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SÉANCES GÉNÉRALES

TENUES A LIMOGES,

PAR LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE,

LES 20, 21, 22, 23 ET 24 SEPTEMBRE 1847.

Première séance du 20 septembre 1847.

Présidence de M. ALLUAUD afné, ancien maire de Limoges.

Sont présents: MM. DE CAUMONT, directeur de la Société française; Léo DROUYN, inspecteur de la Gironde; Charles DES MOULINS, inspecteur-divisionnaire de Bordeaux; GAUGAIN, trésorier; Félix DE VERNEILH, inspecteur-divisionnaire de Limoges; BROMETT, de la Société archéologique de Londres; MAZARD, maire de Limoges; TEXIER, inspecteur des monuments de la Haute-Vienne; GRELLET-DUMAZEAU, conseiller à la Cour royale de Limoges; ARBELLOT, chanoinehonoraire; le baron DE VERNON, de Limoges; Jules DE VERNEILH, de Nontron; G. BARDY, juge au tribunal civil de Limoges; ARTEIX, SÉNÈQUE, NIVET-FONTAUBERT, BARDINET, Maurice ARDANT, LECOINTRE, DE CROSSAC et LEYMARIE et plusieurs autres membres de la Société française.

M. de Caumont prie M. Alluaud, vice-président de la Société archéologique du Limousin, de présider la séance, et M. Leymarie est prié de remplir les fonctions de secrétaire.

M. de Caumont prend ensuite la parole pour exposer le but de la réunion. Au milieu du mouvement général qui porte, sur tous les points de la France, des hommes studieux à se réunir pour étudier le passé, pour sauver de la ruine les monuments qui existent à la surface du sol, ceux que l'on retrouve nombreux encore dans les archives publiques et particulières, la Société française a été créée pour contribuer à ce mouvement, pour aller chercher des lumières près des diverses Sociétés savantes, pour encourager, autant qu'il est en elle, les études archéologiques et historiques et surtout pour en répandre le goût, le populariser partout où il n'existe pas. La Société française est donc heureuse d'avoir pu se réunir, en 1847, dans une ville aussi ancienne que Limoges, avec le concours d'une Société qui, en quelques mois, a su se faire remarquer par la publication de travaux sérieux, et la création d'un musée déjà remarquable. La Société française remercie la Société archéologique de son excellente et franche hospitalité. Elle remercie Mgr. l'évêque de Limoges d'avoir bien voulu promettre de présider quelques-unes de ses séances; M. le Maire, de l'extrême bienveillance avec laquelle il a accueilli les représentants de la Société française, tout en regrettant de ne pouvoir témoigner aussi à M. le Préfet, absent en ce moment, au nom de la science, toute la reconnaissance de la Société française pour l'impulsion qu'il a donnée aux études historiques dans ce département.

M. Alluaud prend ensuite la parole, et dans quelques mots vivement sentis, exprime le regret de n'avoir pu prévoir l'honneur qu'on lui fait de l'appeler à présider la Société française; il aurait cherché à se rendre plus digne de cet honneur qu'il ne peut vraiment pas accepter, en présence de M. de Caumont, à qui la science archéologique doit tant, lui qui ne s'est guère mêlé à l'étude de l'antiquité que par

l'histoire des arts. Il prie donc M. de Caumont de vouloir bien reprendre le fauteuil, qu'il occupera beaucoup mieux que lui.

M. de Caumont remercie M. Alluaud de l'opinion flatteuse qu'il vient d'exprimer sur son compte, mais la réunion ne saurait être mieux présidée que par lui; il est heureux de lui faire hommage du fauteuil au nom de la Société.

M. de Caumont présente ensuite plusieurs ouvrages pour être déposés soit dans les archives de la Société, soit à la bibliothèque publique.

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Il propose la nomination de deux commissions qui auront à s'occuper la première, de la distribution des fonds dont la Société française peut disposer pour la conservation des monuments historiques du département; la seconde, de formuler des vœux dans l'intérêt de la science et au point de vue de l'art.

