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avait pas un assolement forestier, et s'il ne pouvait pas arriver que la terre à la longue, se fatiguat de produire les mêmes essences de bois. En admettant cette hypothèse, il y aurait avantage à alterner, mais dans de longues séries d'années, les essences des forêts. Il a été dit, d'ailleurs, qu'on avait remarqué cette alternance naturelle dans les forêts non exploitées.

M. Drevet répond que cette question a été laissée en litige par le Congrès de Strasbourg; que les causes de l'alternance naturelle des forêts ne sont pas bien constatées ; qu'on a expliqué cette alternance par la facilité qu'ont les graines de certains arbres d'être transportées au loin par les vents, tandis que d'autres restent au pied de l'arbre ; mais qu'au surplus le principe admis serait inapplicable en grand.

Une discussion s'établit ensuite, entre M. Drevet et M. Dubreuil, sur le moment où doit être fait le recépage des jeunes plants; M. Drevet prétendant qu'il y a avantage à recéper dès la plantation, et M. Dubreuil exprimant l'opinion qu'il serait préférable d'opérer le recépage après la première année et lorsque déjà les plants ont pris de la vigueur. M. Drevet promet de faire l'expérience qui lui est conseillée.

M. Villain, vétérinaire à Neufchâtel, est appelé à la tribune pour donner lecture du Mémoire suivant :

Rapport de M. VILLAIN sur la péripneumonie des bétes bovines du pays de Bray.

« MESSIEURS,

» De tous les fléaux qui frappent l'agriculture, le plus redoutable, dans nos contrées surtout, est celui qui dé

cime le bétail, lequel fait à peu près la seule ressource des herbagers et l'objet de tous leurs soins.

» L'arrondissement de Neufchâtel serait assez heureux sous ce rapport, si une maladie grave n'était venue s'y introduire.

>> Cette affection, connue sous le nom de péripneumonie des béles à corne, est épizootique, essentiellement contagieuse, héréditaire, le plus souvent incurable; elle occasionne la ruine des herbagers, tend à entraver les progrès de l'amélioration de l'espèce bovine, et cause de grands préjudices sur les foires et marchés du pays de Bray.

>> Cette maladie, connue depuis long-temps, tant à l'étranger que dans plusieurs de nos départements, n'existe dans l'arrondissement de Neufchâtel que depuis 13 à 14 ans. Avant l'année 1831, elle était ignorée, ou si elle avait apparu, elle n'avait jamais été signalée.

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L'objet de mon Rapport étant de vous faire un tableau fidèle, succinct et précis de la péripneumonie, je passerai légèrement sur ce qui est du ressort essentiel de la médecine, pour m'appesantir davantage sur les circonstances les plus intéressantes, c'est-à-dire les signes qui la font reconnaître, les causes locales qui la produisent, la contagion qui la propage et l'entretient, et, enfin, je terminerai par quelques mots sur les moyens employés pour la combattre.

De la péripneumonie des bêtes bovines.

» On se demande pourquoi cette affection qui agit épizootiquement avec autant d'intensité, et presque toujours meurtrière sur les bêtes bovines, n'existe-t-elle pas,

avec les mêmes caractères, sur d'autres espèces domestiques, qui, le plus souvent, sont soumises aux mêmes influences? L'organisation interne, toute particulière, du poumon des bêtes à cornes rend bien compte, jusqu'à un certain point, de la fréquence et de la gravité des maladies de poitrine; mais rien ne peut expliquer les caractères différents qu'affecte la péripneumonie dans cette espèce. Des maladies de poitrine, il est vrai, attaquent souvent les chevaux, les moutons, etc.; mais jamais elles ne sont épizootiques, ni contagieuses, et on en triomphe facilement avec un traitement rationel.

» La péripneumonie, examinée sur tout un troupeau, présente ces caractères.

