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» Sur ce qui est, en particulier, de l'instruction primaire, deux Mémoires importants ont été soumis à la section.

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Le premier est de M. Cœurderoy; le second, de M. Hubard.

L'un et l'autre partent des mêmes données, les rapports de l'inspecteur des écoles primaires du département, et arrivent au même résultat, la constatation de l'accroissement du nombre des écoles et des enfants qui y reçoivent l'instruction.

"Le Mémoire de M. Cœurderoy, moins étendu que celui de M. Hubard, moins complet, se trouve en réalité contenu, pour sa partie la plus essentielle, dans l'œuvre de ce dernier, dont lecture va vous être donnée.

» M. Cœurderoy a cru aussi devoir éliminer les considérations morales et la possibilité d'améliorations désirables, sur lesquelles M. Hubard s'est, au contraire, appesanti.

» Tout en accordant donc la préférence au Mémoire de ce dernier, la section n'a eu que des éloges à donner au Rapport consciencieux et écrit avec beaucoup de fermeté et de mesure, de M. Cœurderoy; et elle a été d'autant plus empressée à lui rendre cet hommage, qu'elle a appris par M. Combes, qui préside en ce moment l'assemblée, que M. Corurderoy était, il y a très-peu d'années encore, tout-à-fait illettré, ce que le manuscrit par lui produit serait loin de laisser soupçonner.

» En résumé, Messieurs, comme nous l'apprend M. Hubard, sur 144 communes dont se compose l'arrondissement, 34 manquent absolument d'écoles; et, sur les 110 qui en sont pourvues, celles qui ne peuvent être classées

comme bonnes sont au nombre de 65.

» C'est un résultat plus satisfaisant que celui que l'on

pouvait obtenir précédemment, mais dont il n'y a certes pas lieu de s'enorgueillir.

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Une pépinière de bons maîtres existe à l'école normale, et on doit espérer que l'administration supérieure continuant avec la même énergie son action sur les communes point ou mal pourvues, cet état de choses s'améliorera rapidement.

» Avant d'entrer en séance, la section a visité l'école communale de Neufchâtel, tenue par M. Lesueur, et a interrogé les élèves.

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Cet examen lui a laissé toute satisfaction pour ce qui est du maître et des progrès des enfants.

» Mais une salle unique, assez exiguë, et peu heureusement située pour 100 élèves habituellement réunis, n'a pas paru répondre à toutes les conditions d'hygiène désirables.

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Un membre a fait observer que la mauvaise tenue d'une partie des écoles de l'arrondissement venait de l'insuffisance des tournées d'inspections, et qu'il serait à désirer que, dans chaque canton, l'inspecteur eût, au lieu de Comités qui fonctionnent et se réunissent difficilement, un délégué spécial et non rétribué, désigné par l'autorité, qui serait plus à portée de surveiller les instituteurs et dé constater les infractions à leurs devoirs, heureusement rares, qui seraient commises.

. La section a reconnu et déploré unanimement l'insuffisance du salaire des instituteurs, qui met la plupart d'entre eux dans un état de gène voisin de la misère.

› M. Brichet a élevé la question de savoir si l'Etat ne devait pas seul supporter le traitement de l'instituteur. » M. Semichon a fait observer qu'avec le régime

actuel, une certaine partie des enfants pauvres était, dans beaucoup de communes, forcément exclue des écoles, les Conseils municipaux, auxquels il appartient de désigner les enfants qui ont droit à l'instruction gratuite, ne pou vant satisfaire à toutes les demandes qui leur étaient adressées.

» M. Brichet a demandé alors que la section émît le vœu que les rétributions mensuelles et casuelles de l'instituteur soient supprimées; que les instituteurs, comme fonctionnaires publics, soient rétribués par l'Etat d'une manière suffisante, et que l'instruction élémentaire soit donnée gratuitement à tous les enfants pauvres comme riches.

» Si la section tout entière ne s'est pas associée à cẹ væeu, c'est uniquement qu'elle a été arrêtée par la considération de l'importance des dépenses dont une semblable mesure viendrait grossir le budget de l'Etat.

