Page images
PDF
EPUB

parmi lesquels on remarque un oiseau. Tous ces fragments ont d'ailleurs été mutilés par les ouvriers qui construisirent les murailles de la ville, et qui ne pouvaient les y placer commodément sans abattre les ornements et les sculptures dont les saillies gênaient la pose des pierres.

La Société engage M. Vignon à continuer son travail et à dessiner soigneusement toutes les sculptures qui seront découvertes par la suite.

M. Lallier entre dans quelques détails sur l'époque où les murailles de Sens lui paraissent avoir été construites. Elles ne sauraient être antérieures aux invasions des Barbares, puisque les nombreux débris gallo-romains que présente la partie inférieure de ces murs proviennent évidemment d'anciens édifices ruinés dans le cours de ces invasions. D'un autre côté, elles ne sont point postérieures à l'année 355 de l'ère chrétienne, puisque Julien, qui avait alors le commandement des Gaules, ayant été assailli par les Barbares sur le territoire de Sens où il avait pris ses quartiers d'hiver, se renferma dans la ville avec ses troupes, en ferma les portes, fit fortifier la partie faible des murs, selon les propres expressions d'Ammien-Marcellin, et y soutint un siége de trente jours contre une multitude d'ennemis. Les murs de Sens ont donc été construits à la fin du III. siècle ou au commencement du IV. Il faut les rapporter, suivant toute apparence, à Constance Chlore qui, suivant les historiens, aurait, pendant les quatorze années de son gouvernement, rétabli un très-grand nombre de cités détruites par les invasions des hommes du Nord, et repeuplé leurs territoires.

M. de Caumont exprime la pensée que les murs de Sens, ainsi que ceux d'une foule d'autres villes qui sont exactement semblables, doivent avoir été construits par suite d'une mesure générale, et sous l'administration d'un seul prince.

M. de Caumont demande si l'on connaît à Sens l'emplacement des arênes, celui du théâtre, des thermes et autres édifices publics.

L'emplacement des arênes est connu et indiqué: mais il ne reste aucun débris reconnaissable des constructions qui s'y trouvaient. M. l'abbé Chauveau dit que, cependant, il y a quelques années, on y a trouvé des fragments de gradins circulaires.

M. Parent pense que des bains se trouvaient placés entre la porte St.-Didier et la rivière d'Yonne. Lors des travaux exécutés sur la promenade pour l'établissement du chemin, on y a trouvé des ornements et des objets en usage pour les bains, ainsi que des conduits destinés à y amener l'eau. C'est en cet endroit qu'anciennement avait été découverte une mosaïque, dont le dessin est déposé à la bibliothèque de la ville.

M. le président communique au Congrès une cornaline trouvée dans du sable, provenant de la rivière d'Yonne, et qui porte la figure d'un aigle.

M. l'abbé Chauveau lit la 1re. partie d'un mémoire sur la cathédrale de Sens, intitulée: De l'origine de la métropole. M. l'abbé Brullé et M. Gallot, chargés de rédiger un rapport sur l'extérieur de la cathédrale, ne croient pouvoir mieux faire à cet égard, que de renvoyer à l'examen des ouvrages spéciaux où tout ce qui concerne l'architecture de la cathédrale a été soigneusement décrit, et à l'examen du monument lui-même que les membres du Congrès iront visiter.

M. l'abbé Brullé donne seulement quelques détails sur l'iconographie des portails, particulièrement sur celui du nord, dans les voussures duquel M. Victor Petit a parlé. M. Brullé pense que les figures que M. V. Petit a citées sont d'une part, les enfants de Jacob; de l'autre, les douze prophètes. Seulement, aux figures des douze prophètes s'en trouvent jointes d'autres, dont la présence étonne

au premier abord, mais sur lesquelles on lit: Sybilla Cumana, Sybilla Tiburtina. M. l'abbé Brullé pense qu'on peut expliquer la présence des sybilles au milieu des prophètes, à cause des prédictions qui leur étaient attribuées sur la venue du Messie, prédictions qui ne sont que l'expression naturelle de l'attente où était alors le monde entier d'une ère nouvelle et d'un prince qui, comme le dit Virgile, devait ramener sur la terre l'âge d'or.

M. l'abbé Brullé se plaint ensuite de ce qu'on laisse de nombreux amas de matériaux accumulés à l'entrée des portes de la cathédrale. La présence des matériaux cause tous les jours des dégradations regrettables.

M. Lallier rappelle, au sujet des Sybilles, qu'il existe dans une des chapelles latérales du pourtour du chœur un vitrail de Jean Cousin, qui représente la Sybille Tiburtine, annonçant au peuple la venue du Messie. Ce vitrail, presqu'entiè– rement détruit par les projectiles des Cosaques, en 1814, avait été dessiné antérieurement, et se trouve reproduit dans l'ouvrage de M. de Laborde.

M. de Caumont demande ce que signifie un bas-relief auprès du portail de la cathédrale, où l'on reconnaît un cheval. M. Tarbé répond que c'est la statue de Philippe-de-Valois placée en cet endroit par dérision du chapitre.

M. l'abbé Chauveau donne lecture de la seconde partie de son mémoire, où il traite de l'intérieur de la cathédrale.

M. le président annonce pour la soirée une excursion aux ruines du champ de César.

La séance est levée à 5 heures 114.

VISITE DE L'EMPLACEMENT APPELÉ MOTTE DU CIAR.

Le soir, à 7 heures, les membres de la Société française, ayant à leur tête Mgr. l'Archevêque de Sens, M. de Magnitot,

sous-préfet, M. Prou, M. Lallier, et les principaux membres de la Société archéologique de Sens, se sont rendus à l'emplacement appelé Motte-du-Ciar, hors des murs de la ville. M. de Caumont, interrogé sur la nature des ruines, a déclaré immédiatement qu'il n'y pouvait voir l'emplacement d'un camp, et que la forme, l'étendue et diverses circonstances qu'il pourrait plus tard faire connaître le portent à regarder ces ruines comme ayant appartenu à des bains. Les bains de Dioclétien, à Rome, affectent la même forme. Un aqueduc qui a été indiqué comme traversant la rivière d'Yonne pouvait apporter les eaux nécessaires au service des bains. Et ce grand palais aujourd'hui hors la ville devait d'ailleurs en faire partie sous la domination romaine, avant que la population se fût fortifiée ou resserrée dans l'enceinte de murailles que rendirent nécessaires les invasions des Barbares. Un grand nombre de dames avaient pris part à cette excursion qui a présenté beaucoup d'intérêt.

Séance du 2 juin 1847.

Présidence de M. PARENT.

La séance est ouverte à 7 heures du matin, sous la présidence de M. Parent, maire de Sens.

MM. DE CAUMONT, CROSNIER, inspecteur de la Nièvre; de Glanville, inspecteur de la Seine-Inférieure ; DE SOULTRAIT, inspecteur de l'Allier, PERNOT, DE LAPORTE ; l'abbé TRIDON, GAUGAIN, VIGNON, prennent place au bureau. M. CHAPERON remplit les fonctions de secrétaire.

La parole est à M. Lallier pour la lecture du procès-verbal de la dernière réunion.

Plan des constructions Romaines de la Motte du Ciar

et de l'enceinte environnante, an ond de la ville de dens.

apres

les Fouilles et Recherches faites en 1844, 1845 et en 1846.

[blocks in formation]

(Note) Ees lignes accompagnées de hachures indiquent les constructions ecommer
Les lignes sans hachures indiquent leo constructions supposizo d'après les précédentesd

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
« PreviousContinue »