» Comme dans toutes les affections qui sévissent sur un grand nombre d'animaux à la fois, on lui reconnaît trois grandes périodes:

1° Une seule bête est d'abord malade (invasion);

» 2o Après 8 ou 15 jours, elle sévit sur 2 ou 3, puis sur 7 on 8 (violence);

» 3o Enfin, elle finit par se ralentir, n'attaquer de loin en loin, tous les mois par exemple, qu'un ou deux animaux, et enfin disparaître (déclin).

» La malignité de la maladie, ainsi que le nombre de bètes affectées, dépendent beaucoup de la saison et de la nourriture; ordinairement, en hiver et en été, la maladie sévit sur un plus grand nombre; plus l'alimentation est abondante et substantielle, plus cette dernière est grave.

» La durée sur tout un troupeau n'a rien de fixe; elle peut exister 3 mois, un an, ou plus. Les moyens curatifs

et bygiéniques, employés rationellement, la font disparaitre plus promptement.

» Elle ne fait pas plus grace aux jeunes animaux qu'aux adultes et aux vieux ; cependaut elle est plus violente sur les jeunes, sur ceux qui sont très-sanguins.

» Elle se fait remarquer plus souvent sur les vaches lai tières que sur celles soumises à l'engrais.

Siége, nature et durée de la péripneumonie.

» Cette maladie a son siége dans la cavité pectorale. Les organes affectés sont les poumons et la membrane (plèvre), qui tapisse la cavité et enveloppe les organes qui y sont contenus: quelquefois un seul de ces organes est attaqué, mais le plus souvent les poumons et la plèvre en même temps.

» La nature de cette affection est le plus ordinairement une inflammation vive, aiguë, marchant promptement, D'autres fois, la maladie s'annonce lentement, les symptômes sont moins tranchés; elle revêt alors une forme chronique, ce qui a lieu plus rarement.

» La durée varie suivant qu'elle est plus ou moins aiguë, suivant la saison, l'âge, etc.; le plus souvent la maladie parcourt ses périodes de 15 à 30 jours; tantôt la guérison s'obtient au bout de 8 jours; souvent enfin des altérations, dont je vous entretiendrai plus loin, surviennent dans la poitrine et amènent la mort en peu de temps.

Symptômes de la péripneumonie.

Pour procéder avec méthode dans l'énumération des signes à l'aide desquels on reconnait cette maladie sur un

animal qui en est atteint, il faut distinguer trois périodes. bien distinctes, basées sur les changements survenus dans les organes malades,au fur et à mesure que l'affection fait ses progrès :

» 1o Le sang afflue vers le poumon et la plèvre (congestion, début);

2o L'inflammation s'empare de ces organes (état) ; » 3o Enfin, dans cette dernière période, ce sont les diverses terminaisons, soit la résolution ou guérison, soit l'hépatisation du poumon, l'épanchement dans la cavité pectorale, ou enfin le passage à l'état chronique.

» Première période. Lorsque la maladie débute, l'herbager ne s'en doute pas, parce que la bête fonctionne bien; elle mange, rumine, et donne du lait comme dans l'état de santé ; mais le vétérinaire, visitant cet animal scrupuleusement, s'aperçoit de ce début à la rougeur et à l'injection des yeux, à la vitesse de la respiration et de la circulation; l'oreille, appliquée sur les parois de la poitrine, perçoit un bruit plus fort que dans l'état de santé, lequel bruit est occasionné par l'entrée brusque de l'air dans le poumon; l'animal éprouve de la sensibilité lorsqu'on lui percute la poitrine. Après deux à quatre jours, d'autres symptômes apparaissent; c'est à ce moment que l'herbager s'aperçoit que sa bête est malade.

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» Deuxième période. L'appétit et la rumination diminuent d'activité. L'animal ne mange que les aliments qu'il appète le plus, la digestion s'effectue mal, le ventre se météorise. L'herbager, soupçonnant alors une indigestion, administre des remèdes excitants, qui ne servent qu'à exaspérer les symptômes de la péripneumonie.

» Si l'animal est à la pâture, il s'abrite le long des

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