» Mais la section a accueilli, sans hésiter,une autre proposition présentée également par M. Brichet.

» Cette proposition, à laquelle nous avons espéré que votre Commission des vœux donnerait volontiers son agré. ment, est celle-ci :

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Qu'aucun instituteur ne soit admis, à l'avenir, qu'au>> tant qu'il possédera des connaissances exactes sur les >> sciences agricoles; que chacun d'eux soit tenu d'en donner à ses élèves des leçons élémentaires, et que les >> instituteurs actuels qui ne possèdent pas les notions » suffisantes, soient mis en demeure de les acquérir, pour » les répandre dans les campagnes. »

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Après les écoles proprement dites, viennent les établissements d'instruction secondaire.

» L'arrondissement n'en compte qu'un petit nombre, les jeunes gens qui appartiennent à des familles aisées étant placés de préférence aux colléges d'Amiens, de Beauvais, de Rouen surtout.

Indépendamment d'un pensionnat nombreux et bien dirigé, établi à Neufchâtel, nous trouvons à Mesnières, dans le vaste et magnifique château de feu M. le marquis de Biencourt, une institution dirigée par des ecclésiastiques, à la tête desquels était naguères placé M. l'abbé Eude.

>> Cet établissement renferme encore aujourd'hui 43 élèves pensionnaires, qui y font leurs études jusqu'à la seconde inclusivement.

» Les réglements de l'Université sont observés dans la maison.

» La langue anglaise, le dessin linéaire, la musique y sont enseignés.

» Annexée à cette maison, et sous la même direction, existe une école primaire autorisée pour des orphelins, qui sont là recueillis et élevés gratuitement,

Nous ne nous arrêterons pas aujourd'hui à ce qui concerne ces orphelins; nous aurons occasion d'y revenir.

» La petite ville d'Aumale est fière, à juste titre, de son college communal, de création ancienne, mais qui était tout-à-fait déchu et comme abandonné, lorsque l'administration en a été confiée à M. l'abbé Boulen, qui l'a réorganisé et l'a porté à un haut degré de prospérité.

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» L'emplacement de ce collége appartient à la ville, qui a droit d'y faire entrer, moyennant une rétribution très-modérée, un certain nombre d'enfants.

» Le nombre actuel des pensionnaires dépasse 100. Le

cours des études est complet, et assez fort pour que les jeunes gens qui l'ont parcouru avec fruit subissent heureusement les épreuves du baccalauréat ès-lettres.

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L'arrondissement renferme aussi quelques maisons où les jeunes filles des classes plus aisées de la société reçoivent une instruction convenable.

» C'est à Neufchátel seulement que se rencontrent une bibliothèque publique et un musée, si toutefois on peut appliquer ces noms pompeux à des collections, non dépourvues d'intérêt sans doute, mais trop incomplètes et composées d'éléments rassemblés avec trop d'indulgence pour offrir au savant ou à l'artiste des moyens d'étude ou des inspirations fécondantes.

Cependant, Messieurs, cette modeste bibliothèque a déjà plus d'un siècle d'existence.

» En 1720, l'abbé Bridoux légua à la ville tous ses livres, qui étaient, nombreux, et la maison qui les renfermait.

» Des dons successifs vinrent accroître ce dépôt, qui, en 1791, fut transféré à la municipalité et enrichi des débris des abbayes voisines, de Foucarmont, Beaubec, etc. Malheureusement aussi, des commissaires envoyés de Rouen, et travaillant au profit du chef-lieu du département, vinrent, peu de temps après, fouiller et piller ces richesses.

» A cette époque de désordres, une partie des livres fut en outre vendue, et cette vente, comme le triage opéré au profit de la bibliothèque de Rouen, eurent lieu avec tant de précipitation, les soins donnés à la conser. vation de ce qui resta furent si négligents, que la plupart des ouvrages anciens sont aujourd'hui incomplets.

Depuis quelques années, grace aux dons du Gou

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