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qui en sont atteints. Ce n'est qu'après les avoir traités eux-mêmes, les avoir confiés à des empiriques, dont le plus souvent les prescriptions très-compliquées, très-onéreuses, dans la plupart des cas contre-indiqués, n'ont eu pour résultat que d'exaspérer les symptômes de la maladie, que les herbagers se décident à avoir recours à un vétérinaire. A ce moment, plusieurs vaches ont été victimes; celles qui sont affectées le sont à un degré tel qu'il n'y a plus espoir de guérison.

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Aussitôt que la maladie se déclare dans un troupeau, on doit s'empresser d'isoler les animaux atteints. Le traitement est très-simple; il consiste en une diète absolue saignées copieuses, réitérées plusieurs fois, suivant l'état du malade et la marche que prend l'affection; breuvages tempérants et émétisés. Comme je l'ai dit plus haut, n'est qu'à l'invasion qu'on peut espérer triompher; mais si l'hépatisation a lieu, si la maladie passe à l'état chronique, quels que soient les moyens employés, il est difficile de réussir. Il est alors préférable de sacrifier les animaux que de les traiter.

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» Moyens préservatifs.-Lorsque la maladie existe dans un troupeau, les bêtes qui sont encore en santé nécessitent autant d'attention que celles qui sont affectées.

» Elles doivent être examinées et auscultées journellement; rentrées la nuit dans les étables, si elles sont à l'herbe, la nourriture, en général, doit être diminuée ; on pratiquera de légères saignées, qu'on répétera, suivant l'indication; enfin, on mettra les animaux dans des conditions opposées à celles qui ont déterminé la maladie.

» Mais il est d'autres moyens à employer pour prévenir l'extension et les ravages de l'épizootie : ce sont des me

sures de police sanitaires, qui sont du ressort de l'autorité administrative, et qui consistent à empêcher la vente d'animaux qui ont été en communication avec d'autres en proie à l'affection, et à exiger un certificat de santé pour chaque animal de l'espèce bovine, exposé en vente sur les foires et marchés, qu'il soit ou non soupçonné atteint de l'épizootie. De cette manière, on parviendrait, sinon à détruire totalement, du moins à empêcher la propagation de cette redoutable maladie, et le commerce de bestiaux, sur les marchés, se ferait avec plus de sécurité.

Telles sont, Messieurs, les observations sur la péripneumonie, que j'ai l'honneur de vous soumettre. »

Une discussion s'engage à la suite du Rapport lu par M. Villain.

M. de Moy demande si, aux causes de la péripneumonie signalées par M. Villain, il ne faut pas ajouter l'eau des mares infectées et malpropres. M. Villain déclare que cela peut causer des maladies autres que la péripneumonie, mais non cette maladie même.

M. de Moy demande encore si les bestiaux de la BasseNormandie, qui sont constamment au grand air et qui ne rentrent pas même en hiver, sont affectés par la péripneumonie. M. Lebarillier répond que cette maladie est inconnue dans la Basse-Normandie, quoique les bestiaux soient soumis au double régime ; c'est-à-dire que, dans certains arrondissements, ils sont constamment au grand air, et, dans d'autres, soumis à la transition du chaud au froid: d'où il résulte qu'on ne doit pas l'attribuer aux changements de température.

M. Guiant, de Bellozane, et M. Mabire expriment l'opi·

nion que la maladie ne peut venir d'aucune cause locale. Ils disent qu'elle a toujours été apportée par des vaches venant des faubourgs de Paris, où elles reçoivent une nourriture trop abondante, afin de leur faire produire une plus grande quantité de lait. M. Lucas, de Longmesnil, appuie cette opinion.

M. Hubert-Joly insiste sur l'une des causes citées par M. Villain, c'est-à-dire la mauvaise tenue des étables, comme pouvant amener la péripneumonie. Cette opinion est combattue par M. Lucas, qui affirme qu'il ne peut y avoir de causes locales, puisque cette maladie n'était pas connue il y a quinze années, et que les étables étaient aussi mal tenues.

