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peuplé, est, sous le rapport de l'instruction primaire, le plus avancé et celui qui possède le plus de maisons d'école.

M. Mabire est appelé à la tribune pour donner lecture d'un Rapport historique, critique et raisonné, sur l'état de l'agriculture dans l'arrondissement.

Rapport de M. MABIRE, fils, sur l'état de l'agriculture dans l'arrondissement de Neufchatel, en 1845, comparé à la culture ancienne.

L'agriculture, dans l'arrondissement de Neufchâtel, a fait peu de progrès depuis 40 ans, c'est-à-dire qu'elle est à peu près ce qu'elle était en 1800; car déjà, à cette époque, les prairies artificielles, les luzernes, les minettes étaient cultivées. Le peu de changements opérés consiste dans l'augmentation des herbages, dans quelques assolements, et aussi dans l'emploi de quelques instruments nouveaux. Nous parlerons plus longuement, et à leur ordre, de ces derniers changements, de leur avantage et de leur opportunité.

Les instruments nouvellement mis en usage, sont :

Le semoir, la herse Bataille, l'extirpateur, les charrues Raffin, brevetées, et Dombasle, la herse Valcourt et la charrue cauchoise.

Tous ces instruments ont, sans contredit, une grande supériorité sur les anciens; mais suffit-il de le dire? Non, il faut le prouver. Le semoir Hugues donne une grande économie de semence, place convenablement les grains, et permet à chaque plante, également distancée, d'obtenir tout le développement dont elle est susceptible.

Les grains ainsi faits sont toujours plus grands et plus beaux que ceux qui sont semés à la main. Pour ces derniers, ils ne peuvent soutenir de comparaison; trop pressés ou inégalement répartis, ils se gênent mutuellement et restent toujours rachitiques et malingres, puisque tantôt ils ont un mètre carré pour les nourrir au nombre de 100, et tantôt quatre mètres.

On comprendra donc facilement qu'un hectare ainsi traité ne peut donner qu'une récolte très-inégale.

Dans les trois quarts des exploitations, la somme se trouve répartie sans compte ni mesure, et le choix du semeur entre pour bien peu; la pièce est semée, on la herse; viens si tu peux, tout est fini.

La herse Bataille est un parfait instrument. Comme l'extirpateur, elle évite des labours, donne la propreté aux terres, et rend de grands services au moment des semailles du printemps. Dans un jour, avec un de ces deux instruments, 4 chevaux mettront dans un état parfait 3 hectares de terrain tandis que la meilleure charrue ne pourrait tout au plus, avec le même nombre de chevaux, en labourer que 75 ares, labour qui serait inférieur à l'ameublement obtenu par ces instruments.

La charrue Dombasle, ou araire, n'a guère fait que pa. raître et disparaître chez nous. La difficulté de la faire bien conduire, de la bien traiter par les maréchaux, l'a fait abandonner de tous ceux qui ont pu lui comparer la charrue Raffin, qui est plus facile à conduire, et qui, par ses pièces de rechange, économise les frais de maréchaux, ne fait pas perdre de temps, tout en évitant les défauts de fabrication, les réparations et entretiens inévitables.

L'araire a aussi été remplacée dans quelques localités de notre arrondissement, et particulièrement dans le canton de Londinières, par une charrue Belette, qui est un composé de l'araire, pour la haie; de la charrue cauchoise, pour le club; de la charrue Raffin, pour l'avanttrain et le régulateur. Cette charrue est assez bonne et très-préférable à l'ancienne oreille. La charrue cauchoise est la première qui soit venue faire concurrence à la charrue tourne-oreille; elle n'est bonne que pour les plateaux; et quoique inférieure à la charrue Raffin brevetée, elle n'en est pas moins celle qui existe en plus grand nombre, après la charrue du pays. Les maréchaux, les charrons, les charretiers, font tout ce qu'ils peuvent pour la soutenir près des insouciants, et malheureusement ils ne réussissent que trop pour la poche du négligent qui les écoute.