L'assemblée adopte cette double proposition, ainsi que les commissaires désignés : ce sont, pour la commission des fonds, MM. Alluaud, Texier, de Vernon, de Verneilh, Arbellot, et Fayette; pour celle des vœux, MM. Des Moulins, de Verneilh, Texier, G. Bardy et Leymarie.

L'assemblée décide en outre qu'elle tiendra deux séances par jour, pendant l'intervalle desquelles des visites seront faites aux divers monuments que renferme la ville de Limoges ; la séance du matin s'ouvrira à 8 heures, celle du soir aura lieu à 2 heures 172.

Les travaux auront lieu en suivant l'ordre du programme ordinaire arrêté par la Société française.

L'assemblée passe immédiatement à l'examen de la première question du programme, relative à l'existence des monuments druidiques dans le département.

La Statistique de la Haute-Vienne, publiée en 1807, l'Essai sur la Senatorerie de Limoges de M. Duroux, et la

Description des monuments de la Haute-Vienne, par M. Allou, mentionnent différents monuments de cette époque, mais les indications qu'ils donnent sont peu précises et présentent beaucoup d'erreurs : l'étude des monuments druidiques est pour ainsi dire tout entière à faire.

M. l'abbé Texier dit que les monuments druidiques, trèsnombreux, de la Creuse, ont été décrits dans un ouvrage élémentaire; il entre dans quelques détails sur ces monuments et en cite plus particulièrement un très-remarquable qui, placé au sommet d'une montagne, est connu dans le pays sous le nom de la chaise du diable.

M. l'abbé Arbellot signale l'existence de plusieurs autres monuments druidiques dans le département de la HauteVienne; il y en a un à Cognac qui lui a paru remarquable; un autre, que personne n'a encore remarqué, se trouve près de Sauvin; c'est aujourd'hui un demi-dolmen.

M. de Caumont demande si des sculptures ont été découvertes sur les dolmens connus dans le département du Morbihan. Il y a en Bretagne des monuments de ce genre sur lesquels on remarque des feuilles de laurier en relief, parfaitement distinctes.

En Limousin, les dolmens ne portent ni empreintes ni sculptures de ce genre.

M. Alluaud fait remarquer que souvent, en Limousin du moins, on a pris pour des pierres levées, des roches en granit qui, se trouvant dans un gisement de pierres tendres, sont restées suspendues sur quelques appuis lorsque l'action du temps ou le travail des hommes a fait disparaître la couche de pierre tendre sur laquelle ces pierres reposaient.

2. question. Eriste-t-il des tumulus dans le département? A-t-on trouvé dans l'intérieur de ceux qui ont pu être explorés des vases en terre ou en verre ?

Des explications données par M. de Vernon et par plusieurs

autres membres, il résulte que les monuments de ce genre observés jusqu'à ce jour dans le département, sont romains. Du reste, des haches en silex ont été découvertes; le musée en possède plusieurs ; mais toutes sont polies et aucune ne présente les sculptures grossières que MM. Bromett et Charles Des Moulins ont observées sur des monuments de cette espèce.

Une observation de M. le Maire amène une assez longue digression sur la confusion qui pourrait être faite entre certains travaux militaires et les tumulus.

M. Bardy appelle l'attention de l'assemblée sur diverses éminences qu'il a observées dans la commune de Rilhaclastours qu'il ne qualifie pas, mais qui méritent d'être examinées. La Société archéologique est invitée à s'en

occuper.

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3o. Question. A-t-il été trouvé des médailles celtiques ? On en a découvert un assez grand nombre parmi lesquelles quelques-unes portent le mot rita, dans lequel M. Des Moulins a cru voir le nom de Limoges. M. Maurice Ardant entre dans quelques détails sur ces monnaies.

a

M. de Caumont fait remarquer qu'en France on trouvé très-peu d'objets manufacturés dans les tumulus; il en est différemment en Angleterre. M. Bromett confirme ce fait et cite des roues de charriot découvertes dans des tumulus celtiques.

GÉOGRAPHIE ROMAINE.

M. de Caumont poursuit l'enquête sur les antiquités gallo-romaines.

1re. Question. A-t-on déterminé le tracé des voies romaines dans le département?

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