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Enfin, il est peu probable que les Sénonais eussent élévé un monument d'adulation à un homme dans la disgrâce et presqu'exilé, comme l'était Tibère.

Mais ces objections ne peuvent être faites contre Caius César, fils de Julie et d'Agrippa. Il appartenait, par le sang, à la famille d'Auguste, par qui il fut adopté avec son frère Lucius; il était donc petit-fils de Jules. Elevé au sacerdoce (pontifex), il fut consul en exercice, l'an 752, à l'âge de 21 ans environ. Avant d'aller gouverner l'Orient, il avait commencé dans les Gaules, où l'on voit encore de nos jours plusieurs monuments consacrés à sa mémoire. Il a été décoré du titre d'Imperator; enfin, la qualification de prince de la Jeunesse est pour lui, comme pour son frère, d'une notoriété générale.

M. Lallier répond qu'aucun historien, aucun monument connu, ne font mention du titre d'imperator qui aurait été décerné à Caius César. Ce prince mourut très-jeune, après une courte campagne en Orient, et il est hors de doute qu'il n'a jamais reçu ce titre si envié et dont les Romains étaient si avares. L'inscription de Sens où le titre imperator figure parmi ceux que porte le prince en l'honneur de qui elle a été gravée, ne peut donc dès-lors s'appliquer à Caius César.

Quant à Tibère, qu'il ait administré la Gaule en l'an de Rome 731, qu'il ait fait la guerre de Rhétie en 732 ou 733, qu'il ne fût alors ni consul, ni imperator, il importe fort peu, puisque ce n'est point à ces époques que se rapporte l'inscription qui lui est attribuée, mais bien à l'année 745 de Rome, année dans laquelle Tibère, qui avait été consul pour la première fois quatre ans auparavant, qui n'était point encore investi de la puissance tribunitienne, et pour qui ne se préparaient encore ni la disgrâce ni l'exil, venait, à la suite d'une campagne nouvelle en Germanie, de recevoir le titre d'Imperator.

Ni Tacite ni Suétone ne disent, il est vrai, que Tibère ait été appelé Prince de La Jeunesse : mais on ne peut pas conclure de leur silence qu'il n'a jamais porté ce titre, surtout en présence de l'inscription citée par Orelly, et dont rien ne permet de contester l'authenticité. Il ne suffit pas, pour récuser le témoignage d'un semblable monument, de déclarer que son authenticité peut-être douteuse. Cette inscription mérite de n'être pas traitée légèrement, car elle tranche des difficultés importantes, en ce qu'elle donne à Tibère, d'abord le titre de Prince de La Jeunesse, ensuite les nomina Imperatoria, qui ne paraissent pas pouvoir être autre chose que le nom de César, joint au titre de fils d'Auguste, petit-fils de Jules.

Les objections faites à l'interprétation présentée n'ont donc rien de sérieux. Elle doit subsister.

M. de Leutre répond que l'examen seul des curies des consuls démontre la thèse qu'il soutient.

M. Lallier continue la lecture de son rapport sur les inscriptions de Sens.

La séance est levée à 9 heures 1[2.

VISITE DES MURAILLES ROMAINES.

Présidence de M. DE CAUMONT.

Le même jour, de midi à 2 heures, la Société a examiné les murailles romaines de Sens; elle a vu avec le plus grand intérêt cette enceinte, que malheureusement on détruit chaque jour, et qui se compose, comme dans les villes du Mans, de Tours, de Beauvais, et d'une grande quantité d'autres villes, etc., dans la partie inférieure, de grosses pierres provenant de somptueux édifices de la ville galloromaine, et dans la partie supérieure, d'un petit appareil régulier avec des chaînes de briques.

Elle a regretté la destruction de ces murs si complets il y a quelques années, et a demandé que les parties les plus intéressantes fussent rachetées par la ville et conservées.

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Les nombreux débris de pierres sculptées provenant de la partie basse des murs et dont la promenade de Sens est cou

SPECIMEN DES MURAILLES ANTIQUES DE SENS.

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