La herse triangulaire ne peut être mise en comparaison avec la herse Valcourt. Ce dernier instrument gagne toujours à être connu, et n'a jamais été abandonné depuis 15 ans, dans nos localités, par aucun de ceux qui l'ont mis en action.

Les instruments nouveaux dans l'arrondissement de Neufchâtel, y sont dans les proportions suivantes :

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Il résulte de ce tableau que 400 charrues supérieures et

1,000 cauchoises servent à notre pays, qui en emploie environ 3,000.

La herse triangulaire est non-seulement défectueuse dans son travail, mais elle ne fonctionne à peu près que dans la moitié de son ensemble et n'offre aucune résistance à l'usage. Pour la charrue tourne-oreille, c'est le plus mauvais instrument. Les grands accidents de terrain et les plus entêtés cultivateurs seuls la font encore exister.

si

L'engraissement des bestiaux se fait, dans notre arrondissement, principalement à l'herbage. Nous ne dirons rien de cette manière de l'obtenir. Chacun sait qu'elle est des plus simples: choisir de bonnes espèces, leur donner de l'herbe toujours en quantité, voilà le secret. Il n'en est pas de même du peu de bestiaux qui s'engraissent à l'étable. Cette manière d'engraisser demande de grands soins, beaucoup d'attention et de propreté de la part de ceux qui veulent réussir à faire payer les récoltes mises ainsi en consommation.-Chez la plupart des fermiers, une, deux ou quatre vaches sont mises à l'engrais, on les coupe de lait, on les place dans un coin de l'étable; puis, par une plus grande abondance de nourriture, on attend qu'elles deviennent plus ou moins grasses; on ne s'inquiète pas si elles sont distraites par le va-et-vient continuel des domestiques occupés à soigner les autres. Si elles ont besoin d'être saignées, si des démangeaisons viennent à les tourmenter, on les couvre de cendres. Couvrir de cendres des animaux pour qu'ils ne se rendent pas à eux-mêmes ce que la main du nourrisseur attentionné doit leur donner, est une grande anomalie; cependant cette incurie, de la part de nos nourrisseurs, est très

commune : l'animal, ainsi couvert, essaie de se lécher; il rencontre des aspérités ou de la malpropreté qui se met dans sa langue råpeuse, il se dégoûte et souffre sans pouvoir se guérir.-L'engraissement bien entendu doit se faire d'une toute autre manière. Voici comme il doit être traité, selon notre expérience: Isoler d'abord les animaux pour qu'ils obtiennent le repos si nécessaire à l'engrais, les tenir dans le plus grand état de propreté possible, veiller à ce que le plus grand ordre règne dans les heures où on leur distribue les aliments, régler la quantité sur leur estomac, ne les point laisser se dégoûter et les faire manger beaucoup en peu de repas, afin que les heures de digestion et de repos prennent au moins les trois quarts du temps. Si un animal se dégoûte, il faut le mettre à la diète, attendre que son appétit reparaisse. Souvent aussi il faut lui ôter un peu de sang, afin de détruire l'assoupissement causé par une trop grande masse de sang faite en peu de temps, et se souvenir que les animaux n'engraissent qu'en proportion de l'abondance de la nourriture qu'ils prennent, mais sans indigestion; donner beaucoup et rendre malade, n'est pas le moyen d'arriver à un bon résultat. Une des grandes erreurs des nourrisseurs, c'est de croire que l'appétit des animaux assoupis est de l'assouvissement, et que pendant cet assoupissement ils engraissent. Les grains, les fourrages, les légumes les mieux récoltés doivent seuls être employés dans l'engraissement; les grains médiocres se paient peu par l'engrais, et sont souvent un obstacle au succès. Il vaudrait bien mieux vendre, dans ce cas, les grains avariés, et donner la même somme d'argent en moindre quantité, bien entendu, que de faire consommer. L'écurie où se fera

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