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Sur la demande de M. de Caumont, M. l'abbé Chauveau rend compte à la Société de plusieurs fragments qui lui ont été communiqués, au commencement de la session, de la part de M. Bromett, de Londres, comme pouvant être de quelque utilité pour l'histoire des archevêques de Sens.

1o. La table des matières d'un ouvrage intitulé: De gestis Senoniensis ecclesiæ libri quinque, authore fratre Richiero, monacho ejusdem Senoniensis ecclesia. M. l'abbé Chauveau fait remarquer que cet ouvrage ne peut être d'aucune utilité pour l'histoire des archevêques de Sens, puisqu'on n'y trouve pas un seul nom des prélats qui ont gouverné cette église. D'ailleurs, si on a pu être trompé par la similitude des con sonnances Senonensis et Senanensis. des recherches l'ont convaincu qu'il ne s'agit point dans cet ouvrage de l'église de Sens, mais de l'abbaye de Sénones dans les Vosges. En effet, Dom Richier, auteur de ce travail, prieur claustral de Sénones, de l'ordre de saint Benoît, vivait en 1245, selon les Antiquités des Vosges, partie 1, liv. IV, chap. I.

2o. Un fragment de la vie de saint Thomas de Cantorbéry. Ce fragment écrit en latin et assez purement, semble être peu de chose et ne renferme qu'une circonstance de la vie du saint. L'auteur la fait ressortir longuement, parce qu'elle présente quelque rapport avec une particularité de la mort du Sauveur des hommes : les habits du Christ furent partagés par les soldats qui l'avaient crucifié, et les vêtements du saint archevêque furent aussi partagés par ses meurtriers.

3o. Une hymne en l'honneur de saint Thomas de Cantorbéry. Hymnus de sancto Thomâ. M. Chauveau pense que le mot d'Hymne ne doit pas être pris ici dans le sens ordinaire, mais que la pièce qui lui a été communiquée devrait plutôt être appelée Prose, comme nous disons maintenant, ou

Sequence, Sequentia, comme l'on disait autrefois. L'hymne se chante à chacune des heures de l'office divin, la prose se chante à la messe après le graduel. Ce qui porte M. Chauveau à penser ainsi, c'est la composition même du morceau, son rythme et la modulation qu'il peut recevoir. Il n'a point connaissance d'hymnes dont chaque strophe se compose de trois vers seulement, dont le dernier rime avec le dernier vers de la strophe suivante, de deux en deux; beaucoup de proses au contraire se présentent de cette manière.

M. Pignon demande quelle est l'opinion de la Société française sur le résultat des recherches faites aux tombelles de St.-Martin-du-Tertre. M. de Caumont répond que le plus grand intérêt s'attache à ces fouilles; que la Société française les a vues avec plaisir; qu'étranger et passant, il n'oserait prononcer sur la destination des tombelles et sur le résultat des fouilles qui y seraient faites.

M. Déligand aîné demande si M. Tarbé connaît le nom de l'auteur du monument funèbre de Vallery. M. Tarbé se rappelle avoir lu quelque part qu'on doit l'attribuer à un nommé Michel Anguay.

M. l'abbé Brullé expose qu'en conséquence des questions posées par la Société française à la Société archéologique de Sens, une commission spéciale s'est empressée de faire des recherches sur les émaux, calices, croix et encensoirs anciens. Il en a fait tirer les dessins qu'ils dépose sur le bureau.

M. de Caumont fait l'analyse des travaux de la session qui va se terminer. Il exprime le désir que la Société archéologique puisse faire pour l'architecture militaire ce qu'elle a entrepris pour l'architecture religieuse et civile. L'architecture militaire a subi au XIIIe siècle les mêmes modifications que l'architecture religieuse. Jusqu'à cette époque, le type roman

se présentait dans la tour carrée du donjon. Quand l'ogive parut, on admit la forme cylindrique. Il eût été curieux d'étudier une question dont le résultat aurait amené à savoir précisément à quelle époque le donjon cylindrique fut substitué à la tour carrée. L'étude de l'architecture militaire est à peine commencée; elle est intéressante et tout-à-fait digne de la Société archéologique de Sens.

Il désirerait que, dans une ville d'origine gallo-romaine et aussi importante que l'était Sens, on s'occupât de rechercher l'emplacement du forum, dont la position une fois connue amènerait à connaître celle du théâtre. Il voudrait que l'on pût déterminer la situation des temples et des autres monuments publics de la ville gallo-romaine.

L'exploration des caves pourrait aussi conduire à des résultats intéressants pour la science archéologique.

Un autre travail non moins intéressant et du plus haut

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intérêt serait d'entreprendre la Statistique monumentale du pays; elle devrait être accompagnée de dessins exacts.

La gravure sur bois, a-t-il dit, peut être employée avec

avantage pour ce genre de publication: une modeste église de campagne n'exige pas une planche bien grande pour être reproduite fidèlement; à plus forte raison, quand on ne trouve dans un édifice qu'un fragment qui mérite d'être figuré, comme une moulure, une fenêtre, des modillons, faut-il peu de place; ces petites esquisses, en se plaçant dans le texte, animent les descriptions, les font lire avec plus d'intérêt, et la gravure sur bois seule permet l'intercallation des planches dans le texte.

Telle petite maison, celle

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ci par exemple qui, dessinée dans un grand format, aurait

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peu d'intérêt, en acquiert beaucoup quand on la reproduit sans prétention dans la courte description qu'on y consacre. Or, les constructions du XVI. et du XVII. siècles ont un intérêt relatif; dans une campagne où avec l'église elles

forment tout ce qu'il y a d'antérieur au XVIII. siècle, il sera bon de les signaler, lorsque dans une ville on les regarderait à peine.

Enfin, M. de Caumont remercie la Société du concours bienveillant que tous les archéologues de Sens ont apporté au Congrès; il exprime sa reconnaissance à M. le Sous-Préfet et à M. le Maire ; il émet le vœu de retrouver dans les autres Congrès et particulièrement au Congrès de Tours, qui doit s'ouvrir le premier septembre, un grand nombre des membres de la réunion archéologique de Sens.

M. Lallier prend la parole et s'exprime ainsi :

MESSIEURS,

Après six jours d'une session laborieuse et pleine d'intérêt, l'heure est venue de clore les travaux du Congrès de la Société française à Sens. C'est malheureusement aussi l'heure de la séparation. Veuillez me permettre, au nom de la Société archéologique, d'exprimer ici en peu de mots quelles impressions nous laissent ces réunions fraternelles, et de vous faire part de nos sentiments et de nos espérances.

S'il eût été nécessaire de nous démontrer combien sont utiles et opportunes les études en commun, surtout les études archéologiques, cette session nous eût, à cet égard, complètement convaincus. Jamais, pour ma part, je n'ai mieux senti que pendant les jours qui viennent de s'écouler, jours si bien remplis, quel charme se trouve dans ces communications paisibles des intelligences, réunies pour admirer ensemble tant d'œuvres de l'art, si diverses dans leur commune beauté.

Pour peu qu'on repasse dans son souvenir la suite de nos séances, et que l'on se reporte à l'état actuel des esprits au-dehors, il est d'ailleurs facile de s'expliquer la for

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