle de quelques enfants d'un même père, nés à l'ombre du clocher de la petite paroisse de Hauteville-la-Guichard, dans le Cotentin, et qui ont étonné le midi de l'Europe et l'Orient, l'empire des Grecs et les royaumes arabes, non-seulement par des merveilles de valeur guerrière, mais encore par ce courage civil dont ils ont, dans toute sa fraîcheur primitive, fait, aux yeux du monde, briller la plus précieuse palme, la chevalerie. Ces cadets de Normandie ont fait fortune en Syrie, et dans ce beau pays d'Italie où leur dépendance féminine règne encore entre les volcans qui dominent les eaux de Sicile.

» Aux autres confins de l'Europe, un trône plus puis sant, et qui voit à ses pieds bien d'autres mers, est occupé par une petite fille de notre Guillaume de Falaise. Il a été fondé par une autre Association normande, recrutée, dans le XIe siècle, au sein de nos cités, de nos hameaux et de toutes nos familles. Elle a établi ce trône, l'a élevé au-dessus des siècles, en le superposant, comme une clef de voûte, au sol qui s'est ainsi affermi, après avoir été jusque-là ébranlé et tiraillé par l'effet du système d'individualisme et d'anarchie des Saxons. Si l'Angleterre est fière du rang qu'elle tient dans le monde, n'en soyons pas jaloux; car les moyens qu'elle a pu successivement mettre en œuvre pour l'obtenir, elle en a, les historiens et publicistes le reconnaissent, un compte à rendre aux Normands, au durable essor qu'ils lui ont donné en faisant prédominer le génie de leur race sur l'esprit des populations soumises à son empire.

» Cet essor a acquis toute sa puissance de civilisation. progressive le jour où une autre Association, dans laquelle dominaient des éléments de même origine, a fait lever sur la grande Bretagne et, par elle, sur l'Europe, l'aurore de l'ère représentative, en élevant au-dessus du moyenage ce phare lumineux des franchises nationales, la grande charte, astre normand qui s'est refiété sur les temps modernes pour les féconder.

» Messieurs, ces traditions de chevalerie, de puissance politique et de liberté constitutionnelle, sont de nobles titres dans les Annales que nous avons à continuer ; elles forment un glorieux souvenir de notre ancienne prééminence, et un heureux garant de celle que nous pouvons recouvrer à l'aide des immenses ressources que la bonté divine nous a données pour occuper une haute et fructueuse place dans la France et dans le monde, au milieu de notre ère de civilisation et de pacifiques progrès. Cé que nos pères ont fait dans un ordre différent, ce que font nos émules et nos rivaux dans la paisible arène qui a, grâce à Dieu, remplacé celle des armes, ils l'ont surtout effectué, et ils l'obtiennent par le moyen de l'Association. Ce puissant et irrésistible levier de l'Association, vous avez, Messieurs, aidé à le consolider en Normandie, par votre zêlée, loyale et patriotique coopération. Puissent Neufchâtel et son arrondissement recueillir une notable part dans les effets qu'il doit produire; leurs citoyens n'ont rien négligé pour concourir au but commun:honneur à eux!»>

Bon DUPONT-DELPORTE, président.

Cte DE BEAUREPAIRE, secrétaire-général.

J. GIRARDIN, inspecteur du département.

A. DE CAUMONT, directeur de l'Association.

Rapport de M. POLLET sur l'état des irrigations dans l'arrondissement de Neufchâtel (1).

L'arrondissement de Neufchâtel comprend huit cours d'eau principaux, qui prennent leur source dans les cantons qui le composent ; savoir :

1o La rivière de Bresle, qui prend sa source à Blargy, département de l'Oise, commune limitrophe du canton d'Aumale, se réunit à un autre bras qui prend sa source à Haudricourt, commune du même canton; elle coule du sud-est au nord-ouest, et fait la ligne séparative des départements de l'Oise et de la Somme avec celui de la SeineInférieure ;

2o La Meline, qui prend sa source à Marques, canton d'Aumale, s'embranche à Ellecourt, dans la vallée de la Bresle, ci-devant décrite, en conservant son cours du côté ouest de cette vallée ;

