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Sur la fabrication des fromages, par M. Legras;

Sur l'état des irrigations dans l'arrondissement de Neufchatel, par M. Pollet;

Sur l'état de l'agriculture, sous le rapport des difficultés qu'éprouvent les bonnes pratiques, par M. Bien.

M. Bourlet de la Vallée est appelé à la tribune pour donner lecture du Mémoire de M. le docteur Cisseville, de Forges, sur la question des houilles à découvrir et à exploiter dans la Seine-Inférieure.

M. Bourlet de la Vallée regrette, vu l'importance du sujet et le mérite du travail, de ne pouvoir, à cause de la brièveté du temps, donner lecture que d'une partie de cet intéressant Mémoire.

M. le président partage ces regrets; pour diminuer ceux qu'éprouve le Congrès, on priera l'Association normande d'insérer dans ses Annales le Mémoire de M. le docteur Cisseville. Il est donné acte de sa présentation, et l'examen des propositions qu'il offre à formuler est renvoyé à la Commission des vœux.

L'ordre du jour appelle une lecture .de M. Lecointe. M. Capplet demande et obtient la priorité pour une communication sur les salles d'asile, fondation d'une si haute importance, et à laquelle l'auteur a consacré toute son attention, en France et dans les pays étrangers.

M. le président donne acte à M. Capplet de ces renseignements, l'en remercie et le félicite des sentiments philanthropiques dont ils contiennent l'expression.

M. G. Lecointe, directeur de la Colonie horticole et agricole du Petit-Quevilly, près Rouen, a la parole pour donner des renseignements sur la fondation, les résultats moraux et la position financière de l'utile établissement

qu'il a créé et qu'il dirige. Voici le Rapport qu'il a lu sur cette question:

Rapport de M. G. LECOINTE sur l'établissement des jeunes détenus de Rouen.

Deux années se sont écoulées depuis la fondation de notre Colonie, et nous avons vu se réaliser les prévisions que nous avions émises dans un Rapport lu en 1836 ; en effet, nous avons le bonheur de pouvoir vous annoncer un progrès rapide, tant dans nos essais de moralisation que dans notre situation financière.

Que demandions-nous alors?

La création d'un établissement qui fût assez vaste pour réunir à l'immense avantage de pourvoir à tous ses besoins l'avantage, plus précieux encore, de nous mettre à même de former des jardiniers et des garçons de ferme moins ignorants que ceux que l'on rencontre habituellement dans nos campagnes.

Nous demandions encore des états professionnels qui pussent, au moment de la libération de nos enfants, leur assurer des moyens d'existence, une profession étant le premier élément moralisateur et le seul préservatif contre les rechutes occasionnées par l'incapacité et le manque de travail.

Grace au concours de la Société de patronage et au généreux appui de quelques-uns de nos concitoyens, nous avons pu mettre en pratique nos idées de colonisation, qui avaient été jugées inexécutables par des hommes qui les considèrent, les uns comme des utopies, et les autres comme un moyen propre à favoriser une spéculation particulière.

Notre but n'est pas de récriminer ; nous serions d'autant plus mal fondé à le faire, que le temps et l'expérience sont venus détruire, pièce à pièce, toutes les allégations et les attaques qui ont été dirigées contre nous et contre notre système.

Nous allons donc vous présenter nos résultats, appuyés sur des faits et des chiffres, arguments plus puissants que tous les raisonnements, et qui, nous l'espérons, vous feront partager nos convictions.

Pour procéder avec ordre, nous vous parlerons d'abord du personnel de la Colonie, depuis sa fondation. 60 enfants ont été admis;

53 sont encore présents.

1 a été gracié par suite de sa bonne conduite, et à la recommandation de Mme la baronne Dupont-Delporte.

3 ont été réintégrés dans des maisons centrales, pour mauvaise conduite et insubordination.

Sur ces trois, deux n'appartiennent pas à notre département.

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C'est encore ici le moment de faire ressortir les inconvénients d'un trop court séjour dans la Colonie, et surtout l'utilité des Sociétés de patronage, pour venir au secours de ces enfants en leur procurant un placement ou les moyens de continuer l'état qu'ils ont commencé à apprendre dans l'établissement (1).

(1) Le no 1 gagne 400 fr. par an, nourri et logé.

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Le n° 4 se trouvait dans cette catégorie; il savait bêcher, comprenait assez bien la taille raisonnée des arbres fruitiers; mais n'ayant passé qu'un an dans la Colonie, il ne réunissait pas la pratique à la théorie: il n'aurai donc pu se procurer du travail ou se placer, s'il eût été abandonné à lui-même.

Grace aux soins de M. Abel de Bosmelet, l'un des plus anciens membres de la Société, un horticulteur distingué a bien voulu s'en charger; mais ce jeune homme, ayant éprouvé quelques désagréments de la part des ouvriers qui ont su à quelle source il avait puisé les premières notions de son état, s'est vu forcé d'abandonner son maître et de travailler pour son compte; il vient souvent nous visiter, et nous savons qu'il gagne aujourd'hui 1 fr. 75 c. à des travaux de culture.

Le n° 6, depuis le jour de sa libération (20 mars 1844), est domestique chez un homme généreux, qui n'a cessé de donner des marques d'intérêt à notre établissement et à nos pupilles.

Nous avons la satisfaction de vous dire que son maître lui permet de nous visiter souvent, et que sa conduite, jusqu'à ce jour, est exempte de reproches.

Le n° 5 sa conduite dans la Colonie l'avait rendu digne de notre confiance. Il est le premier qui ait été vendre le lait en ville; nous avons été à même de lui reconnaître un goût très-prononcé pour le commerce. Nous avions formé le projet d'en faire un colporteur; mais ayant, à sa libération, trouvé une place de domestique de confiance dans une maison de banque, il y est entré. Nos craintes se sont réalisées : l'indépendance de son caractère était incompatible avec son nouvel état. Sorti de chez son

maître avec un certificat de probité, nous savons qu'il est ouvrier fileur dans une fabrique, qu'il se conduit bien. Nous ne renonçons pas au projet que nous avions formé pour lui, ne regardant pas sa position comme un placement heureux.

Sur 60 enfants :

Total.

État civil.

8 sont enfants naturels, 12 orphelins de père,

10 orphelins de mère,

3 orphelins de père et de mère.

33

7 sont détenus pour complicité de vol avec leurs parents. Ces 60 enfants ont ensemble :

92 frères,

78 sœurs.

Total.. 170

Sur ces 170:

7 sont naturels,
23 orphelins de père,

32 orphelins de mère,

5 orphelins de père et de mère.

Total. . 67, privés de leurs parents.

Les 103 autres sont souvent confiés, pendant que leurs pères et mères subissent des condamnations plus ou moins longues, à des frères et sœurs âgés de moins de quinze ans.

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