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minerai exploitable dans toutes les contrées où l'on a trouvé ces scories, quoique la terre soit colorée de traces ferrugineuses. Au lieu de transporter, comme maintenant, le combustible là où se trouve le minerai, amenait-on donc le minerai au milieu des forêts donnant le combustible ? On est bien forcé de le croire. Mais d'où venait la nécessité de ce choix de transport, qui ne devait pas être le plus économique?

On a dit que ces buttes de mâchefer, ou ces ferriers peuvent remonter à l'ère celtique. En effet, les commentaires de César en signalent l'existence dans les Gaules avant sa conquête.

M. de Caumont pose des questions sur les aqueducs qui peuvent avoir existé aux environs de Sens.

A-t-on reconnu près de Sens des aqueducs romains? Peuton donner des détails sur leur direction et leur construction? Ont-ils été plus ou moins complètement étudiés ?

Il reste encore bien des études à faire sur les aqueducs romains des environs de Sens. La Société archéologique s'en est préoccupée, mais le défaut de temps et d'argent n'a pas permis de pousser activement les explorations sur ce sujet si intéressant.

MM. Lallier et de Canchy ont visité le plus intéressant de ces aqueducs; celui qui amenait à Sens l'eau de la fontaine St.-Philbert, laquelle se jette maintenant dans la rivière de Vanne entre Theil et Pont-sur-Vanne, à 13 ou 14 kilomètres de Sens. Ces Messieurs, en quittant la route de Sens à Troyes par le chemin qui mène à Malay-le-Vicomte, ont trouvé une ouverture qui leur a permis de pénétrer dans cet aqueduc. Les premières assises des pieds-droits, jusqu'à 0m. 45 de hauteur, sont en pierres de taille; au-dessus, la construction est en petits matériaux d'une épaisseur de 0". 50, enduite en

dedans d'un excellent mortier; la voûte est de même construction, son épaisseur à la clef est de 0m. 35; on y reconnaît sur l'enduit les traces longitudinales de 5 planches qui ont servi de cintre pour la construire. La hauteur de l'ouverture sous clef est de 1". 30, la largeur de 0m. 60.

La direction suivant la rivière de Vanne, entre sa rive gauche et le coteau, est extrêmement sinueuse; vers Malay on en retrouve les traces près de la Vanne qu'il traversait sur une seule arche dont on voit les débris ; un dessin de cette arche a été fait par M. Victor Petit, Dans le village même, l'aqueduc se retrouve dans un four qui y a été enclavé.

Non loin de Malay, sur cet aqueduc s'en embranche un autre de construction très-postérieure, dont l'objet paraît avoir été d'en dériver une partie des eaux, pour l'usage d'un monastère, alors situé près de la Houssaye.

M. de Magnitot signale dans le bassin de la belle fontaine de Noé, un mur romain qui partage cette fontaine en deux et devait servir à supporter cet aqueduc.

Le plan exact et détaillé en reste à faire. M. de Caumont recommande cet important travail. On annonce pourtant qu'il existe un plan qui a été adressé au Ministre de l'Intérieur par M. Amé, ancien conducteur des ponts-et-chaussées.

Un autre très-petit aqueduc a été reconnu dans les déblais, pour le chemin de fer, entre Paron et Gron, à 3 kilomètres en amont de Sens, sur la rive gauche de l'Yonne; on a aussi trouvé un petit conduit en tuiles ou briques romaines, paraissant dériver de cet aqueduc.

Après l'étude des aqueducs proprement dits, vient naturellement celle des cloaques ou aqueducs d'égout. Il doit y en avoir à Sens; l'étude en a-t-elle été faite?

Dans la ruelle aux Loups, au sud de Sens, il a été trouvé, il y a deux ans environ, en creusant un puits, un aqueduc à environ 2 mètres sous le sol, paraissant aller dans la direction

du sud-sud-est au nord-nord-ouest. L'étude détaillée n'en a pu être faite alors; quelques fouilles le feraient facilement retrouver. On n'a pu encore les entreprendre faute de fonds et de loisir.

Un autre aqueduc souterrain ou cloaque aurait été reconnu dans le faubourg St.-Savinien, puis en plusieurs maisons de la grande rue allant de l'est à l'ouest, parallèlement à cette rue pour déboucher dans l'Yonne. Une commission a été nommée pour l'étudier, ainsi que les autres qui pouvaient exister dans la ville. Elle n'a pu encore s'occuper de ce travail qui présente, du reste; de grandes difficultés, exige une étude longue et minutieuse, et ne peut manquer, pour conduire à des résultats satisfaisants, d'entraîner quelques dépenses.