3o L'Yères, qui prend sa source à Aubermesnil, canton de Blangy, coule du sud au nord, en traversant quelques communes de ce canton et une petite partie du canton de Londinières à Grandcourt, et entre ensuite dans l'arrondissement de Dieppe ;

4° L'Aulne, qui prend sa source à Mortemer, canton de Neufchatel, coule du sud-est au nord-ouest, traverse quelques communes de ce canton, entre aussi dans une autre partie du canton de Londinières, et se prolonge également dans l'arrondissement de Dieppe ;

5o La Varenne, qui prend sa source à St-Martin-Omon

(1) Ce Mémoire ayant été omis dans la section d'agriculture de la session de Neufchâtel, nous le plaçons ici en forme de supplément.

ville, traverse la partie ouest du canton de St-Saëns, et entre aussi dans l'arrondissement de Dieppe;

6o Le Therain, qui prend sa source à St-Michel-Dalescourt, passe par Grumesnil, en descendant de l'ouest à l'est, et entre dans le département de l'Oise;

7° La Bethune, qui prend sa source à Gaillefontaine, canton de Forges, coule du sud au nord, en augmentant son volume de différents ruisseaux qui sillonnent le pays de Bray, et passe à Neufchâtel pour descendre à Dieppe ;

8 L'Andelle, qui prend sa source à Serqueux, canton de Forges, coule du sud-est au nord-ouest, traverse le canton d'Argueil, et entre dans l'arrondissement de Rouen.

Cinq de ces vallées sont soumises aux irrigations. Ce sont les vallées de la Bresle, de la Meline, de l'Yères de l'Andelle et de la Varenne. C'est ce qui fait que l'on désigne les prairies de ces vallées sous le nom de Bas-Prés.

Dans les autres vallées, les rivières sont abandonnées à leur courant, et les prairies sont qualifiées du nom de Hauts-Prés ou Prés-Secs.

Maintenant nous nous demandons pourquoi l'usage des irrigations n'est pas mis en pratique dans tout l'arrondissement. Quant à nous, il nous paraît que ce système est très-avantageux, car nous estimons qu'un hectare de prairie, convenablement disposée et arrosée, donne chaque année, terme moyen, 9,000 kil. de foin; tandis qu'un hectare de pré sec ne donne chaque année, aussi terme moyen, que 6,000 kil., c'est-à-dire un tiers moins ; et si nous déduisons les sacrifices qu'il faut faire pour les engrais de ces prés secs, on trouvera que le produit sera plus de moitié moins que celui de la prairie arrosée, qui n'exige aucun engrais.

Nous considérons, en outre, que les récoltes d'une prairie soumise aux irrigations, réunie à une ferme composée de terres arables, sont converties en engrais au profit de ces terres, et tendent à les améliorer et à augmenter leur valeur.

Quelques agriculteurs prétendent que le foin de hauts prés contient plus de substances nutritives.

Nous admettons, en fait, que ce foin convient mieux à la nourriture des animaux de l'espèce bovine ; et c'est sans doute ce qui le fait préférer dans les vallées du pays de Bray, cette contrée étant la plus peuplée des animaux de cette espèce.

Mais nous pensons, en principe, que le foin de bas prés est bienfaisant pour la nourriture des animaux de l'espèce chevaline, étant d'une substance plus rafraîchissante ; il convient mieux à la nourriture du cheval; et comme l'arrondissement de Neufchâtel se compose d'une plus grande quantité de terres arables que d'herbages, on peut obtenir suffisamment de plantes fourragères pour la nourriture des vaches et des moutons, et conserver les foins pour les chevaux.

Ainsi, nous disons qu'il faut encourager le plus possible et favoriser les moyens de faire arroser toutes les prairies qui en sont susceptibles.

Il ne faut pas confondre les herbes auxquelles nous donnons la préférence avec les foins provenant des terrains fangeux et marécageux, qui produisent des herbes formant une nourriture malsaine; car, bien que les irrigations soient mieux conduites aujourd'hui qu'elles ne l'étaient autrefois, elles laissent encore à désirer. En effet, le terrain que l'on veut soumettre à cette méthode exige des

« PreviousContinue »