M. Villain soutient l'opinion que les causes locales peuvent influer sur le développement spontané de la maladie. M. Houdelière appuie son opinion sur des exemples étrangers.

M. le président engage la première section à formuler à ce sujet une proposition pour la prochaine réunion, et déclare la séance levée, à 5 heures.

SEANCE DU 25 JUILLET.

PRÉSIDENCE DE M. DENOYELLE, MAIRE DE NEUFCHATEL,

Les secrétaires donnent lecture des procès-verbaux des séances particulières des trois sections.

M. Girardin rend compte de lettres qu'il a reçues, tant de M. Feret, de Dieppe, qu'un accident empêche de se 1endre à la réunion, que de M. le docteur Cisseville, de Forges, qui s'excuse de n'avoir pu venir à la première séance,

M. l'inspecteur divisionnaire indique ensuite que deux Rapports ont été présentés : l'un, par MM. les délégués de Pont-l'Evêque, sur les droits prélevés sur le cidre ; l'autre, par M. de Loverdo, procureur du Roi, sur la statistique criminelle de l'arrondissement.

M. Lelong, de Rouvray-Catillon, est appelé à la tribune pour donner connaissance du Mémoire suivant, dont la lecture a été autorisée par le Conseil administratif.

Rapport de M. LELONG sur l'engraissement des bœufs et des vaches dans l'arrondissement de Neufchâtel.

L'engraissement des bœufs et des vaches est un des principaux produits de notre arrondissement, et spécialement pour toute la vallée appelée le pays de Bray: aussi doit-il appeler l'attention de l'Association normande; c'est le but de notre Rapport, et nous nous efforcerons d'en faire ressortir l'importance.

Les bœufs et les vaches que l'on engraisse dans les herbages se prennent préférablement de l'age de quatre à sept ans; les vaches sont prises, tant dans l'arrondissement que dans les départements voisins, chez les cultivateurs qui en tirent le lait, et les revendent lorsqu'elles ne sont plus propres à ce service.

Les bœufs viennent de la Basse-Normandie, du Maine et de la Bretagne ; nous accorderons la préférence à l'espèce Cotentine. Ceux du Maine sont aussi fort aptes à l'engraissement dans nos localités; ceux de la Bretagne sont moins convenables.

Les essais qu'on a faits sur ceux de la Savoie n'ont pas réussi.

D'autres essais se font en ce moment chez M. Guiant, å Bellozane, pour l'engraissement de la vache hollandaise: c'est le premier essai qui soit à notre connaissance, et nous ne pouvons encore en juger.

Jusqu'à présent, on n'a fait que parler de l'espèce anglaise comme étant plus propre à l'engraissement. Il n'est point à notre connaissance que quelqu'un de notre arrondissement en ait fait l'essai.

Pour les vaches, on préfère aussi généralement l'espèce normande.

Dans toutes les espèces, et même dans l'espèce nor• mande, il se trouve cependant des animaux que l'on a beaucoup de peine à engraisser, et qui quelquefois même n'engraissent pas. Par une grande habitude de l'examen extérieur de l'animal, le bouvier a remarqué que celui qui a l'œil plutôt vif que morne, la corne blanche et fine, le poil long et épais, est préférable pour l'engraissement; s'il a le poil luisant ou dégarni, l'animal est sensible aux piqûres des mouches et au mauvais temps.

Il est d'une grande importance pour le poids et la qualité de la viande que le bœuf ou la vache ait l'âge de 4 à 7 ans, la tête large et courte, la gorge pleine sans avoir. de fanons, les épaules et la poitrine larges, le nerf du paleron gros et bien tendu, la côte large et bien arrondie, le rein droit, les hanches ouvertes et les jambes grosses.

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Les bœufs et les vaches n'acquièrent souvent de poids qu'en raison de ce qu'ils possèdent ces qualités, à un degré plus ou moins élevé,

Le bœuf Cotentin peut être mis dans les herbages dès le mois de décembre, en ayant soin de lui donner du foin. Pendant l'hiver, il passe les nuits dehors et supporte

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