La séance est levée à 4 heures. Une autre séance est indiquée pour le lendemain, à 7 heures du matin. On y continuera l'étude des monuments gallo-romains.

Le Secrétaire,

VIGNON.

PROMENADE ARCHÉOLOGIQUE.

Le 31 mai, à 7 heures du soir, la Société s'est transportée à 1 kilomètre de la ville, sur le coteau bordant la rive gauche de l'Yonne, où deux éminences en terre, dites les Tombelles de Saint-Martin, ont été ouvertes, il y a quelques mois, par les soins de la Société archéologique de Sens: Mgr. l'archevêque a bien voulu diriger la Compagnie dans cette promenade. M. Prou a donné sur place les explications les plus détaillées sur la marche des travaux et les faits qu'ils ont révélés.

Première séance du Mardi 1er. Juin.

Présidence de M. PROU, président de la Société archéologique de Sens.

La séance s'ouvre à 7 heures et demie du matin, sous la présidence de M. Prou, invité par M. de Caumont à occuper le fauteuil.

MM. DE CAUMONT, l'abbé TRIDON, l'abbé Crosnier, de LA PORTE, DE SOULTRAIT, DE FONTENAY, Devoucoux, L. GAUGAIN, DẸ GLANVILLE, LALLIER, qui doit remplir les fonctions de secrétaire, siègent au bureau.

M. Vignon lit le procès-verbal de la dernière séance. Ce procès-verbal est adopté.

M. de Caumont communique au Congrès plusieurs lettres de différents archéologues qui envoient leur adhésion.

M. le directeur remet ensuite sur le bureau: 1°. Six exemplaires d'un mémoire de M. Biseul, membre de la Société française, sur les voies romaines de la Bretagne, pour être distribués à ceux des membres du Congrès que cette question préoccupe, particulièrement aux membres de la commission nommée par la Société archéologique de Sens pour cette recherche ;

2o. Promenades archéologiques dans l'arrondissement de Caen, par M. de Caumont ;

3o. Notice sur les tombeaux et les cryptes de Jouarre, par le même ;

4°. Trois exemplaires d'une brochure intitulée: Coup-d'œil général sur le Congrès de Marseille, session de 1846, par M. Richelet;

5o. Deux exemplaires d'une brochure sur le moyen d'établir une prononciation uniforme; par M. Menard-Bournichon, du Mans.

M. l'abbé Tridon offre à la Société française: 1o. un exemplaire de sa notice archéologique et pittoresque sur Châtillonsur-Seine ;

2o. Ses notices sur trois églises de Troyes, présentées au Congrès de Reims.

M. de Caumont fait observer que tous ces ouvrages devront, suivant l'usage constant de la Société française, être déposés à la bibliothèque de la ville où se tient le Congrès.

Il donne ensuite communication d'une circulaire adressée à la Société française, de la part du comité archéologique de Troyes, et relative à la construction d'une chapelle au petit séminaire de Troyes. C'est une invitation à souscrire pour l'érection de ce monument.

M. Lallier lit une lettre de M. Pernot, membre de la Société française, qui offre au Congrès le dessin d'un monument trèsancien, situé sur les confins de la Champagne, dans le voisinage de la Lorraine, et appelé la Haute-Borne. C'est un menhir de 8 mètres d'élévation qui, renversé par une tempête, il y a 80 ans, vient d'être relevé par les soins de M. Romieu, ancien préfet de la Haute-Marne.

M. Pernot communique ensuite au Congrès plusieurs dessins des tombelles qui ont été visitées la veille, au soir, par le Congrès.

M. de Canchy, au nom de M. Lavernade absent, communique au Congrès le travail dont il a été question à la précédente séance, et où l'auteur entre dans de nombreux et intéressants détails sur la direction et l'état des voies romaines qui aboutissaient à Sens, et en particulier sur la voie de Sens à Orléans, qu'il a spécialement étudiée.

A cette voie, après sa sortie de Sens, et au moment où elle atteint le sommet de St.-Martin-du-Tertre, se rattache un embranchement très-court, qui paraît n'avoir eu d'autre but, suivant M. de Lavernade, que de conduire aux tombelles et au camp qui, sans doute, les accompagnait.

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