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d'action mis en usage dans l'arrondissement, tel qu'il résulte de l'enquête dont votre première section vous a déjà rendu compte. Nous n'avons pu juger comparativement leur travail, car nous n'avions à notre disposition aucuns moyens de pouvoir le faire; mais les renseignements que nous avons pu recueillir à ce sujet, sont également conformes aux données qui vous ont été remises.

Trois charrues ont appelé notre attention :

» Une charrue Rosé, par M. Mabire fils, de Neufchâtel, introduite depuis un an, sans autres perfectionnements que ceux apportés par le constructeur. Elle revient ici à 128 fr.

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» Une charrue cauchoise, par M. Louis Leclerc, charron à Sommery, canton de St-Saëns, notablement améliorée par l'abaissement du collier de traction, qui, dans les charrues ordinaires, se meut sur la haie, sur une assez grande longueur, au-dessus du coutre, et qu'il a placé au-dessous, rapprochant ainsi considérablement la direction de l'effort de celui de la résistance, de manière à diminuer le tirage.

» Quant à la crémaillère et aux deux régulateurs par lesquels il a cru devoir remplacer la simple chaine, ils n'ont pas paru à votre jury suffisamment motivés. Ils compliquent la charrue, en en élèvent un peu le prix, et la rendent d'un entretien plus fréquent et moins facile. Nous pensons qu'il eût mieux fait de s'en tenir aux moyens en usage, qu'il a du reste conservés, indépendamment des siens.

» La position inclinée du coutre, appuyé sur le soc, lui donne aussi plus de force, et, par son action oblique, lui permet de franchir des obstacles qui pourraient briser le coutre.

Enfin, Messieurs, pour déchirer le gazon ou pour travailler des terres enherbées, qu'il importe essentiellement d'étouffer pour leur destruction complète, en avant du premier soc, M. Leclerc en a placé un autre plus petit, portant aussi son coutre et tranchant horizontalement, afin de pouvoir lever le gazon à quelques centimètres de profondeur, et de le jeter au fond de la raie, pour que la tranche qui suit le recouvre. C'est une addition très-employée dans le Brabant, où plusieurs d'entre vous l'ont peut-être déjà vue, et où l'on s'en loue beaucoup, principalement pour les prairies artificielles et les terrains humides.

» Le prix de cette charrue est de 150 francs.

» La troisième charrue, par M. Pollet, d'Haudricourt, est d'espèce picarde ou à tourne-oreille. C'est la charrue ordinaire employée dans le pays, mais modifiée dans son aile mobile, qui, au lieu d'y être unique comme dans l'autre, est double et ne sert plus que d'un seul côté, ce qui permet de la faire en fer et de lui donner la forme des versoirs reconnue la plus avantageuse pour la perfection du labour. C'est un changement souvent tenté, mais fort simple du reste, qui ne peut avoir, pour cet arrondissement en particulier, que de fort bons résultats.

» Différents extirpateurs et scarificateurs nous ont pareillement été soumis :

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Deux par M. Bille, du Bourg-Dun, importés d'Angleterre, beaucoup trop lourds et surtout trop chers. L'un d'eux pèse 750 kil., ne revient pas à moins de 2,000 fr., et exige six chevaux pour le conduire; l'autre est à peu près moitié de celui-ci sous tous rapports..

» Deux autres l'ont été par M. Marcaux, taillandier à Aumale. Ils sont semblables quant à la forme des dents:

l'un en porte neuf et est monté en bois; l'autre 3 et est tout en fer. C'est une imitation de celui de Gratien, bien connu maintenant de tous nos départements du nord. C'est, sans contredit, le meilleur qui existe, et nous devons louer M. Marcaux de l'avoir construit sur des formes simples, et, par la modicité de son prix, de l'avoir mis à la portée de tous nos cultivateurs. Le grand,à 9 dents,se vend 150 f.; le petit 100 à 120 fr., suivant sa force.

» Parmi les herses, nous avons remarqué une herse Valcourt, exposée par M. Mabire, et construite dans le pays sur un grand modèle, d'après celle de M. Desjobert, qui, le premier, en a doté le pays comme de tant d'autres innovations, dont nous ne pouvons assez le féliciter, au nom de tous les amis de l'agriculture.

» M. Mabire fait usage de cet instrument pour ses prairies. Il lui a coûté 80 francs.

» Aux herses de M. Bille nous ferons toujours le même reproche: c'est que les grandes sont par trop lourdes, et beaucoup trop chères les unes et les autres. Les plus petites exigent trois chevaux, et ne peuvent pas revenir en France à moins de 3 à 400 francs.

» Nous devons aussi vous signaler deux semoirs :
>> Un semoir Hugues, par M. Mabire ;

» Et un semoir à amendement pulvérulent, importé d'Angleterre, et présenté par M. Pessy, de Fontaine-leBourg. Cet instrument, quoique laissant beaucoup à désirer à différents égards, mérite cependant l'attention du cultivateur, car il donne un moyen de répandre la chaux vive, et tous savent les difficultés qu'on rencontre dans la manipulation de cette substance, si éminemment corrosive.

» Voilà ce qui nous a paru, Messieurs, le plus digne

de vous être rapporté ; mais votre Commission ne s'en est pas tenue là, elle a dù s'occuper aussi de voir quels seraient ceux de ces divers exposants qui pourraient le mieux avoir mérité vos récompenses.

» Nous avons tous pensé que chacun de ceux dont nous vous avons présenté les noms méritaient tous vos éloges; mais nous avons distingué plus particulièrement M. Mabire, comme ayant, un des premiers, introduit dans son exploitation les instruments les plus perfectionnés, les meilleurs de l'époque. La charrue Rosé, le semoir Hugues et la herse Valcourt ont réuni trop de suffrages pour qu'il nous soit besoin d'en dire tout le mérite, et nous ne pouvons émettre qu'un vœu: c'est de les voir se répandre sur toutes les parties de cet arrondissement où ils sont appelés, comme partout ailleurs, à opérer la révolution la plus salutaire dans les assolements comme dans les façons que chacun exige.

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» Nous distinguerons également M. Marcaux, qui a réa lisé, dans son atelier, l'idée féconde de M. Gratien. C'est en appliquant son intelligence, non à des instruments vieillis, que l'usage condamne chaque jour; c'est en s'associant à tout mouvement de progrès, c'est en faisant de ses facultés l'instrument même des lumières, qu'on se rend vraiment utile et qu'on sert son pays.

>>> C'est à ce titre également que nous vous recommandons M. Pessy, pour son semoir à plâtre. Il est loin d'être parfait; mais il est nouveau pour la contrée, il intéresse et l'agriculture et l'hygiène publique. L'Association ne peut que l'encourager et l'inviter à achever sa tâche par les améliorations qu'il réclame encore.

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Enfin, Messieurs, tout en reconnaissant le mérite in

contestable des améliorations apportées par MM. Leclerc et Pollet aux deux anciennes charrues du pays, fidèle à ses antécédents, votre jury regrette infiniment de voir ces perfectionnements s'appliquer à des objets dont elle poursuit de tous ses moyens, depuis 13 années, la destruction; les encourager serait se déjuger, et l'Association ne peut avoir de raisons pour en agir de la sorte.

» C'est pourquoi votre Commission a l'honneur de vous proposer de vouloir bien accorder :

» A M. Mabire fils, de Neufchâtel, une médaille d'argent, pour son introduction d'instruments perfectionnés ; » A M. Marcaux, taillandier à Aumale, une médaille d'argent, pour son nouvel extirpateur;

» Et à M. Pessy, de Fontaine-le-Bourg, une mention honorable, pour son semoir à plâtre. »

M. de Moy prend ensuite la parole pour faire connaître les décisions du jury relativement aux améliorations agricoles :

Rapport du jury pour les améliorations agricoles.

MESSIEURS "

» Nous allons avoir l'honneur de vous signaler ceux de MM. les cultivateurs de l'arrondissement de Neufchâtel ayant droit de prétendre aux prix que l'Association normande, dans son désir ardent de propager partout dans la province le progrès et les bonnes méthodes d'agriculture, vient décerner aux cultivateurs qu'elle a reconnus comme les plus méritants dans cet arrondissement.

» Le jury, formé par les soins et la confiance de l'Asso

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